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  • Crédit : Alain Sleigher - Selkirk Tangiers

Ski dans l’Ouest : par télésiège, sur peaux ou en hélico ?

Pourquoi l’Ouest canadien attire-t-il chaque année son lot de skieurs ? La réponse est simple : pour la hauteur de ses montagnes, son climat idéal et ses possibilités de ski inouïes, où chacun trouve son compte. Compte-rendu d’un séjour fort poudreux à Revelstoke et Sun Peaks, en Colombie-Britannique.

Après des heures passées au-dessus d’une immense étendue où le Bouclier canadien a fait place aux vastes prairies, l’avion bourdonne bientôt au-dessus de Calgary. À l’horizon, un repli se dessine, comme si quelqu’un avait secoué ces champs tel un drap et les avait du même coup figés en d’énormes bosses rocailleuses. 

Qu’on arrive par la route ou du haut des airs, le contraste est frappant, à l’approche des Rocheuses. Là-bas, un amphithéâtre de neige vierge ; ici, une rivière gelée dont le tracé serpente entre des flancs vertigineux ; au loin, des pics rocheux si pentus qu’aucune neige n’y adhère. Tout cela – et bien d’autres choses encore – sera notre terrain de jeu pour les prochains jours.

Atterrissage en douceur

Crédit : Adam Stein

Premier arrêt : Sun Peaks et son énorme domaine skiable. D’emblée, les toits des édifices du village, garnis comme un gâteau au glaçage généreux, fournissent l’indice espéré : il a neigé, beaucoup neigé. Bon an mal an, il tombe plus de six mètres de neige, dans les environs.

Skis aux pieds, nous regardons la carte des pistes avant de grimper dans le télésiège. Mais où aller ? On a l’impression qu’il y a ici trois ou quatre montagnes en un seul endroit. Les longues pistes s’étalent sur les 4270 acres de ce qui forme la deuxième plus grande station de ski au Canada, après l’insurpassable Whistler Blackcomb. 

« Whistler et Sun Peaks ne peuvent pas se comparer, car on y vit deux expériences totalement différentes, assure Al Raines, maire de Sun Peaks. Les deux domaines sont très vastes, mais Sun Peaks n’a pas l’aspect commercial de Whistler et présente une dimension humaine dont nous sommes très fiers. » 

Si certaines traverses mènent au ski hors-piste, notamment sur le mont Tod, la majeure partie du domaine propose du ski intermédiaire et même familial, en certains endroits. On rencontre d’ailleurs beaucoup d’enfants à Sun Peaks (voir l’encadré) – dans les zones accessibles bien sûr, mais aussi sur les pistes plus ardues des secteurs Crystal Bowl et Gil’s… une fois les habiletés acquises.

Un peu plus vite…

Crédit : Dan Stewart

À 266 km à l’est de Sun Peaks trône Revelstoke, la mecque du ski extrême. Chaque année, cette station de la chaîne Selkirk attire ski bums et équipes de tournage de magazines venus profiter de son festin de couloirs, de poudreuse et d’amphithéâtres débordants de neige. 

Ici, la carte des pistes s’étire plutôt à la verticale : Revelstoke jouit en effet du plus haut dénivelé en Amérique du Nord (1713 m), soit deux fois et demi celui du Massif de Charlevoix. On s’en rend vite compte en prenant les remontées mécaniques successives, de la base jusqu’au point le plus haut, le sommet de la Stoke Chair, qui culmine à 2225 m. 

Mais on peut grimper encore, en continuant à pied, skis sur les épaules, pour une vingtaine de minutes d’ascension supplémentaire, sueur incluse. La moitié supérieure de la montagne est en effet dominée par des pistes noires, notamment dans le secteur du North Bowl, accessible par cette courte randonnée. 

Au-dessus de la limite des arbres, l’amphithéâtre naturel du West Bowl nous plonge dans un ébahissement complet : celui qu’on éprouve devant un paysage de haute montagne. Encore ivres de l’effort de la montée à pied, nous suivons la crête du regard : le mont MacKenzie (2456 m) et son Sub Peak (2340 m) se profilent au loin. De cette crête, nous glissons sur les mythiques couloirs de Powder Assault, Mania et Discipline. 

« Ça doit faire plus de 100 jours de ski que je m’offre ici cette année, lance Kevin Lussier, un ski bum de 23 ans rencontré sur la montagne. Je ne pense pas que je serais prêt à revivre l’hiver québécois après avoir connu ça : il ne fait jamais très froid dans les environs, les montagnes sont énormes et la neige tombe en masse ! » 

Pendant tout l’hiver, Kevin dort dans son camion à Revelstoke pour skier dans la poudreuse le plus souvent possible. Mais pour ça, il y a encore mieux... un peu plus loin.

L’ultime frontière

Crédit : Alain Sleigher

Au-delà des remontées mécaniques, la randonnée en peaux d’ascension donne accès à des territoires infinis de cols et d’amphithéâtres naturels remplis de poudreuse. Le secteur de Roger’s Pass, non loin de Revelstoke, est très prisé pour ses nombreuses possibilités de glisse hors-piste. Les semaines où il neige peu, les habitants de Revelstoke stationnent leur voiture sur le bord de la route, fixent leurs peaux d’ascension sous leurs skis et partent à la recherche de la poudreuse des plateaux alpins, le tout à peu de frais.
 
À l’autre extrémité du spectre monétaire, Revelstoke constitue aussi le point de chute d’une poignée d’entreprises d’héliski, cette activité unique qui procure un plaisir proportionnel à l’investissement requis, c’est-à-dire énorme. On parle ici de 1000 $ par jour et d’une qualité de ski exceptionnelle.

« Il y a des gens qui reviennent année après année même s’ils ne roulent pas sur l’or, affirme Eriks Suchovs, directeur général de Selkirk Tangiers Heli Skiing. Je connais des infirmières et des plombiers qui décident de consacrer tout leur budget de vacances à l’héliski. » Quoi qu’il en soit, ce sont surtout les bien nantis qu’on croise dans ces hautes sphères skiables.

Dès le décollage, on est déjà sorti de notre zone de confort. L’’hélicoptère va-t-il nous déposer en terrain de combat ? On regarde nos bâtons, nos bottes, nos lunettes, comme pour mieux se rappeler que c’est du ski qu’on fait. Et quel ski ! Le hors-piste du North Bowl de Revelstoke n’a rien à envier à l’héliski des monts Selkirk, mais ici, nous sommes fins seuls dans un paysage délirant. On a beau se frotter les yeux, la beauté du territoire semble figée hors du temps. 

À chaque descente, nous traçons nos sillages dans la neige vierge et la plupart des skieurs ne peuvent retenir leurs cris extatiques d’un virage à l’autre. Dans son vrombissement reconnaissable entre tous, notre télésiège-hélicoptère revient ensuite nous cueillir pour nous conduire, en deux minutes à peine, jusqu’à une nouvelle crête. Voir cet insecte métallique bizarroïde se poser où il veut défie l’imaginaire, tout comme le fabuleux panorama qui se déploie devant nous, quand la bruyante bête à hélices s’éloigne.

Ceux et celles qui hésitent encore à tenter l’aventure de l’héliski doivent savoir qu’ici, chaque descente, sans exception, représente la plus belle expérience de ski sur terre. Le tout sur fond de hautes montagnes qui, peu importe comment on se les offre, sont toujours totalement savoureuses…


L’école à Sun Peaks

« On s’est aperçu que nos employés nous quittaient quand leurs enfants atteignaient quatre ou cinq ans, parce que l’école la plus proche était à une heure de route, à Kamloops », se rappelle Al Raine, maire de Sun Peaks. En 2010, sa communauté a donc inauguré sa propre école sur la montagne, sans appui gouvernemental. Aujourd’hui, environ 75 élèves ont le privilège d’emprunter un tapis magique de quelques centaines de mètres, leur cartable sur le dos, jusqu’à leur école érigée à même la piste de ski. La motivation au travail y semble plus élevée, tant chez les élèves que chez les profs. Imaginez : chacun peut faire quelques descentes après le lunch, avant de retourner en classe…


Avalanche 101

Qui dit héliski dit également risque d’avalanche. Bien que les guides soient rigoureusement formés et qu’ils participent quotidiennement à des réunions sur les conditions de neige et la météo dans l’arrière-pays montagneux, des avalanches emportent des skieurs chaque année. Pour minimiser ce risque, une formation est donnée aux skieurs avant de monter dans l’hélicoptère. On y apprend à se servir de l’émetteur-récepteur pour capter le signal ainsi qu’à localiser et déterrer rapidement un skieur surpris par une avalanche. Chaque participant transporte aussi une pelle et une sonde pour effectuer ce travail.

Selon Avalanche Canada, sur les 15 personnes décédées dans des avalanches au Canada entre janvier et avril 2016, deux faisaient du ski, une était en raquettes et douze circulaient en motoneige.


Y aller

Voyages Gendron propose des forfaits de ski sur mesure ou avec guide sur place, en Amérique du Nord, en Europe, au Chili et au Japon.
ski.voyagesgendron.com
revelstokemountainresort.com
sunpeaksresort.com
selkirk-tangiers.com


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