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  • Crédit: Louis Rousseau

La pire catastrophe survenue sur l’Everest

Sur le coup de midi, le 25 avril dernier, un tremblement de terre d’une magnitude de 7,8 a déclenché l’avalanche la plus meurtrière de l’histoire de l’Everest lorsqu’elle a enseveli une bonne partie du camp de base. Résultat : au moins 22 morts et plus de 70 blessés. Témoignage d’un alpiniste québécois qui a survécu à la tragédie.

En cette matinée du 25 avril, quelques flocons de neige tombent sur le camp de base de l’Everest ou plus de 500 guides et alpinistes attendent de meilleures conditions météorologiques pour entamer l’ascension vers le sommet.

Quelques minutes avant midi, le sol se met à trembler violemment. Sans hésiter, Gabriel Fillippi sort de sa tente. Dès qu’il aperçoit un énorme nuage gris noir qui déferle vers lui, il court rapidement en direction d’une grosse roche pour se mettre à l’abri. En quelques secondes, le nuage ensevelit le camp de base. Des roches déferlent de tous les côtés et tout devient blanc. Puis une poussée d’air suit l’avalanche, si puissante qu’elle coupe la respiration.

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Après une minute d’attente pour s’assurer que le terrain est sécuritaire, Gabriel Filippi constate la tragédie. « C’était la désolation, l’horreur, le désastre. C’est comme si on était à la guerre et que l’ennemi nous avait pris par surprise », témoigne-t-il de Katmandou quatre jours après le tremblement de terre qui a secoué le Népal.

Pas de temps à perdre. Il court à sa tente pour prendre sa trousse de premiers soins et part en direction de la zone la plus touchée avec une amie anesthésiste. Pendant quatre longues heures, il vit l’horreur constante alors qu’il aide à sortir les nombres morts et blessés graves des décombres. Plus de 70 blessés devront attendre jusqu’au lendemain matin pour être évacués par hélicoptère.

En date du 29 novembre, 22 personnes, dont Dan Fredinburg, un cadre de Google, ont officiellement perdu la vie sur l’Everest, mais des grimpeurs manquent toujours à l’appel et ce chiffre pourrait encore augmenter.

Un risque difficile à prévoir

Les alpinistes sont bien conscients des risques lorsqu’ils entreprennent de gravir l’Everest, mais les tremblements de terre ne font pas partie des dangers appréhendés. « On sait qu’il y a toujours des dangers d’avalanches, mais le camp de base demeure sécuritaire en temps normal », note l’alpiniste québécois. Le tremblement de terre d’une magnitude de 7,8 est venu changer la donne en déclenchant d’énormes avalanches qui ont fait décrocher l’immense sérac (bloc de glace) de Pumori. Le terrain est désormais fragilisé et les avalanches sont plus fréquentes dans presque tous les secteurs, ajoute Gabriel Filippi.

Plus en altitude, aux camps 1 et 2, plus de 170 grimpeurs ont été secourus par hélicoptère, car le glacier Khumbu, qui sépare le camp de base et le camp 1 est impraticable. En fait, seules deux des 52 échelles placées par les docteurs du glacier, qui préparent la route sur le glacier Khumbu, sont toujours en place. Le lendemain de la catastrophe, trois docteurs du glacier ont d’ailleurs perdu la vie en examinant le glacier Khumbu.

Quatre jours après le tremblement de terre, le camp de base de l’Everest se vide. « Tentes, barils, tables, bottes et casques sont éparpillés sur des centaines de mètres. Ces équipements témoignent tristement de la puissance de l’avalanche qui a frappé le camp de base », écrit l’alpiniste Dave Hahn sur son blogue.


www.gabrielfilippi.com

Des alpinistes entêtés

Alors que la Chine a mis fin à la saison d’alpinisme, le Népal n’a fait aucune interdiction à ce sujet et quelques alpinistes s’entêtaient toujours à vouloir grimper l’Everest. « Selon moi, c’est carrément de l’acharnement. C’est manqué de respect envers les sherpas. Leur place est auprès de leur famille, pas à mettre leur vie en danger à trainer de l’équipement et à fixer des cordes », lance Gabriel Fillippi, qui ajoute que les conditions du glacier Khumbu rendent la mission impossible.

Pour une deuxième année consécutive, un désastre naturel est venu ternir la saison d’alpinisme sur l’Everest. L’an dernier, une avalanche sur le glacier Khumbu avait couté la vie à 16 guides, déclenchant une rébellion des guides népalais qui avaient quitté le camp de base, mettant fin à la saison.

Malgré le désastre, les alpinistes reviendront sur l’Everest, croit Gabriel Fillippi. « Les tremblements de terre du genre n’arrivent qu’une fois tous les 50 ou 100 ans. »

Les touristes devront continuer d’affluer pour reconstruire le Népal, car plus d’un million d’emplois dépendent de l’industrie du tourisme qui compte pour 9 % du PIB du petit pays de l’Himalaya. Dès septembre, après la mousson, le pays sera de nouveau accessible aux touristes, car plusieurs zones, comme la route vers le camp de base de l’Everest, sont encore praticables.

À court terme, la priorité demeure la reconstruction physique et la meilleure façon d’aider est de faire un don à un organisme reconnu comme la Croix-Rouge, conclut Gabriel Fillippi.

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