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  • Crédit: Yves Ouellet

Voyage blanc au bout du Québec!

Le ciel est plus bleu que jamais. Le désert de neige pure est éblouissant. La mer bouscule une banquise morcelée. Le vent soulève l’écume et s’entête à sculpter la côte. Les touristes ont fui. Les Madelinots se retrouvent enfin et les rares visiteurs profitent dans la solitude d’un environnement tout simplement fabuleux.

En été, ils sont des dizaines de milliers à se ruer sur les plages, à se gaver de homard, à occuper les cafés et à explorer l’archipel à vélo, en kayak, à pied, en kitesurf, en bateau ou en auto. Mais lorsque vient l’hiver, tout change : les maisons rabattent leurs volets. Les hôtels, les auberges, les restaurants et les attraits touristiques ferment leurs portes. Les estivants et les villégiateurs sont partis et les insulaires se retrouvent entre eux, après des mois « d’invasion ». Seuls quelques voyageurs privilégiés osent accéder à cet univers insulaire merveilleux qui se fige au milieu du golfe du Saint-Laurent.

Hiver comme été, les seules façons de se rendre aux Îles de la Madeleine sont l’avion ou le bateau. L’avion, c’est facile mais onéreux. Le bateau, c’est plus compliqué, mais c’est par contre une expérience inoubliable qu’on appelle la « croisière en eau froide ». Dès son départ, le navire de CTMA pousse un mur de glace devant lui. Il arrive à briser sans trop de difficulté la surface gelée qui peut atteindre deux mètres d’épaisseur. Pas de danger de rester prisonnier des glaces selon le commandant Landry : « Les brise-glace de la Garde côtière sont toujours actifs dans le golfe et ils sont prêts à intervenir en cas de problème. Au pire, les bateaux naviguent à la file indienne derrière les brise-glace qui nous ouvrent le chemin. » L’effet des glaces (outre de ralentir notre vitesse) est ressenti avec les fortes vibrations qui se produisent lorsque le bateau heurte ces blocs gelés.

Quel spectacle que d’observer cet environnement arctique qui se déploie dans toute sa splendeur! Le coucher de soleil sur la banquise prend des couleurs et des nuances qu’on ne peut observer en d’autres saisons. Plusieurs auront même l’occasion d’observer quelques phoques qui reposent sur les glaces et qui regardent passer le bateau sans trop s’émouvoir.

Lorsqu’on débarque aux Îles de la Madeleine en plein hiver, la première chose qui étonne, c’est le calme. Le son qui porte loin. La lumière qui éclate. Avec le réchauffement climatique, la banquise encercle encore l’archipel, mais ne recouvre plus la mer sur des kilomètres comme autrefois... Néanmoins, il y a quand même un hiver ici avec des tempêtes de neige et un vent à vous arracher la tuque la mieux brochée! Comme il y a très peu de forêts sur l’archipel, les buttes restent souvent dénudées et la neige durcie s’amasse dans certains secteurs abrités ou escarpés. Les lagunes peu profondes qui s’étirent sur des dizaines de kilomètres de longueur se transforment en terrain idéal pour le kitesnow, le paraski et toutes les variantes de voile-traction hivernale. On peut aussi loger dans une yourte, marcher et faire du ski de fond ou de la raquette partout sur la neige durcie, longer les falaises qu’on atteint qu’en kayak de mer l’été et se balader des heures sous le vent, sur des plages désertées au décor grandiose. Il reste possible de pratiquer le kayak de mer à travers les glaces lorsque les conditions s’y prêtent, ce qui n’est quand même pas fréquent. Pour toutes ces activités, la référence demeure la compagnie Vert et Mer (1 866 986-3555 • vertetmer.com) située à Fatima.

Les Madelinots ont aussi leur réseau de pistes de ski de fond entretenu par les bénévoles du club local et ils le partagent gratuitement avec les visiteurs. Un sentier linéaire de 11,4 km traverse l’île de Cap-aux-Meules. Un deuxième (5,7 km) se situe dans le secteur Lavernière et on en trouve un autre au Havre-Aubert.

La Mi-Carême et la Grande mouvée

Deux événements incontournables ponctuent la saison froide aux Îles : la Mi-Carême et la Grande mouvée. Dans la lignée du fameux Mardi gras de La Nouvelle-Orléans, la Mi-Carême se célèbre comme une pause festive avant Pâques. On la fête beaucoup sur L’Isle-aux-Grues, en Acadie, dans les Antilles et ici, aux Îles de la Madeleine, principalement dans la paroisse de Fatima. Les gens se déguisent et passent de maison en maison où ils sont accueillis avec un verre d’alcool fort, une chanson et un rigodon! Plusieurs soirées sont organisées pour l’occasion et les visiteurs qui s’y invitent peuvent danser et s’éclater jusqu’aux petites heures avec les insulaires.

Quant à la Grande mouvée, il s’agit de la période de mise bas des phoques qui débute à la fin février. Des dizaines de milliers de blanchons naissent alors sur la banquise lorsque cette dernière se forme. Des forfaits d’observation sont organisés par l’hôtel Le Château Madelinot qui amène les curieux en hélicoptère au beau milieu de cette mouvance irréelle. Pour l’avoir vécu à deux reprises, je peux vous assurer qu’il s’agit d’un moment marquant dans une vie que de se retrouver au milieu de l’immensité glacée, entouré par des nuées de phoques adultes, de mâles qui se pavanent torse bombé, de femelles qui allaitent, plongent et ressortent la tête de leurs trous d’air et de tous ces blanchons naissants qui s’abritent derrière les lames de neige et qui braillent désespérément après leur mère!

Tous les petits et grands plaisirs qu’on apprécie tant aux Îles de la Madeleine durant l’été sont beaucoup plus rares en hiver, mais on les goûte plus intensément. Pensons aux sublimes produits de la fromagerie du Pied-de-Vent et son exceptionnelle Tomme des Demoiselles. Parmi les bonnes tables des Îles où se réunissent les Madelinots, le réputé resto – bistro – auberge Les Pas Perdus est ouvert les midis de semaine, ainsi que les jeudis et vendredis soir où il fait salle comble. Il sert une cuisine décontractée qui compte quelques spécialités locales et une ambiance relax. La bonne pizza aux fruits de mer se savoure au Decker Boy de Fatima et se complète d’un beignet « banax » frit dans la graisse de phoque. Du côté de la Havre-aux-Maisons, les restos Le Sablier et La Maisonnée sont d’autres tables locales intéressantes où aller déguster les poissons et fruits de mer en plus du pot-en-pot (un plat traditionnel de fruits de mer en croûte). La salle à manger du motel Bellevue sert une autre spécialité des Îles : la viande salée. La table du Château Madelinot constitue aussi une excellente alternative. Le Vieux Couvent rouvre ses portes à la fin février.

Transport maritime

Le Groupe CTMA, le transporteur des Îles de la Madeleine, assure le transport maritime vers l’archipel à l’aide de deux navires. Le CTMA Voyageur est un cargo qui n’accueille que 12 passagers. À partir du 1er février, il relie Matane à Cap-aux-Meules une fois par semaine avec un départ le samedi et l’arrivée le dimanche. 

Le CTMA Vacancier, celui qui fait la croisière Montréal — Les Îles en été, effectue également la liaison Souris (I.-P.-É) – Cap-aux-Meules en hiver. La traversée ne dure que cinq heures et est beaucoup moins coûteuse. Mais, pour une expérience plus excitante, le choix de Matane s’avère plus intéressant avec l’éventualité d’un coucher de soleil sur le golfe et d’une nuit à bord.
CTMA : 1 888 986-3278 • ctma.ca

Information générale et carte des pistes de ski de fond
Tourisme Îles-de-la-Madeleine : 1 877 624-4437 • tourismeilesdelamadeleine.com

Excursions d’observation des blanchons sur la banquise :
Château Madelinot : 1 800 661-4537 • hotelsilesdelamadeleine.com

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