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  • Crédit: Daniel Prudek, Shutterstock

Avalanche meurtrière sur l’Everest

La plus terrible tragédie à survenir sur l’Everest laissera des traces... Le 18 avril dernier, vers 6 h 45, 16 sherpas ont perdu la vie dans une avalanche sur la cascade de glace du Khumbu, à environ 5 800 mètres d’altitude. 

Le Dr Alain Bouthillier, neurochirurgien du CHUM, tentait l’ascension du géant himalayen pour amasser des fonds pour la recherche sur l’épilepsie. Il était tout près lorsque l’avalanche est survenue : « J’étais dans ma tente. J’ai entendu le bruit sourd d’une avalanche. Mais cela ne m’a pas surpris, on entend beaucoup d'avalanches depuis le camp de base. Ce sont les chefs d’expédition qui ont donné l’alerte. Ils étaient en contact avec ces sherpas. On a tout de suite compris que c’était grave. »

Les secours se mettent alors en place. Treize corps seront retrouvés et ramenés, un à un par hélicoptère, au camp de base. Les trois autres n’ont pu être dégagés; ensevelis sous une centaine de mètres de neige et de glace. Le 20 avril, les opérations de recherches sont abandonnées.

Dans les jours qui suivent, c’est la confusion au camp de base : faut-il suspendre la saison d’alpinisme? Ou encore l’annuler? « Ma compagnie et mes sherpas étaient prêts à continuer, explique Alain Bouthillier. Après la cérémonie organisée en hommage aux personnes décédées, un petit groupe de sherpas, très revendicateurs, a dit clairement que plus personne ne ferait l’ascension et qu’ils empêcheront les gens de monter. La tension était très forte. Il y a eu des menaces à l’encontre de certains sherpas qui voulaient continuer. Mon équipe a alors pris la décision qu’il était préférable de se retirer, par respect pour les morts. Le lendemain, tout le monde était parti. Il n’y avait plus personne. »

La fin de la saison a aussi donné lieu à un fort mouvement de contestation de la part des sherpas auprès du gouvernement népalais. Des revendications qui portent sur trois points principaux, comme l’explique Gabriel Filippi, grimpeur québécois chevronné en contact régulier avec des sherpas sur place : « Il y a d’abord la question des assurances. Les sherpas demandent une indemnisation de 20 000 dollars, remis aux familles en cas de décès. C’est le point le plus problématique, mais il est en voie de règlement. Le deuxième point est lié au vol des hélicoptères sur l’Everest, interdit par le gouvernement sauf pour urgence médicale. Pourtant, cela aiderait à transporter du matériel pour les camps et diminuerait les nombreux allers-retours des sherpas dans les zones dangereuses. Enfin, ils souhaitent aussi que 30 % des redevances payées par les alpinistes aillent dans un fonds d’indemnisation, qui pourrait servir notamment à l’éducation des enfants. Le gouvernement donne déjà ce 30 % directement à la région du Khumbu pour l’aider dans le développement des infrastructures ». L’ascension de l’Everest représente une manne d’environ neuf millions de dollars annuellement pour le gouvernement népalais, dont trois millions grâce aux permis délivrés par le ministère du Tourisme pour escalader le plus haut sommet du monde...

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