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  • Crédit: Steve Deschênes, Sépaq

Pour ou contre : la raquette hors piste a-t-elle sa place dans les parcs ?

On trouve quelque 300 lieux (soit plus de 3500 km) de sentiers où randonner en raquettes au Québec. Si les adeptes sont de plus en plus nombreux, la raquette hors piste est interdite dans les parcs nationaux. Est-ce justifié ?

OUI, sans compromis

« La raquette constitue une porte d’entrée à la (re)découverte de l’hiver québécois. Elle a rendu la forêt accessible à tous ceux qui ne pratiquent pas le ski. En 2008, 3400 participants ont pris part à nos sorties en raquettes. À chaque fois, nous essayons d’inclure une petite section de hors piste afin d’initier nos clients à deux aspects qui rendent la raquette si intéressante : la sensation unique de marcher dans la neige folle et le sentiment d’explorer un territoire en toute liberté.

Depuis 2005, Éco Plein Air aménage bénévolement, dans l’est du Québec, des zones propices à la raquette hors piste. Nous avons aussi innové dans les destinations proposées en rendant certaines montagnes accessibles à tous. C’est notre façon de faire tomber des barrières, tout en respectant les réglementations en vigueur.

Le véritable plaisir en raquettes n’est pas de marcher sur des sentiers tapés, mais plutôt de se promener dans des territoires extraordinaires qui sont malheureusement inaccessibles aujourd’hui pour certains. Les publicités de la Sépaq mettent en scène des pratiquants heureux de faire de la raquette en pleine neige folle dans le parc national des Grands-Jardins ou en Gaspésie. Ces secteurs, je les connais et, en réalité, ils sont interdits au hors piste !

Interdire le hors piste, c’est répondre de façon radicale aux questions de sécurité des usagers et de sauvegarde de la nature. Mais, le principal risque est celui de décourager les adeptes de la raquette en les limitant de cette façon. Développer l’information et la sensibilisation des pratiquants au sein des parcs permettrait à chacun de prendre ses responsabilités en connaissance de cause. C’est, selon moi, la solution pour une pratique de la raquette hors piste à la fois ludique et bien encadrée. »

- Marc-André Lebuis, fondateur d’Activités Éco Plein Air

OUI, mais à certaines conditions…

« La randonnée à raquettes est une activité qui connaît, depuis quelques années, une forte croissance de popularité. En ce sens, les parcs nationaux du Québec accueillent, chaque hiver, de plus en plus d’adeptes.

La randonnée en raquettes permet de découvrir le milieu naturel hivernal sans disposer d’habiletés techniques particulières ni d’équipements élaborés. Elle est, selon moi, autant compatible avec la mission des parcs québécois que peut l’être la randonnée pédestre.

Les pratiquants s’y adonnent généralement sur des sentiers balisés. Cependant, la raquette peut aussi être pratiquée hors sentier, à la condition que ce soit à l’intérieur de secteurs délimités et signalisés à cette fin. 

Dans le futur, une ouverture pourra concilier, dans certains parcs, notre mission de protection de la nature avec une accessibilité plus grande offerte à nos usagers. Selon l’étendue des parcs et leur fréquentation, des zones non balisées pourraient être dévolues à la pratique de la randonnée à raquettes.

Si les parcs nationaux de Frontenac et d’Oka, par exemple, concentrent un grand nombre d’usagers sur des territoires restreints, les parcs nationaux du Mont-Tremblant ou de la Gaspésie, quant à eux, offrent de grands espaces où il sera possible d’étendre hors sentier la pratique de la randonnée à raquettes.

Mais préalablement à la délimitation et à la signalisation de secteurs destinés à cette fin, des analyses seront nécessaires afin de mesurer les impacts environnementaux dans ces nouvelles zones de pratique et les risques éventuels pour la sécurité des usagers. Chacun des secteurs hors sentier sera alors évalué au cas par cas, selon les spécificités de chaque parc. »

- Raymond Desjardins, vice-président Parcs Québec à la SÉPAQ

Le chiffre du débat : 34 %

C’est, selon un sondage effectué par la Fédération québécoise de la marche (FQM) à l’hiver 2008, le pourcentage de Québécois qui pratiquent la raquette plusieurs fois par mois. Cette même étude révèle que 20,4% sortent jusqu’à trois fois par semaine. Activité empruntée aux Amérindiens dans le courant du XVIe siècle, la raquette représente aujourd’hui le tiers des activités hivernales offertes par les clubs de marche membres de la FQM. Selon une étude du Réseau de veille en tourisme de l’UQÀM, elle se place dans le « Top 5 » des activités hivernales préférées des Québécois.

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