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Combattre le froid par le froid

Aimeriez-vous apprendre à mieux contrôler votre organisme afin de le rendre plus tolérant au froid, voire d’améliorer vos performances sportives, réduire votre niveau de stress et contrôler votre système immunitaire? Wim Hof, alias l’homme de glace, a peut-être trouvé la solution : la respiration et l’exposition au froid. Portait d’une tendance en émergence.

22 novembre 2016. Température extérieure : –2 °C. Température de l’eau : 4 °C. La nuit a laissé une première couche de neige au sol. Au lieu d’enfiler plusieurs cafés pour me réveiller, j’opte plutôt pour une courte séance de respiration, suivi d’une saucette dans la rivière Ashuapmushuan. 

Je respire profondément pour garder le contrôle sur mon corps et je me concentre pour (tenter de) générer un maximum de chaleur. Je mets un pied dans l’eau, puis je me trempe jusqu’au cou. Je ressens l’eau froide, mais j’ai appris à mieux l’accepter. Après une trentaine de secondes, on dirait que de petits couteaux me transpercent les pieds, et je sors finalement de l’eau. 

Après la douleur initiale, une chaleur semble me gagner et je suis très confortable dans mon boxer détrempé, torse nu, même si le thermomètre affiche –2 °C. Je ressens alors une forte poussée d’adrénaline, satisfait d’avoir repoussé mes propres limites. Après cette baignade vivifiante, je me sens tonifié et prêt à retourner au travail!


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Pour les fins du présent reportage, j’ai suivi pendant deux semaines la méthode conçue par Wim Hof, un Néerlandais de 57 ans qui détient 26 records du monde liés au froid. Parmi ces records, celui qu’on surnomme aussi Iceman a notamment gravi l’Everest (jusqu’à 7700 m) en bédaine et simplement vêtu d’un short, a passé près de deux heures dans un bain de glace et couru un marathon pieds nus à –20 °C dans le cercle arctique ! 

Depuis quelques années, Wim Hof transmet sa passion du froid à des adeptes aux quatre coins de la planète, réalisant des exploits de groupe sur les cimes enneigées. En janvier 2016, il a atteint le sommet du Kilimandjaro en moins de 48 heures en compagnie d’un groupe de 26 personnes sans expérience. Onze d’entre eux ont complété l’ascension torse nu, malgré une température de –20 °C! 

Le secret du succès de sa technique? Il faut simplement prendre le temps de respirer, et s’exposer régulièrement au froid. Ce faisant, on oxygène mieux son corps et on stimule la sécrétion d’hormones clés afin de contrôler son système nerveux autonome et son système immunitaire. Cette méthode permettrait également d’être moins stressé, d’augmenter son niveau d’énergie, mais aussi d’améliorer la qualité de son sommeil et ses performances sportives. « Elle permet d’exploiter le plein potentiel physique de notre corps en débloquant ce que l’évolution nous a donné », assure l’homme de glace.

Pour éviter d’avoir l’air d’un gourou au discours ésotérique, Wim Hof voulait des preuves scientifiques. En 2010, il a d’abord prouvé qu’il était en mesure d’augmenter sa température interne en stimulant son métabolisme alors qu’il se trouvait dans un bain de glace à l’Université Radboud, aux Pays-Bas. Il a ensuite voulu pousser la recherche plus loin lorsqu’il a rencontré Peter Pickkers et Matthijs Kox, chercheurs à cette même université. 

« Nous étions très sceptiques lorsque Wim Hof nous a dit qu’il pouvait influencer son système nerveux autonome et son système immunitaire », avoue Matthijs Kox. Mais en prenant connaissance de tous ses records du monde et de ses prouesses, les chercheurs ont décidé d’aller de l’avant avec l’étude, en pensant toutefois que les résultats seraient négatifs. 

Dans le cadre de cette recherche, ils lui ont ainsi injecté une endotoxine qui simulerait l’attaque d’une bactérie et stimulerait la réponse de son système immunitaire. Alors que tous les autres volontaires en bonne santé participant à cette expérience ont ressenti des symptômes de fièvre, des maux de tête et des frissons, Wim Hof n’a eu presque aucun symptôme. 

En lieu et place, son corps a généré une énorme poussée d’adrénaline — similaire à une réponse physiologique lors d’un saut en bungee — réduisant ainsi l’effet inflammatoire et les symptômes associés! Après l’étude, les chercheurs pensaient que l’homme de glace était une exception, mais Wim Hof était convaincu que tout le monde pouvait faire comme lui.

Il a alors formé 12 volontaires à la technique qu’il a conçue et ce, pendant 10 jours. En plus de travailler leur respiration, ils ont eu droit à des sessions de 30 minutes pieds nus ou de 20 minutes couchés dans la neige, à des baignades dans l’eau glacée ou encore à l’ascension d’une montagne torse nu, le tout à des températures variant de –5 à –12 °C. 

En laboratoire, les cobayes ont ensuite subi le même test que Wim Hof et obtenu des résultats similaires. À la grande surprise des chercheurs, ces individus venaient de démontrer qu’il était effectivement possible d’influencer le système nerveux autonome et la réponse immunitaire. Une première scientifique!

Les chercheurs ont publié en 2014 les résultats de cette expérience dans le Proceeding of the National Academy of Science (PNAS), mais ils demeurent prudents afin de ne pas donner de faux espoirs. Il reste que cette technique pourrait éventuellement permettre de traiter les patients atteints de maladies chroniques auto-immunes, comme l’arthrite rhumatoïde ou la maladie de Crohn. 

La respiration, le froid ou une combinaison des deux permettraient-ils d’influencer la réponse physiologique? C’est la question à laquelle souhaitent répondre les chercheurs dans une étude en cours. Selon Matthijs Kox, la respiration pourrait jouer un plus grand rôle, car lors des tests, les participants ont été en mesure de générer une poussée d’adrénaline 30 minutes après avoir amorcé les techniques de respiration. 

D’autres études ont démontré que l’exposition au froid peut influencer certains processus biologiques qui auraient des effets directs ou indirects sur le système immunitaire. De plus, le froid stimulerait la production de graisse brune dans l’organisme, un gras bénéfique qui brûle de l’énergie pour produire de la chaleur (lire ici notre article sur le sujet).

Un essor mondial

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Depuis la publication des recherches de Kox et Pickkers, l’engouement pour la méthode Wim Hof a connu un essor important. Alors que des études ont démontré certains effets physiologiques, des adeptes de cette méthode font état d’autres bénéfices qui devront être étudiés davantage avant d’être prouvés scientifiquement. 

Par exemple, la méthode Wim Hof (MWH) a permis à Spencer Raymond Madden, un Albertain de 27 ans atteint du syndrome de Raynaud, d’améliorer sa circulation sanguine tout en réduisant l’enflure d’une tumeur bénigne sur son pouce. « Ça m’aide aussi à gérer le stress de la ville en réduisant mon anxiété », dit-il. 

« Cette méthode m’a permis de faire des changements radicaux dans ma vie, notamment pour la gestion du stress, et j’ai pu arrêter de prendre des antidépresseurs », note quant à lui Nick Moline, un étudiant états-unien de 19 ans aux prises avec des crises d’anxiété.

L’entraîneuse de course et de CrossFit Valerie Hunt, qui vit à Austin, au Texas, souhaite adapter la MWH pour améliorer la performance des athlètes. « C’est important d’apporter plus d’oxygène à nos muscles », note la femme qui ressent plus de vitalité depuis qu’elle a adopté la MWH, il y a un an. 

Au Québec, Marc Simard, un gestionnaire de réseaux sociaux de 50 ans, compte parmi ceux qui favorisent le plus l’essor de la MWH. Après avoir lancé le groupe Facebook Wim Hof Québec, il souhaite maintenant devenir instructeur, notamment auprès de jeunes sportifs. 

Après une année à s’exposer au froid, il est maintenant en mesure de demeurer dans l’eau glaciale plus de cinq minutes. Et il se sent plus créatif que jamais : « Quand tu es dans l’eau glacée, tu ne penses plus à rien. Tu dois te concentrer pour garder ton calme et générer de l’énergie. Ça donne toute une satisfaction d’être en mesure de contrôler ton esprit et ton corps », lance celui qui se considérait à l’origine… comme quelqu’un de frileux!

Peu importe ce qu’en dira la science, la méthode Wim Hof incite à repousser ses limites et à réaliser ce que l’on croyait impossible auparavant. C’est une invitation à prendre le contrôle de sa respiration et de son corps, soutient Wim Hof. « Apprenez à contrôler votre bonheur, votre santé et votre force. Ce n’est pas philosophique ou sectaire; c’est de la chimie », dit-il. 


Info : icemanwimhof.com
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