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  • Taranaki volcano © Shutterstock

Te Araroa : 3000 kilomètres à pied en Nouvelle-Zélande

Traverser à pied les deux îles principales de l'archipel néo-zélandais, c'est non seulement possible, c'est spectaculaire et... inoubliable. Récit.


De toute ma vie, jamais je n’avais eu aussi mal aux pieds. Je venais d’atteindre, de peine et de misère, un terrain de camping le long de l’immense plage de 90 km que je devais parcourir en entier. En retirant mes chaussettes en laine mérinos, mes pieds étaient méconnaissables : chevilles rouges et enflées, nombreuses ampoules et plaies sur les orteils.

En deux jours, j’avais marché 77 km, rythme de départ peu recommandable pour une comptable habituée à passer ses journées derrière un ordinateur. Mais il me restait encore 3000 km à parcourir en cinq mois sur Te Araroa, un sentier de longue randonnée qui s’étend sur toute la Nouvelle-Zélande.

Ce soir-là, seule dans ma tente à l’autre bout du monde, je me demandais comment j’allais avouer l’échec de ma sabbatique à ma famille et à mes amis. Trop épuisée pour réfléchir de façon intelligente, je m’endormis en me disant que je verrais bien ce que je ferais le lendemain.

Pays de mer et de montagnes, la Nouvelle-Zélande me fascinait depuis plusieurs années. J’avais toujours ressenti une attirance pour son éloignement et sa combinaison de paysages marins et montagneux. Lors d’une première visite là-bas, j’avais appris l’existence de Te Araroa, et j’ai tout de suite su que c’était une aventure pour moi!

Parc Tongariro © Evgeny Gorodetsky - Shutterstock

Ce serait donc ma première randonnée de plusieurs mois. J’avais passé plus d’un an à m’y préparer : revue et test de mon matériel, lecture de nombreux blogues de randonneurs, restrictions budgétaires pour amasser les économies nécessaires à mon rêve : je me sentais prête à relever le défi.

Après des mois de raffinement, le poids de tout mon matériel pesait huit kilogrammes et répondait à tous mes besoins. En ce troisième matin sur le sentier, je repris mon chemin, non sans difficulté. Un des aspects positifs de mes deux premières longues journées de marche était qu’il ne me restait que treize kilomètres de plage à marcher avant d’atteindre une nouvelle section du parcours, principalement en forêt.

Si j’avais déjà pensé qu’une section de parcours sur la plage était une façon romantique d’entreprendre ma découverte de la Nouvelle-Zélande, cette idée farfelue s’était envolée dès les premiers kilomètres. La marche sur le sable de la plage à longueur de journée est très difficile sur le corps, sans oublier l’exposition constante au soleil, les forts vents et la marée.

Heureusement, je n’ai pas abandonné, et la Nouvelle-Zélande n’a cessé de m’enchanter et de me surprendre au cours des mois suivants. Les semaines sur le sentier s’enfilaient à toute vitesse et j’ai franchi 1000 kilomètres sans m’en rendre compte, tout en ayant l’étrange impression que j’avais parcouru ce sentier toute ma vie, les semaines étant riches en événements de toutes sortes et en rencontres.

© Courtoisie Marilyne Marchand

Cette année-là, nous étions environ 150 à marcher le sentier dans sa totalité, mais le nombre de randonneurs que j’allais rencontrer était limité, étant donné nos dates de départ variées. J’en avais tout de même croisé une douzaine depuis le début, et certains étaient même devenus des amis qui ne me quitteraient pas jusqu’à la fin du sentier.

J’ai également été éblouie par la générosité dont faisaient souvent preuve les Néo-Zélandais. D’une simple offre à me ravitailler en eau à une invitation à partager un repas et à dormir sous leur toit jusqu’à passer une semaine entière avec une famille de fermiers, tous ces moments de véritables échanges sont les meilleurs souvenirs que je garderai de mon long voyage, de concert avec les magnifiques paysages du pays.

Un trip, deux îles

Les quelque 3000 kilomètres du sentier sont répartis sur les deux principales îles de la Nouvelle-Zélande, l’île du Nord et l’île du Sud. Le sentier se marche habituellement du Nord vers le Sud, mais il est possible de le parcourir en sens inverse.

La portion de l’île du Nord débute par la plage et se poursuit dans une alternance de zones rurales et de forêts si denses qu’on pourrait presque les appeler des jungles. À mesure que l’on progresse vers le Sud, on traverse des zones plus densément peuplées, dont Auckland, la plus grande métropole de la Nouvelle-Zélande, ainsi qu’une région volcanique et une rivière qui doit être descendue en canot ou en kayak. Quant à l’île du Sud, plus sauvage, elle compte les plus hauts sommets et les régions les plus reculées du parcours.

Alors que l’île du Nord apporte plus de contacts humains et de zones urbaines, l’île du Sud présente les paysages les plus spectaculaires et les sentiers les plus intéressants. Le sentier débute et se termine dans deux endroits majestueux du Nord et du Sud, le cap Reinga et le cap Bluff, où le randonneur, face à la mer, peut célébrer adéquatement le commencement ou la fin d’une grande aventure.

Cap Bluff © Dmitry Pichugin - Shutterstock

L’éloignement constant du confort de base apporte une toute nouvelle appréciation des conforts modernes. Chaque douche et chaque visite à l’épicerie m’enchantaient. L’accès à l’eau potable d’un robinet égayait ma journée. Toutes ces petites choses, tenues pour acquises au quotidien, m’apportaient un regard nouveau sur mon quotidien habituel.

Au bout d’environ quatre mois et demi, ma randonnée s’est terminée au cap Bluff. Malgré la fierté d’avoir complété Te Araroa et le soulagement de ne plus avoir à marcher, une partie de moi ne souhaitait plus qu’une chose : repartir en sens inverse pour que cette époque de ma vie ne se termine jamais.


Te Araroa en résumé

  • Longueur : Environ 3 000 kilomètres; la longueur exacte varie d’année en année selon les changements apportés aux sentiers.
  • Temps moyen nécessaire pour le parcourir : Entre 100 et 160 jours.
  • Quand se mettre en route? Entre la mi-octobre et le début décembre pour une randonnée du Nord au Sud, ou entre la fin décembre et le début février pour une randonnée du Sud au Nord.
  • Budget recommandé (excluant les billets d’avion) : entre 5 000 et 8 000 NZD (4 440 et 7 100 $ CAD).
  • Site Web : teararoa.org.nz.

Cinq expériences coups de cœur le long du sentier Te Araroa

1. La traversée du parc Tongariro

© Courtoisie Marilyne Marchand

Un terrain où on peut randonner entre les volcans dans des paysages lunaires. Les amateurs du Seigneur des anneaux pourront également y admirer la « montagne du Destin » de la célèbre trilogie.


2. La descente de la rivière Whanganui en canot

© Courtoisie Marilyne Marchand

Belle occasion de reposer ses pieds, la descente de la rivière Whanganui demande environ cinq jours et est partie intégrante du parcours de Te Araroa. La rivière traverse une dense jungle et comporte quelques rapides de classe 1 et 2, pour un peu d’adrénaline!


3. Wellington

Promenade côtière à Wellington © Weather500 - Shutterstock

La plupart des randonneurs y prennent une pause bien méritée, car cette ville marque la fin du parcours sur l’île du Nord. Chacun y trouve son compte dans les nombreux restaurants, musées et cafés.


4. Les monts Richmond

© Courtoisie Marilyne Marchand

Cette région montagneuse, probablement la plus grandiose du parcours, contraint le randonneur à plusieurs jours d’autonomie, car le chemin ne croise aucune route ou civilisation sur environ 140 kilomètres.


5. La vallée de la rivière Waiau

Rivière Waiau © Ramon Cowboy - Shutterstock

Dans cette vallée d’herbe dorée cernée de hauts sommets enneigés, la randonnée est facile, car elle implique peu de dénivelés et les paysages sont à couper le souffle.


À lire aussi : 7 sentiers de longue randonnée qui font rêver dans le monde

Commentaires (4)
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Marilynemarchand - 16/11/2017 16:12
Bonjour Lise! Merci pour le commentaire. Vous pouvez me rejoindre sur marilyne@marilynemarchand.com
Au plaisir!
Lise Trudel - 16/11/2017 10:46
Bonjour Marilyne. Je suis en admiration devant ce défi que tu as relevé. Prévois-tu faire une conférence ou comment pourrais-je communiquer avec toi pour évaluer la possibilité pour moi? Lise Trudel.
Marilynemarchand - 07/11/2017 15:37
Bonjour Audrey! Je suis partie seule mais j’ai vite rencontré d’autres randonneurs! (Dès la première journée). Le sentier est bien balisé en général mais certaines sections demandent quand mêne de la débrouillardise, mais rien d’insurmontable. Je comprends que toutes les notes du sentier paraissent compliquées à première vue mais pas besoin de tout savoir ça par coeur! Je les ai lues quelque fois avant mon départ et j’avais pris des notes pour les sections à préparer en avance (descente de la rivière Wanganui par exemple ou Queen Charlotte Track pour laquelle il faut un permis). La Nouvelle-Zélande est une destination très sécuritaire pour voyageuses seules!
audreysamson87 - 07/11/2017 12:02
Salut, merci pour ton super article j'adore et ca me donne envie d'aller le faire, c'est un bon moyen de découvrir le pays, je me demandais si tu étais allée seule, est-ce sécuritaire? Et est-ce que les chemins sont bien balisés? Pcq sur le site de Te Araroa, je remarque les nombreuses map, et notes laissées pour aider le marcheur et je trouve ca lourd, est-ce que ca prend une énorme préparation pour la rando, faut il avoir un bacc en cartographie pour se situer? merci;)