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  • Hélène Dumais sur les crêtes d'Hawaï © Liz Barney
  • Hélène Dumais lors de son aventure à Hawaï © Liz Barney
  • Hélène Dumais lors de son aventure à Hawaï © Liz Barney
  • Hélène Dumais, l'aventurière © Liz Barney
  • Hélène Dumais lors d'une course d'aventure
  • Hélène Dumais à la Survival Run Australia © Ondrej Garaj

Hélène Dumais, coureuse d’exception

Aventurière, coureuse en sentier, athlète d’endurance, coach, massothérapeute, conférencière. C’est peu dire que la vie d’Hélène Dumais, Québécoise de 36 ans expatriée à Washington, tourne autour du sport et du dépassement de soi. Et en 2016, elle a atteint les sommets en devenant la première femme à traverser les monts Ko’olau à Hawaï par ses crêtes.

Comment définiriez-vous votre pratique de l’aventure?

Je porte plusieurs casquettes. En 2014, je me suis fait connaître en accomplissant 26 courses à obstacles au Canada, aux États-Unis et en France, et en montant 18 fois sur le podium. Dès lors, on m’a associée à ce sport, mais je fais plus que ça : de la course en sentier et des courses d’endurance en pleine autonomie, qui s’apparentent à de petites expéditions. Au fond de mon cœur, je sens que je suis une aventurière et je ne ferais que ça si je pouvais, mais c’est très complexe et cela prend beaucoup de temps et de ressources.

Quel type de sport vous correspond le plus?

Les événements d’ultradistance en pleine autonomie. Je viens d’en terminer un en Angleterre, la Spine Race (268 miles, environ 430 km). Cela requiert des capacités athlétiques, mais aussi mentales et logistiques, de même que certaines aptitudes, comme savoir s’orienter. Car même si un parcours existe, il n’est pas marqué sur le terrain. On doit se diriger avec un GPS, une carte et une boussole.

Hélène Dumais à Hawaï © Liz Barney

Vous dites avoir été peu sportive durant votre enfance. Quel a été le déclic?

J’ai commencé à courir à 23 ans. Auparavant, j’étais plus artiste que sportive, même si j’étais tout de même physiquement active. Je faisais du chant, de la danse, du théâtre… J’aimais aussi le plein air et la randonnée, notamment sur le GR 20 (200 km en Corse) et le GR 10 (870 km dans les Pyrénées, en France). La piqûre est venue grâce à mon copain de l’époque, un joueur de soccer semi-professionnel. Il m’a incitée à venir courir sur le mont Royal. Je l’ai suivi dans les petits sentiers, et ça m’a plu. De fil en aiguille, je me suis inscrite à un 10 km, et je l’ai gagné! Cela a nourri mon envie de continuer. J’ai augmenté les distances, tout en réalisant de bonnes performances.

Vous avez réalisé toutes sortes de défis. Quel est celui qui vous rend le plus fière?

C’est difficile, car c’est toujours le dernier qui reste en mémoire. J’en ai quand même plusieurs qui me viennent à l’esprit, à commencer par mon expédition à Hawaï. Ce n’était pas une course organisée, et il a fallu monter le projet de toutes pièces : un an de travail avec deux partenaires. Ce fut tout un défi aussi sur place. J’ai une nouvelle fois repoussé mes limites en parcourant des crêtes de falaises de plus de 400 mètres de haut… alors que j’ai le vertige! Il a fallu gérer la météo, avec des orages qui rendaient l’escalade impossible. Au début du projet, je pensais franchir les 80 kilomètres du parcours en 10 heures; ça m’a pris 6 jours et demi! Mais j’ai tellement aimé l’expérience que j’ai le goût de récidiver; cette fois-ci, en 4 jours et en solitaire.

Je suis aussi fière d’avoir réalisé la Survival Run, au Nicaragua (80 km, 24 h dans la jungle d’une île volcanique). Aucune femme ne l’avait terminée auparavant en 4 ans d’existence.

Vous avez réalisé beaucoup de premières féminines. Est-ce une fierté supplémentaire?

Je l’utilise plus pour les médias, mais personnellement, je m’en fous! J’aime pouvoir en parler si ça peut en inspirer d’autres, montrer aux femmes qu’elles sont capables de réaliser quelque chose de plus grand qu’elles. Les gens sont facilement pris dans des blocages psychologiques. Historiquement, on pensait qu’une femme avait besoin de l’aide physique d’un homme. Aujourd’hui, les choses évoluent. J’apporte ma contribution. Je suis quelqu’un de très ordinaire, mais capable d’accomplir ce genre de choses!

Les courses d’endurance durent plusieurs jours. Comment gérez-vous la fatigue?

C’est toute une logistique! Manquer de sommeil s’apparente à un état d’ébriété. Au-delà de 48 à 72 heures d’éveil, les gens ont besoin de dormir, sinon leur système disjoncte. Il ne faut pas non plus demeurer endormi trop longtemps, sinon on ne repart plus. Il faut donc faire des mini-siestes de 30 minutes à 1 heure. Il faut aussi de l’entraînement, non pas pour devenir meilleur, mais pour s’habituer à ce qu’on va expérimenter, aux sensations qu’on va ressentir.

Hélène Dumais et son équipement © Liz Barney

Comment s’y prépare-t-on?

C’est surtout un mode de vie. Tu dois constamment entraîner ton système à endurer physiologiquement et mécaniquement ce stress. Donc, ça en prend tous les jours! J’ai un permis de conduire, mais je suis toujours en train de courir, soit 10 heures par semaine en moyenne. Je fais aussi de l’entraînement musculaire de 2 à 3 fois par semaine. Mais tout autour, j’utilise mes pieds pour me déplacer, pour aller et revenir au gym, pour faire mon épicerie avec mon sac à dos… La vie est un terrain de jeu et j’essaie d’utiliser chaque possibilité pour la tourner à mon avantage.

N’y a-t-il pas un risque d’épuisement physique ou moral?

Il est très important de se connaître et de respecter son corps. Les gens s’imaginent que je m’entraîne tout le temps. Ce n’est pas tout à fait vrai. Certains sont tellement accrocs au sport qu’ils en font trop. Le sommeil et le repos sont aussi importants que l’activité physique, l’entraînement et la nutrition. Je ne me sens pas mal si je ne me suis pas entraînée une journée, car je sais que mon corps en a besoin.

Quel plaisir trouvez-vous dans ces longues épreuves?

C’est instinctif. J’aime l’aspect très primaire de la course : utiliser uniquement son corps pour se déplacer. Je suis autonome pour trouver mon chemin. J’aime bouger, voyager, explorer, ainsi que la vitesse du mouvement. Certains peuvent dire que ce que je fais est extrême; je ne trouve pas. Pour moi, ce qui est extrême, c’est de passer 12 heures devant un ordinateur pour résoudre un problème.


CV en bref

Les pieds de coureuse d'Hélène Dumais © Liz Barney

2008
Ultimate XC Val-David, 13 km. 1re place.

2010
Ultimate XC Mont-Tremblant, 58 km. 3e place.

2014
Participation à 26 courses à obstacles avec 18 podiums, dont 4 premières places. En nomination comme « Meilleure athlète féminine en course à obstacles 2014 » par le magazine Mud Run Guide.

2015
Première femme à compléter la Cross Florida Individual Time Trial, une course de 400 km en autonomie complète.

2016
Première et seule femme à terminer la Survival Run Nicaragua.

2017
Spine Race, 430 km en totale autonomie.

Palmarès complet sur helenedumaisathlete.com. Suivez-la aussi sur Facebook

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