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Dossier cyclotourisme : conseils d'experts

Vous rêvez de partir sur votre bécane durant des jours complets? Voici ce que vous devez savoir pour réaliser votre aventure et les trucs de la route de ceux qui sillonnent le bitume depuis un bout.

Pierre Bouchard, Julie Labrecque et Lucie Poulin, nos trois experts de la route, vous donnent les conseils, trucs et astuces qu’ils ont pu tester et vérifier lors de leurs différents périples à travers le monde.

S’équiper :

> Quel type de vélo privilégier?

Pierre est un adepte de l’utilisation du vélo de montagne lors de ses périples, Lucie a choisi un vélo de cyclotourisme tandis que Julie a roulé sur un vélo hybride. Le principal, semble-t-il, c’est de faire équipe avec une monture qui convienne à nos exigences (confort, robustesse, polyvalence) et surtout de ne pas regretter son choix une fois sur la route. Dans tous les cas, on opte pour un vélo avec une gamme de vitesses diversifiées pour éviter de trop pousser sa monture à chaque montée, des pneus durables qui collent bien à la route (les Marathons de la marque Schwalbe font l’unanimité chez les cyclotouristes aguerris) et un guidon de type course qui offre de nombreuses positions pour les mains. Veillez surtout à ce que les pièces de votre vélo soient disponibles dans le(s) pays à visiter!

Qui sont nos experts ?

Crédit: Pierre Bouchard

Pierre Bouchard et sa compagne Janick Lemieux sont incontournables dans le panorama québécois du cyclotourisme. Ils ont parcouru 60 000 km à vélo en 72 mois autour de la ceinture de feu du Pacifique. Suivez leur série de conférences sur leur page Facebook.

Crédit: christianlevesque.com

Julie Labrecque est une cyclovoyageuse qui a parcouru en solo plus de 15 000 km à travers deux continents : l’Amérique du Nord et l’Afrique. Et très bientôt un troisième : l’Europe.

Crédit: Lucie Poulin

Lucie Poulin et son compagnon Torrey Pass ont passé 19 mois en selle lors de leur traversée du continent américain. De l’Alaska à la pointe sud de l’Argentine, ils ont sillonné 15 pays, quatre États américains et deux provinces canadiennes.
pedalingsouth.com

> Porte-bagages, sacoches ou remorque?

La remorque est intéressante en tout-terrain, car elle permet de conserver une bonne stabilité du vélo. Par contre, elle est parfois très onéreuse (autour de 500 $) et rend les transports longues distances (par avion, bateau ou train) difficilement réalisables. La meilleure solution, adoptée par nos trois experts, semble donc être la combinaison porte-bagages/sacoches, légère et plutôt bon marché. Cela demande toutefois un équipement minimaliste et une grande précision d’organisation. Lucie Poulin conseille d’identifier les sacoches grâce à un code de couleurs en fonction de leur contenu. L’utilisation de sacoches nécessite par ailleurs une roue arrière très robuste (moyen, jante et rayon), car elle supporte à la fois le cycliste et son équipement. Question stabilité, aucun souci si le vélo est bien équilibré.

Se préparer :

> Adopter de bonnes habitudes

Que vous prévoyiez un voyage à vélo d’une fin de semaine ou de plusieurs mois, vous passerez une bonne partie de vos journées en selle. C’est un exercice physique et mental exigeant auquel le corps doit se préparer. Le meilleur conseil est donc d’adopter le vélo comme moyen d’un maximum de déplacements quelques semaines au préalable. Sans que cela devienne un entrainement d’athlète, ce « réflexe vélo » permet de préparer petit à petit son souffle et ses mollets ainsi que de penser à ajouter quelques accessoires pratiques à sa monture (rétroviseur, garde-boue, etc.) et de les tester en situations concrètes sur la route.

> Conseils et formations

Le constat de nos trois aventuriers, c’est que les conseils sont toujours les bienvenus, mais il y en a à prendre et d’autre à laisser. Portez une oreille attentive à l’expérience de cyclotouristes aguerris et de professionnels comme les vendeurs spécialisés plutôt qu’aux histoires démotivantes que peuvent répéter la famille ou les amis. D’autre part, il est important, avant le départ, d’apprendre les rudiments de la mécanique comme changer une chambre à air, ajuster les freins et les vitesses ou encore réparer une chaine brisée. Question d’épargner du temps et de l’argent!

Bien rouler :

> La bonne position

Le confort est une condition essentielle à une sortie de cyclotourisme. Pierre et Lucie ont souvent rencontré des voyageurs sur le point d’abandonner à cause d’un inconfort dû à une mauvaise position ou un mauvais équipement. Un selle trop rigide, un guidon trop avancé ou encore une surcharge de bagages peuvent causer des blessures forçant l’abandon. D’où l’importance de demander conseil en magasin et surtout de roder son matériel lors de sorties préparatoires.

> Charger le vélo

Un poids restreint et une répartition efficace des bagages sont deux grands principes à respecter pour bien rouler. Si c’est le vélo qui vous porte, c’est tout de même vous qui le poussez à la force des jambes! Voyagez donc léger, surtout sur terrain vallonné ou montagneux, car chaque gramme se ressent au niveau des mollets. On oublie les objets pour le « au cas où » et on se contente du nécessaire. Quant à la répartition idéale, voici la clé : placez les sacoches le plus bas possible, les objets encombrants à l’arrière et les plus lourds devant, au fond des sacs.

Encore plus
Bonnes adresses pour préparer un voyage à vélo

- Crazyguyonabike.com : site de partage d’expériences de centaines de cyclotouristes à travers le monde.
- Trentobike.org : autre site de récits de voyageurs à vélo, classés par pays.
- Warmshowers.org : plateforme en ligne pour trouver ou offrir l’hospitalité aux cyclotouristes partout sur la planète.
- Bicycletouringpro.com : un blogue et une page Facebook à suivre, remplis de bonnes ressources.
- Velocia.ca : forum québécois sur le cyclisme avec une rubrique dédiée au cyclotourisme.

 

Crédit: christianlevesque.comJulie Labrecque
Cyclo-addict

Julie a roulé sur plus de 15 500 kilomètres de routes, de sentiers et de chemins poussiéreux en quatre années d’aventures à vélo. Ses coups de pédale l’ont menée un peu partout en Amérique du Nord, puis au Mali, au Kenya et très bientôt en Europe. Portrait d’une cyclonomade qui ne peut plus s’arrêter de rouler.

Depuis quand formes-tu un couple inséparable avec ton vélo?

Cela remonte au tout premier de mes voyages à vélo, celui qui m’a conduit de Seattle – où j’ai travaillé pour la compagnie Boeing – jusqu’à Montréal en zigzaguant dans l’Ouest canadien et américain. Je me suis lancée dans ce projet en 2008, pensant que j’allais bientôt être mise à pied en raison de la crise qui touchait l’aéronautique. J’ai imaginé un long et beau périple à travers tous les paysages que je rêvais un jour de découvrir. Je n’ai finalement jamais été licenciée, alors c’est moi qui ai quitté mon travail pour concrétiser ce bel itinéraire! Après 10 000 kilomètres, je n’ai plus jamais été capable de vivre sans mon vélo.

Jusqu’où t’a menée cet amour inconditionnel?

Jusqu’au Kenya et bientôt dans les Balkans! Les voyages à vélo permettent de vivre les choses différemment, d’être plus proche des gens et des paysages. On laisse son inspiration guider ses roues et on ne se soucie même pas de savoir où dormir le soir puisque les occasions se présentent en général d’elles-mêmes. Le fait d’être toute seule à vélo m’a également permis de faire plus de rencontres que lorsque l’on roule à deux. Mais ça a aussi été très difficile pour moi, en Afrique particulièrement, où les gens ne comprennent pas pourquoi une fille voyageait à vélo et seule par-dessus le marché! Bien sûr, mon entourage m’avait mise en garde avant de partir, mais j’ai comme caractère de ne pas trop écouter ce qui se dit autour de moi et de me faire ma propre opinion et ma propre expérience. C’est sûrement pour ça que je voyage seule.

Serais-tu un jour capable de renoncer au vélo pour un chum?

Ses voyages

2009 — Seattle à Montréal (en zigzaguant); 10 000 km
fromseattletomontreal.blogspot.ca/

2010 Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve; 3 900 km
blogs.unelonguemarche.ca/Julie/

2011 Tour du Mali en single speed; 1 300 km
ekicycle.com/category/biketrips/mali-biketrips/

2012 Kenya; 300 km autour du mont Kenya
ekicycle.com/

2013 Projet de boucle en Europe, des Alpes aux Balkans pendant plusieurs mois

Le vélo fait tellement partie de ma vie, de mes voyages et de mon quotidien que je me vois mal y renoncer. J’imagine donc que mon copain devra lui aussi aimer le vélo. Mais je ne m’attends pas nécessairement à ce qu’on partage cette passion jusqu’à partir à vélo tous les deux en voyage. J’aime rouler seule. J’ai tout appris par moi-même et je pense qu’il est maintenant impossible pour moi de voyager avec quelqu’un d’autre. Bien sûr, plus tard j’aimerais initier mes enfants au cyclotourisme, mais seulement sur de petites distances, dans le Maine par exemple.

Quelques conseils pour ceux qui voudraient suivre tes traces?

Préparez votre voyage, autant au niveau de l’équipement que de l’itinéraire, en vous servant d’Internet. J’ai tout appris sur des blogues, des forums et en participant à des conférences. Concernant la préparation physique, le meilleur conseil que j’ai à donner, c’est celui d’intégrer le vélo à votre mode de vie dès que possible. Faites vos courses à vélo, allez chez des amis en vélo, tout faire avec lui pour qu’il devienne une partie de vous. Vous serez ainsi plus en forme et bien plus épanoui!

Là où la météo a été la plus rude : Terre-Neuve, où j’ai été mouillée du matin au soir durant des jours entiers avec les vents les plus terribles que j’ai connus!

Là où les gens sont les plus accueillants : au Nouveau-Brunswick, à Terre-Neuve et au Colorado où les gens sont curieux et chaleureux.

Là où tu as été le plus mal à l’aise : en Afrique, où ma peau blanche ne me permettait hélas pas assez de me fondre dans le décor...

Là où tu t’es sentie le plus seule : en plein désert de l’Utah, seule sur cette route paumée à 200 km du village le plus proche.

La plus belle nuit de camping : sur la berge d’un lac, quelque part le long de la péninsule Olympique, dans l’État de Washington.

Le plus grand nombre de kilomètres en une journée : 208 km au Mali, entre Bougouni et Sikasso, en 12 heures de route.

Le meilleur souvenir à vie : certainement la première journée de mon premier voyage, sur la route entre Seattle et Vancouver. De bon augure pour la suite du voyage et de ma vie!

 

Crédit:  G. Fontaine / Vélo Québec

Itinéraires pour rêver en pédalant

Au Québec

La route des navigateurs
Avec le Saint-Laurent comme fil conducteur, cet itinéraire parcourt trois régions maritimes au charme insoupçonné. Le Centre-du-Québec, la Chaudière-Appalaches et le Bas-Saint-Laurent déroulent 470 km de routes côtières ponctuées de charmants villages où mettre pied à terre le temps d’une étape.
routedesnavigateurs.ca

Le tour des îles de la Madeleine
Destination familiale par excellence pour le cyclotourisme, les îles de la Madeleine se découvrent en trois journées de coups de pédale, cinq si le peloton familial planifie des arrêts sur les différentes plages et chez les artisans locaux. Les croisières CTMA offrent aussi d’intéressants forfaits vélo, clé en main.
croisieresctma.ca

Le Grand Tour Desjardins
Pour sa 20e édition (3 au 10 août 2013), ce grand événement du cyclotourisme invite les Québécois à rouler tous ensemble autour du lac Saint-Jean, le long du Fjord du Saguenay puis sur la route des Baleines lors d’une grande randonnée festive de près de 900 km.
veloquebecvoyages.com

> Pour davantage d'idées de destinations québécoises : Top 5 du cyclotourisme au Québec

Ailleurs sur le continent

La Cabot Trail
L’île du Cap-Breton, située à l’extrême nord de la Nouvelle-Écosse, est sillonnée par une route panoramique de près de 500 km dont la beauté fait autant tirer la langue aux cyclistes que sa difficulté. Entre hauts plateaux montagneux et petits villages de pêcheurs, les reliefs donnent du fil à retordre aux mollets, même les plus aguerris.
cabottrail.travel

La Virginie
Plages, vignobles et montagnes sont sillonnés de centaines de kilomètres d’asphalte lisse qui ne demandent qu’à être parcourus. En prime, les automobilistes y ont la réputation de démontrer un civisme exemplaire à l’égard des cyclistes. Bienvenue au paradis du cyclotourisme!
virginia.org

Dans le monde

Au pays des tulipes
Tel un pèlerinage au pays de la petite reine, la découverte des Pays-Bas en vélo est un voyage dépaysant et fortement coloré. Les milliers de kilomètres de pistes cyclables du pays traversent des champs de tulipes à perte de vue avec comme seul relief une enfilade de moulins à vent ou d’éoliennes plus modernes. On pousse sa bicyclette jusqu’à Amsterdam pour rouler sur ses plus charmants canaux.
holland.com

Cuba en « rien d’inclus »
Rouler au milieu des champs de canne à sucre, de tabac, de fruits et de légumes est un privilège rare et savoureux. Loin des hôtels côtiers et au plus près des agriculteurs locaux, les cyclotouristes qui empruntent les routes cubaines pendant une semaine ou deux n’ont qu’une obsession à leur retour : y retourner l’hiver suivant!
surlaroute.ca

> Aussi : La Nouvelle-Zélande à vélo

Commentaires (1)
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Rocray - 21/06/2013 23:55
Ma conjointe et moi pratiquons le vélo-camping depuis plusieurs la fin des années '80. Nous partageons la plupart des conseils émis par vos experts, mais notre avis diffère quant au guidon de type course. Celui-ci est trop nerveux et demande plus d'efforts pour tourner quand le support avant est lourdement chargé. De plus, il faut avoir le cou cassé pour regarder les paysages avec ce type de guidon, paysages que les cycle-sportifs ne regardent guère. Ils ont plutôt les yeux fixés sur leur cyclomètre, ces cyclistes. D'ailleurs, les vélos de Pierre Bouchard et de Janick Lemieux sont équipés de guidons comme ceux que nous utilisons, moyennant aussi des poignées additionnelles aux extrémités pour changer de position des mains.
Les remorques sont effectivement lourdes, grosses et peu commodes à transporter en avion. De plus, elles rebondissement constamment sur des routes de terre ou les cailloux, ce qui rend leur tire détestable. Vive les sacoches suspendues sur des porte- bagages de qualité. Nous insistons sur la qualité de ceux-ci, car ils risquent de briser sous les chocs fréquents.
Les sacoches doivent aussi posséder des capotes étanches et bien ajustées contre la pluie. Il est aussi préférable de mettre les vêtements dans des sacs étanches à l'intérieur des sacoches, car l'eau s'infiltre par tous les interstices (rien n'est vraiment étanche).
Il importe aussi de toujours placer les choses dans les mêmes sacoches pour pouvoir toujours s'y retrouver, notamment quand elles sont décrochées des bécanes.
Il faut aussi insister sur la solidité de la roue arrière et sur la qualité des pneus. Nous roulons avec 48 rayons sur la roue arrière, pour éviter qu'elle fausse facilement. Un simple cours de mécano de vélo offert par Madame Belzile, évite beaucoup d'ennuis potentiels. Bien sûr , une trousse de réparations mineures est un pré-requis absolu.
Le rétroviseur est indispensable, peu importe où vous le placez. Autre conseil, munissez-vous d'un petit poteau de suspension au bout du poteau de selle. Comme ça, votre selle bougera un peu en suivant le mouvement des cuisses (formidable pour éviter des frottements désagréables), et les coups de la route seront amortis.
Nous roulons avec une quarantaine de livres de bagages par vélo. Oui, nous transportons des extras comme une glacière en tissu, une couverture pour les pique-niques, et parfois même avec un sac de vinier sans boîte (ils sont très solides), mais quel plaisir en fin de journée, à côté de sa tente déjà montée et prête à nous accueillir après une agréable journée d'efforts. Vive le cyclotourisme !!!