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  • Crédit: Mathieu Dupuis

Coureurs ultra du Québec : les 4 Fantastiques

C’est mathématique, plus il y a de course à pied au Québec, plus les Québécois peuvent progresser et performer à un très bon niveau. En voici quatre qui s’illustrent sur la scène provinciale et nationale et qui pourraient bientôt s’inviter à la table de l’élite mondiale.

Jeff Gosselin et Florent Bouguin

Ligne d’arrivée de l’Ultra-Trail Harricana Chalervoix, le 13 septembre 2014. Deux hommes sont au coude à coude pour remporter les 80 km : Jeff Gosselin et Florent Bouguin. Pourtant, aucun ne sprinte. Les deux coureurs franchissent l’arrivée main dans la main et sont classés premiers ex aequo. Rien d’étonnant à cela, ce sont de très bons amis. « C’est un souvenir très intense. On a couru côte à côte pendant 7 h 30, à s’aider et s’encourager », confie Florent Bouguin. « Peu importe le résultat, on voulait finir ensemble. L’aventure humaine est toujours plus intéressante que la position finale. Pendant cette course, on était juste deux gamins qui jouaient dans le bois », explique Jeff Gosselin. Deux copains unis par la passion de la course, malgré un style qui les oppose. « On nous compare à la Belle et la Bête, mais je ne dirais pas qui est qui! » plaisante Florent, avec son allure d’ermite, sa longue barbe et ses cheveux longs alors que Jeff est chauve et imberbe.

À 29 ans, Jeff (pour Jean-François) Gosselin, enseignant en éducation physique, en est déjà à sa dixième année de course. « Cela fait 4 ans que je me concentre totalement sur la course », nuance-t-il. Celui qui en parle le mieux, c’est évidemment Florent : « Il est un bien meilleur athlète que moi. Il s’entraîne depuis des années. Il est beau à voir courir. Techniquement, il est au top ».

L’un de ses objectifs de 2015 est le 80 km du Mont-Blanc, à Chamonix (France). Mais, loin des foules et des courses chronométrées, il veut aussi en profiter pour courir en montagne. « Je veux réaliser la traversée des montagnes Blanches, la Presidential Traverse, au-dessus de 4 000 pieds, en moins de 5 h 15 ».

L’humilité de l’homme tranche avec le palmarès du coureur. Étonnamment, il dit qu’il n’est « pas là pour performer ». C’est pourtant ce qu’il a fait au niveau provincial et national : vainqueur du demi-marathon de Sherbrooke, vice-champion canadien de course en montagne, troisième de l’édition 2013 du North Face Endurance Challenge New York (Bear Moutain, 50 miles)... « Quand tu cours dans la nature, il n’y a plus rien qui compte. J’aimerais devenir un ambassadeur de mon sport, transmettre cette passion qui m’anime. Le rêve serait de pouvoir vivre de cette passion, faire des conférences, courir une saison en Europe, le paradis des coureurs de sentier ».

Crédit: Mathieu Dupuis

Pour Florent Bouguin, c’est surtout une très belle histoire, une trajectoire de vie à l’image du trail, tortueuse mais passionnante. Né sur l’île de la Réunion, il immigre au Québec à 25 ans en 2000 pour réaliser un doctorat en physique à l’Université Laval, puis devient ingénieur. « Je devais rester au Québec que 3 ans, mais j’y suis depuis 15 ans! J’ai eu la chance de rencontrer une belle Québécoise et d’avoir deux enfants ». S’il a toujours été actif, « un bon sportif, un gars de plein air depuis tout petit », faisant des expéditions de canot avec sa famille, également membre de la Patrouille canadienne de ski; sa passion pour la course en sentier, elle, est toute récente. En 2011, alors qu’il est en vacances sur sa terre natale de la Réunion, il découvre le trail et se lance un défi : courir la Diagonale des Fous (168 km), pour ses 40 ans.

Avec un tel objectif, il met en place son plan de match pour y arriver : commencer par 10 km (Québec Mega Trail), puis augmenter progressivement la distance. Quatre ans plus tard, le résident de Québec a fait du chemin. Fin 2014, il se classe 2e de la TransMartinique (138 km, 5 600 m de dénivelé positif et un climat tropical). Début mars, il termine la Transgrancanaria à la 15e place, une course où l’élite mondiale était représentée. « Quand j’ai commencé l’ultra-trail, j’avais confiance en mes chances de finir les courses. De là à imaginer la possibilité d’être parmi les meilleurs coureurs mondiaux, c’est incroyable! » Le 22 octobre 2015, il s’alignera au départ de la Diagonale, comme il se l’était promis quatre ans auparavant. Et devinez avec qui il va courir cette course? Jeff Gosselin, bien sûr!

Crédit: Mathieu DupuisRachel Paquette

Au Québec, il n’y a pas que Mylène Paquette qui fasse parler d’elle. Rachel Paquette, une coureuse de trail et d’ultra-trail est en pleine ascension dans le sport. Si elles n’évoluent pas dans le même domaine, elles partagent une passion pour le plein air ainsi qu’une bonne humeur et un rire communicatifs. « Je tripe sur la course en montagne, explique la Victoriavilloise de 27 ans. Cette proximité avec la nature, cette simplicité du sport qui ne demande pas d’être une championne pour l’apprécier. La course, c’est comme aller à l’église. C’est très méditatif ».

Cette passion lui réussit plutôt bien et ses performances sont là pour en témoigner aussi bien sur la route (3e place chez les femmes au Marathon des Deux-Rives en 2008), en sentier (vainqueur du 65 km de l’Ultra-Trail Harricana Charlevoix, UTHC, en 2013) qu’en course à obstacles (8e femme au niveau mondial).

Mais sa préférence revient au trail, elle qui court environ trois ultras par an. La preuve avec son meilleur souvenir de course : la Canadian Death Race (125 km) en 2012 où elle est allée puiser dans ses ressources physiques pour décrocher une excellente troisième place. Elle raconte : « La nuit tombait, j’étais déshydratée. Je n’avais pas bu depuis plus de 2 heures. J’ai pensé à abandonner. Heureusement, je suis arrivée au ravitaillement. J’y ai retrouvé un ami, Benoît Beaupré, qui m’attendait. Il m’a aidé à continuer malgré tout pour finir sur le podium. Ce fut un moment très fort. J’ai braillé comme un bébé! C’est un exemple de ce qu’est le trail. Un sport fraternel, solidaire, avec une communauté de passionnés très soudés ».

C’est donc tout naturellement qu’elle se voit continuer à courir dans les prochaines années, au rythme soutenu de quinze à vingt épreuves par an, avec plusieurs objectifs bien précis en tête : « Je veux retourner sur l’UTMB (Ultra-Trail du Mont-Blanc), courir les 125 km de l’UTHC. Je vise aussi le podium au Championnat du monde de course à obstacles (Spartan Race). Je ne pense toutefois pas qu’il y ait une carrière à faire. Je veux que cela reste une passion. Professionnellement, je veux devenir ostéopathe pour sportifs ». De quoi bien remplir ses semaines et de nombreuses fins de semaine.

Sarah Bergeron Larouche

C’est la recrue de la bande, la petite nouvelle dans l’ultra. Malgré 3 ans de trail dans les jambes, Sarah Bergeron Larouche, 27 ans, n’avait jamais couru une distance plus longue qu’un marathon. Avant 2015, son terrain de jeu était le semi-marathon, un royaume où elle s’est forgé un solide palmarès. « J’ai pratiquement tout gagné sur cette distance. Je voulais pousser le challenge sur de plus longues distances. J’aime les entraînements plus longs, plus intenses. J’ai l’impression que mon corps y répond très bien ».

Même quand son corps lui fait défaut, elle réussit à se surpasser. En 2014, elle remporte les 21 km XC La Vallée (Saint-Raymond) alors qu’elle s’était fait opérer deux jours auparavant, à cause de pierres dans le foie. « J’ai frappé un mur après 5 km de course. J’étais à terre... Certains m’ont dit que c’était la première fois qu’ils me voyaient courir sans le sourire. Mais j’ai quand même gagné! »

Crédit: Sarah Bergeron Larouche
Sarah Bergeron Larouche © Courtoisie

En 2015, elle visera les courses de 50 km, avec son premier saut dans le grand bain, début mai, à Bear Mountain (New York), tout en s’alignant également sur des distances plus courtes au Québec. « Je ne veux pas me lancer trop vite dans l’ultra, confie-t-elle, prudente. Le but est de progresser par étapes et d’arriver chaque fois bien préparée pour éviter les blessures ».

Auréolée d’une belle réputation dans le monde du trail et du cross-country au Québec, avec, en plus, un titre de championne du monde de courses en raquettes (10 km) acquis en janvier dernier, l’étudiante en chiropractie à Trois-Rivières ne semble pas du tout stressée par l’enjeu et la pression : « L’esprit du trail, c’est avant tout le plaisir de s’amuser en courant dans la nature. C’est agréable de sentir que l’on suscite l’attente de certains. Cela me motive encore plus ».

Ses objectifs pour l’avenir? Participer à des courses internationales pour se mesurer à l’élite mondiale, notamment sur le circuit du Skyrunner World Series. Si elle envisage même de courir des épreuves en Europe, le temps d’un été, en 2016, sa priorité reste ses études universitaires. « La chiropractie et la course en sentier sont mes deux passions. Même si je préfère m'entraîner en montagne plutôt qu’être assise sur les bancs de l’école, j'aime aussi apprendre mon futur métier. Je suis convaincue que je serais comblée en devenant une professionnelle de la santé ». Un esprit sain dans un corps sain!

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