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  • Crédit : Annie-Claude Roberge

Normand Piché : 74 jours sur l’océan

Le Québécois Normand Piché a réalisé son pari : devenir le premier Nord-Américain à relier les 5 continents à la nage. Tout juste rentré au Québec, il nous raconte ses deux dernières traversées et fait le bilan de son expédition.

Comment ça va ? Content d’être rentré au Québec ?

Oui, ravi de revoir ma fille après 86 jours à l’extérieur du pays. Je suis très heureux d’avoir accompli ces 5 traversées, dans les temps, en 74 jours. Le défi est relevé ! Mais je me sens aussi un peu nostalgique d’un projet qui se termine. Je n’ai pas vu le temps passer.

Votre dernière traversée, entre l’Égypte et la Jordanie, a été « la plus difficile. Mon plus gros défi physique à vie ». Pourquoi ?

La météo a été chaotique. J’ai nagé 8 heures dans du gros courant, avec des vagues de 2 à 3 mètres. Si j’arrêtais de nager, je reculais. Je devais rester sur le dos pour me ravitailler. Ce fut toute une épreuve ! Si j’avais réalisé cette traversée dans les mêmes conditions à Gilbratar, on m’aurait interdit de la faire. Mais pour celle-ci, c’était particulier. C’était un gros événement, organisé par un promoteur. L’ambiance était un peu folle au départ, avec de la musique, la présence de danseurs et même de militaires hauts gradés.

Avant de pouvoir nager dans le détroit de Gibraltar, vous avez longtemps été bloqué, faute d’autorisation. Au point où vous espériez qu’un miracle se produise. Finalement, il s’est réalisé…

Totalement ! L’impossible est devenu possible en seulement quelques heures. La veille de la traversée, je suppliais l’ACNEG (l’Association de natation du détroit de Gibraltar qui délivre les autorisations de traversée) quasiment à genou. Mais c’était la fin de la saison. Il ne restait qu’une seule traversée, celle de Rohan Moore. Si je me joignais à lui, j’obtenais l’autorisation de nager. Heureusement, nous nous étions entrainés ensemble les jours précédents. Il a accepté que je me joigne à lui. Le but de mon expédition, c’était aussi l’union et la fraternité. Ça a été le cas à Gibraltar. On a nagé côte à côte, en s’entraidant, comme deux frères de longue date, alors que nous nous connaissions que depuis quelques jours…

Crédit : Annie-Claude Roberge

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris tout au long de cette expédition ?

La synchronicité des rencontres. Celle de Rohan fut magique, mais il y a en eu d’autres. Des personnes présentes au bon endroit, au bon moment. Des heureuses coïncidences qui m’ont permis d’avancer et de débloquer des situations problématiques.

Qu’avez-vous appris de ce voyage ?

Ce qui fait notre richesse, ce sont nos différences. Si on s’ouvre à ces différences, la magie peut s’installer et le monde s’ouvre à nous. J’ai grandi en tant qu’être humain. Je me sens plus fort physiquement, mentalement, intellectuellement. J’ai l’impression de pouvoir déplacer des montagnes, car mon rêve s’est réalisé.

Si c’était à refaire ?

Je plongerais dedans, sans hésiter ! Je ne regrette rien. Je n’étais pas tout seul dans l’aventure. J’avais une équipe avec moi. Des gens que j’ai choisis, mais qui ne se connaissaient pas avant. Ce ne fut pas tous les jours faciles. On a eu des moments un peu rock’n’roll, de la promiscuité… Ce petit groupe est devenu, au fil du temps, une équipe. On a développé des liens très forts. Cet esprit d’équipe, cela a aussi été l’autre grand apprentissage de l’expédition.

Crédit : Annie-Claude Roberge

La suite, c’est notamment des conférences en école. Quel message voulez-vous transmettre à ces jeunes ?

De trouver leur rêve, leur passion, leur voie. Cela demande de l’écoute de soi, pour découvrir ce qu’ils aiment. Ils sont capables de faire face à n’importe quel défi, s’ils persévèrent. Ils ont le droit de se tromper, mais cela ne doit pas les empêcher d’essayer. Ils ont le futur entre leur main.

Encore plus
Son site internet : o5swim.ca

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