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  • Crédit: Lukas Gojda

Yolaine Oddou et Olivier Rochon : un hiver athlétique

Les athlètes québécois Yolaine Oddou (22 ans / biathlète) et Olivier Rochon (23 ans / sauteur à ski) trépignent d’impatience à l’idée de chausser les skis et de retrouver le chemin de la compétition après de longs mois de préparation estivale. Ces deux champions sont investis d’une même envie de réussite, et rêvent tous deux de grimper au sommet de l’Olympe. Par question interposée, ils se font un face-à-face à distance, le temps d’une entrevue.

Quel bilan dressez-vous de la saison précédente?

Yolaine Oddou : Je suis contente de ma première saison chez les Seniors, car je voulais me situer par rapport aux autres et je ne m’attendais pas à de tels résultats, notamment une médaille de bronze sur une manche de coupe d’Europe. Cela me donne confiance pour la suite. J’ai beaucoup appris en participant aux Championnats du monde, même si j’ai terminé à une très mauvaise place. Je n’avais jamais vécu une aussi grosse défaite. Il a fallu faire un travail sur moi, faire le bilan pour pouvoir me relever. C’était indispensable pour me relancer sur d’autres courses.

Olivier Rochon : Je n’avais pas d’objectifs précis, mais je m’étais dit que faire un ou deux podiums, ça serait bien. Je suis satisfait, car sur les dix compétitions, j’ai terminé dans les neuf finales et réalisé cinq podiums. J’ai bien sauté tout au long de la saison et j’ai remporté le Globe de cristal en sauts. Je m’étais peut-être sous-évalué!

Olivier, comment avez-vous géré votre suspension d’un an en 2011?

OR : Au début, j’étais très frustré, en colère après moi. Puis j’ai pris du recul sur les choses. Je l’ai pris comme une bonne occasion de voir et faire autre chose, de vivre une année « normale », de me lever le matin pour aller travailler. Une parenthèse qui m’a motivé à revenir plus fort au saut.Crédit: Pam Doyle

Yolaine, quelles sont les différences majeures entre les catégories seniors et juniors?

YO : Le niveau de la compétition est beaucoup plus relevé, avec des athlètes qui sont les meilleures au monde. Tout y est plus rapide, plus technique. Mais, je n’ai pas à en être impressionnée. Je dois simplement m’en inspirer.

Avant la reprise de la compétition, quel type d’entrainement avez-vous subi?

YO : En biathlon, on s’entraine pratiquement toute l’année. J’ai participé à plusieurs camps d’été au Québec. Ce sont des mois où l’on encaisse beaucoup de volume de travail, avec une grande variété de sports, comme le kayak, la course. Le retour sur les skis se fait en octobre, pour les premières neiges en Alberta.

OR : Je m’entraine au club au club Le Relais à Québec, pour pratiquer la technique et apprendre de nouveaux sauts. Environ 75 % de l’entrainement se fait l’été, de mai à octobre. C’est une bonne période pour répéter ses gammes, car pendant la saison, avec l’enchainement des compétitions, c’est plus compliqué.

Quels sont vos objectifs pour cette nouvelle saison?

YO : Ils sont de différents niveaux. Au national, monter sur le podium des championnats canadiens. À l’international, j’aimerais participer aux épreuves de la coupe du monde de l’IBU (Union internationale de biathlon). C’est une nécessité si je veux aller aux Jeux olympiques de 2014.

OR : En 2012, il y aura sept compétitions, je vise au moins cinq podiums si je veux garder le Globe de Cristal. La reprise se fera à Pékin, fin décembre. L’épreuve se fera dans au Nid d’Oiseau, dans le stade olympique. Je vais donc passer le Nouvel An en Chine!

Les Jeux olympiques, est-ce déjà un objectif à l’esprit?

YO : Ça va arriver très vite. On est déjà observé pour savoir si on y sera. Honnêtement, ça serait un exploit, car je suis encore jeune. Seules quatre personnes seront sélectionnées, et trois sont déjà assurés de l’être, grâce à leurs bons résultats : Zina Kocher, Megan Imrie et Megan Heinicke. Il reste donc une place. Environ une douzaine de filles peuvent prétendre y aller. Je suis très motivée.

OR : Oui, surtout que les qualifications pour 2014 commencent dès cette année. Il faut obtenir de bons résultats pour être sélectionné. Mon but est de valider mon ticket le plus tôt possible, mais je suis de nature relax, je ne stresse pas.

Pourquoi avoir choisi votre sport?

YO : Quand j’étais plus jeune, je faisais du ski de fond au club Castor Kanik de Valcatier. Une amie m’a poussée à tester le biathlon, lors d’une journée portes ouvertes. Ça a été le coup de foudre. Je me suis tout de suite sentie en confiance avec la carabine. J’aime le ski de fond, mais je préfère le biathlon, car ce sport a deux parties distinctes, deux mondes totalement différents : la vitesse sur les skis, la concentration extrême au moment du tir pour atteindre la meilleure précision possible. Le biathlon est aussi un sport imprévisible. Tu peux être premier au dernier tour, mais si ton tir est mauvais, tu perds toutes tes chances de victoire.

OR : Avant le saut à ski, j’ai fait de la gymnastique, j’étais dans l’équipe canadienne espoir pour les JO 2012. Mais je me suis blessé gravement aux deux poignets et je devais décider si je voulais subir une opération, mais sans aucune garantie de rétablissement. En parallèle, je pratiquais le ski de bosse dans un club régional. J’ai été approché par un entraineur et j’ai fait le choix du saut à ski. J’avais envie de changement, surtout après 11 ans comme gymnaste.

Quelle est votre situation professionnelle, en parallèle de votre sport?

YO : Je suis étudiante à l’Université du Québec à distance, en psychologie. Le biathlon n’est pas un sport de millionnaire, donc j’ai aussi des petits boulots comme serveuse. Mais mon sport m’occupe à temps plein, six jours sur sept… et deux fois par jour. Ce n’est pas toujours simple de gérer tout cela, car je ne veux rien négliger. Au début, c’était difficile, mais maintenant, je m’y suis faite. C’est juste une question de pratique et de discipline.

OR : Je suis skieur à temps plein. En plus d’être breveté par Sports Canada, j’ai des commanditaires personnels qui me permettent d’avoir des entrées d’argent et de vivre pleinement de mon sport. Mais, je suis aussi quelques cours au Cégep, à distance, pour prendre un peu d’avance et commencer à préparer mon avenir.

 
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