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  • © Saastal Tourismus AG / Tom Malecha / Filme von draussen

Ski en Suisse : Saas-Fee, la Perle des Alpes

Dans la vallée voisine de celle de Zermatt, Saas-Fee vit un peu dans l’ombre de la superstar du Valais. Mais les Suisses connaissent bien celle qu’on surnomme « la Perle des Alpes » : plus modeste mais néanmoins grandiose, elle culmine à 3500 m et son village piétonnier est aussi agréable à parcourir que plus abordable à fréquenter.


En arrivant ce matin-là au sommet du domaine skiable de Saas-Fee, un vent à écorner les bouquetins souffle sur les pentes. Même en nous engageant en descente, Fiston et moi devons patiner comme des damnés sur la piste damée, tant les bourrasques assènent leur fougue avec force intensité.

Quelques instants plutôt, ce ne sont pas tant les rafales qui nous ont décoiffés que la superbe du décor alpin de la chaîne des Mischabels, entraperçue depuis le téléphérique Felskinn. Puis, après un passage obligé à bord du « métro le plus haut au monde » – un funiculaire souterrain en fait –, la sortie à l’extérieur nous a donné l’impression d’avoir accédé au Septième ciel skiable, à 3500 m. Là-haut, 18 sommets de 4000 m nous contemplaient – dont le Dom, deuxième plus haut pic helvète (4545 m) – et tout autour s’étendait une sorte d’éden boréal aux formes tarabiscotées et subtilement bleutées.

Le blues des glaciers


© Saastal Tourismus AG / Filme von draussen

Si plusieurs stations de ski suisses sont coiffées d’éblouissants glaciers, ceux de Saas-Fee se déploient avec tout autant de grâce, mais dans une étonnante proximité des pistes. À mesure que nos planches communient avec le couvert neigeux, tous se mettent à défiler en déclinant toutes les nuances de leur suave lumière intérieure.

D’abord un premier, droit en face de la sortie du métro alpin, sur les flancs de l’Allalin (4027 m); ensuite un autre juste en contrebas, où s’accroche le Hohlaubgletscher à 3000 m; enfin à bord du téléphérique Längfluh et aux côtés du bien-nommé téléski Panoramalift, qui côtoient les stèles brindezingues du Feegletscher, comme une colossale mâchoire de séracs prête à ne faire qu’une bouchée des nuages.


© Saastal Tourismus AG / Finnegan Laver

Entouré de tant de glaciales masses millénaires, on en finit presque par se convaincre que le réchauffement du climat n’a pas d’emprise ici. Faux, bien entendu : l’étau climatique se resserre et réduit aussi les glaciers suisses comme peau de chagrin liquide. C’est du moins le cas l’été, car durant la belle saison froide, les étendues glaciaires semblent créer un effet de glacière, et c’est une puissante fraîcheur ambiante qui règne dans les admirables hauteurs de ce ravissant domaine skiable.


© Saastal Tourismus AG / Tom Malecha / Filme von draussen

À cette altitude, aucun canon à neige n’a besoin d’être déployé, les seuls éléments suffisent à darder le sol de douce mitraille blanche. La qualité du couvert neigeux est rien de moins qu’exceptionnelle : celui-ci est à la fois souple, moelleux et mordant, juste assez raidi pour vivifier la glisse tout en conférant un contrôle absolu sur les planches. De mémoire de skieur assidu, rarement ai-je tâté de mes spatules un tapis blanc si agréable à dévaler, si bienfaisant à prendre en carres – le tout en sentant mon regard constamment aspiré par l’enfilade de hauts sommets et la vue plongeante sur la vallée où se tapit Saas-Fee.

La fraîcheur des hauteurs


© Saastal Tourismus AG / Filme von draussen

Pourtant, rien ne laissait présager pareilles conditions en débarquant du train à Stalden-Saas, bourgade postée à 795 m d’altitude dans la vallée de la Vispa, un affluent du Rhône voisin : en lieu et place de doux flocons frais, de gros cristaux liquéfiés nous dégoulinaient sur les joues, en attendant le bus.

Trente minutes de constante grimpette motorisée plus tard, c’est derrière la trame ouateuse d’une dentelle blanche que s’est révélée Saas-Fee, croquignolet village piétonnier où les voitures sont bagnola non grata. Jalonné de façades pittoresques, il compte aussi nombre de raccards (ou mazots), ces rustiques constructions de bois sur pilotis déposées sur des disques d’ardoise, qui servaient jadis à entreposer les grains à l’abri des rongeurs.

© Gary Lawrence

Lové dans le cul-de-sac d’une vallée, Saas-Fee n’a été relié au monde que par un seul sentier muletier, jusque dans les années 50, et l’essentiel du village a ainsi gardé son charme d’antan, avec ses façades de bois laminées par le temps et noircies par le soleil; il forme aujourd’hui une sorte de Zermatt en miniature, la folle animation, l’étalage de boutiques de luxe et l’omniprésence de voiturettes électriques en moins.

Située au cœur de la région la plus ensoleillée de Suisse (le Valais), non loin de la frontière italienne, Saas-Fee baigne aussi sous les rayons solaire 80 % de l’année. La centaine de kilomètres de pistes y alternent à 70 % entre l’intermédiaire et l’avancé, alors que le dénivelé s’étire jusqu’à 1800 m, le tout dramatiquement emmuré par des façades alpines qui donnent des frissons d’euphorie. Et si quelques remontées vieillottes subsistent (et datent de l’époque de la sirupeuse vidéo Last Christmas, tournée ici), elles seront remplacées au cours des prochaines années, y compris dans le métro alpin.

Trois versants renversants


© Gary Lawrence

S’ils sont tous accessibles depuis le village, les trois versants skiables de Saas Fee ne le sont pas en altitude, et il faut toujours compléter les descentes jusqu’en bas pour rejoindre les remontées et passer d’un versant à l’autre. Le Felskinn (3500 m) est, de loin, le plus intéressant et se déploie en secteurs intermédiaires à experts, hormis la piste pour débutants à sa base; le versant du Feegletscher (2870 m) donne lieu à de longues descentes sportives; alors que le versant du Plattjen (2570 m) offre des points de vue saisissants sur les façades alpines. Il donne aussi accès à une bucolique descente qui zigzague en forêt, parfaite pour terminer la journée avant d’arriver directement au village, au coeur d’une floppée de bars et de guinguettes animés à l’heure de l’après-ski.

Ce n’est pas tout : une piste de luge démarre au sommet du Hannig (2336 m) et trois paisibles stations satellites gravitent dans l’orbite de Saas-Fee, pour les adeptes de faibles dénivelés : Saas-Grund (où démarre une autre piste de luge), Saas-Almagell (où est né Pirmin Zurbriggen, champion olympique de ski à Calgary en 1988) et Saas-Balen.


© Saastal Tourismus AG / Finnegan Laver

Enfin, comme partout ailleurs en Suisse et en Europe, la randonnée alpine a de plus en plus la cote, à Saas-Fee. Au départ du refuge Britannia, aménagé en 1912 sous le glacier de Hohlaub, des grimpettes en ski de 3 à 5 h pour le Fluchthorn (3800 m) ou pour le Stahlhorn (4000 m) offrent des panoramas grandioses ainsi que des descentes hors-piste hors-pair, en partie sur le dos des glaciers.

Après tout, c’est par le hors-piste qu’est né le ski à Saas-Fee, qui se targue (tout comme St. Moritz) d’être le berceau suisse de la glisse. Il y a 175 ans, le curé du village attachait déjà des lattes de bois à ses pieds pour rendre visite à ses ouailles dans les hameaux de la région; depuis, le ski y est devenu une véritable religion – ou un conte de (Saas) fées, diront certains, tant il peut enchanter quiconque le pratique ici, hiver comme été.


À lire aussi - Les Portes du Soleil : ski entre la Suisse et la France


Pratico-pratique


© Saastal Tourismus AG / PuzzleMedia

  • Y aller

Air Canada dessert Genève en vol direct et sans escale, cinq fois par semaine durant la saison hivernale, depuis Montréal; Swiss fait de même quotidiennement sur Zürich. Émission de Co2 par segment de vol : 342 kg pour Genève, 348 kg pour Zürich.

Saas-Fee est située à environ 3 h de train et de bus des aéroports de Genève et de Zürich, eux-mêmes reliés directement aux gares ferroviaires.

© Saastal Tourismus AG / Tom Malecha / Filme von draussen

Outre le ski alpin, le ski de montagne, le ski-alpinisme et la luge, l’escalade de glace et la randonnée en crampons sur les glaciers sont très prisées, à Saas-Fee.

Périodes à éviter pour le ski : les vacances des Fêtes, l’essentiel du mois de février et les vacances de Pâques, où les skieurs affluent. Le reste de la saison (entre novembre et avril) est moins fréquenté et on n’attend pratiquement jamais aux remontées. On peut également skier sur 20 km de pistes situées sur le glacier, de juin à octobre.

  • Dormir


Walliserhof Grand-Hotel & Spa © Gary Lawrence

Pour passer la nuit avec faste et se régaler royalement, le Walliserhof Grand-Hotel & Spa est le meilleur établissement de Saas-Fee. Membre Relais & Châteaux, ce 5 étoiles dispose de vastes chambres avec balcons, d’un restaurant aux mets délectables et d’un spa ultracomplet avec ravissante piscine, saunas, bains vapeur, etc. À 5 minutes à pied des remontées. Dans un registre plus modique, le Saas-Fee Wellness Hostel 4000 offre des lits en dortoir à partir de 60 CHF/nuit (90 $); entre les deux, l’hôtel Les Amis propose des chambres pour deux à compter de 170 CHF/nuit (250 $).

Quelques forfaits hébergement/ski sont aussi offerts pour 580 CHF et plus/2 pers. dans plusieurs établissements hôteliers, comme Magie de la Neige (4 nuits minimum) ou Spécial Mid-Week (3 ou 4 nuits du dimanche au vendredi en janvier, tarifs variés).

  • À boire et à manger


Drehrestaurant Allalin © Gary Lawrence

Tout en haut du domaine skiable, le Drehrestaurant Allalin est le plus haut restaurant tournant au monde. En une heure, il permet autant de se régaler d’un succulent rösti ou de pâtes décadentes que d’admirer le grandiose décor de pics environnants – dont l’Eiger et la Jungfrau; par temps dégagé, on peut même apercevoir Milan, surtout au lever du jour. Juste en dessous du restaurant, on peut aussi pénétrer dans le Pavillon de glace, un réseau de galeries creusées à même le glacier.

Contrairement à Zermatt, où les restos traditionnels en bord de piste (bergrestaurants) pullulent, Saas-Fee compte surtout des restos d’altitude intégrés aux remontées, sauf exception, comme le Gletschergrotte, pittoresque et isolé au bout d’un chemin neigeux.


© Gary Lawrence

Au village, le Zurmuehle est aussi réputé pour ses après-skis que pour ses viandes de gibier, sa soupe au fromage et ses fondues (à la viande, aux tomates, au fromage…) alors que pour une sandre des Alpes, un canard miel et kumquat ou un gnocchi courge et sauge, on s’attable au restaurant Zer Schlucht, avec vue sur une petite gorge.


L’auteur était l’invité de Suisse Tourisme, de Tourisme Saas-Fee et de la Région Valais Matterhorn.

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