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Baptême évangéliste pour des kayaks

Quelques mois après leur retour, les membres du Défi Go Fetch nous relatent certains des moments les plus marquants de leur expédition.

En partant du Vieux-Port de Montréal pour entreprendre le Défi Go Fetch, nous avons eu le plaisir de baptiser nos trois kayaks, comme le veut la tradition marine. Mais nous n’aurions jamais cru qu’Amarok, Susi et La Pitoune assisteraient eux aussi au baptême de plusieurs personnes, quelques mois plus tard, en Caroline du Sud.

En arrivant à Beaufort, aux abords des quais de cette vieille ville portuaire, le style victorien des maisons et les grands chênes enveloppés de mousse espagnole nous ont confirmé, pour la première fois, que nous étions bel et bien arrivés dans le True South des États-Unis.

Comme à notre habitude, nous avions laissé nos kayaks au premier endroit où il était possible de le faire en toute sécurité – une petite descente de bateau municipale, une fois encore. Tout portait à croire qu’Amarok, Susi et La Pitoune ne nuiraient ainsi à personne, tandis que nous passerions la nuit dans un joli petit B&B, juste en face. Une amie, rencontrée au New Jersey deux mois plus tôt, avait insisté pour que nous lui rendions visite et nous avait offert une nuitée gratuite dans son établissement. Il n’en fallait pas plus pour laisser nos kayaks derrière, sans surveillance.

Au petit matin, nous sommes allés vérifier si nos embarcations étaient toujours là. Elles y étaient – il est d’ailleurs toujours surprenant de constater que personne n’essaie de nous les voler, peu importe où nous les laissons…

Alors que nous étions en train d’échanger quelques bonnes histoires de voyage avec un gentil monsieur qui vivait sur un voilier amarré au quai voisin, nous avons soudainement entendu le son d’une cornemuse – assez particulier, direz-vous!

Le joueur de cornemuse s’approchait du parc où nous étions et était suivi d’un cortège de gens vêtus de leurs plus beaux atours. Non seulement avons-nous alors réalisé que c’était dimanche, mais encore avons-nous compris qu’il devait s’agir d’une cérémonie religieuse. Avant que nous ayons eu le temps de bouger, le cortège prit d’assaut le petit quai où étaient alignés les trois kayaks, et nous nous sommes retrouvés en un instant au beau milieu d’un groupe qui entourait la descente que nous avions cru inutilisée.

Pris de court par la situation, Julien sortit sa caméra, et moi je demeurais bouche bée, spectateur muet assis au premier rang de cette scène inopinée, plus vraie que nature. La foule n’eut pas le temps de finir de s’installer autour de l’eau qu’elle commença à chantonner When I go down to the river to pray…

Quelques personnes, vêtues de robes blanches, entrèrent alors dans l’eau, les unes après les autres, pour y retrouver le pasteur qui les immergerait. Sous ce beau soleil de septembre, nous étions en train d’assister à un baptême traditionnel de confession baptiste.

Notre surprise était aussi grande que notre émerveillement : celui d’être témoins d’une scène spontanée, qui confirma que nous avions atteint la Bible Belt, cette couronne d’États où prévaut l’héritage évangéliste.

À la fin de la cérémonie, les membres de la communauté nous invitèrent gentiment à manger un morceau avec eux. Ce fut une très belle rencontre et une belle occasion d’échanger.

Nous avons alors repensé au type de baptême auquel avaient eu droit Amarok, Susi et La Pitoune, juste avant de partir. Un rituel assez semblable à celui qui se déroulait devant nous, tout bien réfléchi : les deux baptêmes avaient eu lieu dans un cours d’eau, devant témoins.

À cette différence près que pour les athées que nous sommes, l’aspect le plus sacré de la cérémonie de baptême de nos kayaks fut cet instant où nous avons débouché le champagne – la véritable eau bénite, à nos yeux… 


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