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  • Crédit: Jacob Lund

La compétition : un moment privilégié

D’ici peu sera présenté le Marathon Oasis de Montréal de la série Rock&Roll Marathon, le plus important événement de course à pied au Québec. Cette compétition affiche complet depuis la fin de mai et accueillera près de 30 000 coureurs! Avant d’aborder l’aspect compétitif, parlons des aspects sociaux et personnels de cette course.

Pour s’exprimer collectivement

Lors d’une épreuve de course à pied, la ville appartient aux coureurs! Tous ces sportifs qui pratiquent le sport dans la discrétion et l’anonymat hissent ensemble ce jour-là la bannière de leur sport et y manifestent leur attachement. Comme le dit Christophe McDougall, l’auteur du livre Born to run : « C’est moins pour triompher de nos adversaires que nous participons aux compétitions que pour être tous ensemble. »

Pour inciter plus de gens à courir

Un événement comme le Marathon est un catalyseur. Parmi les spectateurs venus encourager les coureurs, il s’en trouvera un grand nombre qui seront inspirés et prendront la décision de se joindre eux aussi à la vague.

Pour vivre des émotions fortes

Les grands événements de course à pied sont le théâtre de mille triomphes et suscitent chez les coureurs comme les spectateurs autant d’émotions fortes, vives, palpables et souvent dramatiques. Chaque histoire est différente, mais tout aussi intense. C’est sans doute pourquoi la célèbre Kathrine Switzer (elle fut la première femme à compléter le Marathon de Boston en 1967, soit cinq ans avant que ne soit abrogée la règle interdisant aux femmes d’y participer!) prescrivait aux pessimistes : « Si vous désespérez de la nature humaine, sortez voir un marathon! »

Les objectifs en compétition

Sur le plan sportif, certains arrivent à la compétition dans l’espoir de compléter pour la première fois une distance qui va de 5 km au marathon complet. D’autres reviennent faire leur distance pour la troisième… ou la dixième fois et visent une bonne performance ou un record personnel. Et certains se présentent sans objectifs précis, sinon de « bien faire » et de profiter de chaque moment de l’expérience. Trois profils, trois types d’objectifs pour la grande compétition annuelle.

Les débutants explorent de nouveaux territoires

La majorité des coureurs qui en seront à leur première expérience sur une distance donnée en sont généralement à leurs deux premières années d’entrainement. Ils font l’apprentissage de l’entrainement et des distances de compétition. Ils bâtissent des assises solides pour leur avenir de coureur et passent les différentes étapes que représente chaque distance en compétition sur route : le 5, le 10, le 15, le 20 et le demi marathon et enfin le marathon de 42,125 km.

Rien « d’obligatoire » dans ce scénario qui donne l’impression de gravir une à une les marches les conduisant « au pinacle ». Au cours de ces deux premières années, l’accent doit être mis sur des objectifs modestes : terminer ses épreuves et les franchir avec une certaine aisance. Il faut aussi se rappeler que la distance du marathon ne convient pas à tout le monde et qu’il vaut mieux bien s’entrainer avant de s’y aventurer.

Les compétitifs miseront gros 

Après deux ans d’entrainement, les coureurs entrent souvent dans une phase où la compétition occupe une place prépondérante. Yves Boisvert, chroniqueur au quotidien La Presse, a bien illustré cet esprit dans son recueil Pas : « À quiconque me parlait de course à pied, je ne manquais jamais de souligner que je courais pour la forme… J’occultais l’évidence. Je veux courir plus vite, plus longtemps. De plus en plus vite, de plus en plus longtemps. Je veux devenir meilleur. »

Bien entendu, en course à pied, la compétition est toujours contre soi-même. Mais c’est du sérieux! À l’entrainement comme lors des compétitions, les objectifs augmentent, deviennent plus exigeants et plus précis. Plusieurs coureurs viendront couronner leur année d’entrainement le 22 septembre prochain à Montréal. C’est leur cible annuelle, celle qui révélera la mesure de leur progression et servira de tremplin vers de nouveaux objectifs.

À ces coureurs, il faut souhaiter bonne chance, leur conseiller de rester calmes et détendus malgré les enjeux et surtout ne pas limiter leurs attentes à la seule obtention d’un bon chrono. Après quelques années d’entrainement, les records personnels sont plus difficiles à améliorer. Ne perdez pas de vue qu’il vous faudra connaitre « une bonne journée », c’est-à-dire que vous vous sentez prêt (physiquement et mentalement), que vous êtes dans le bon état d’esprit (confiant, mais prudent), que dame nature coopère et qu’une certaine magie s’opère – magie dont vous ne maitrisez pas nécessairement tous les leviers!

On ignore souvent le fait que des milliers de coureurs pratiquent le sport en solitaire par plus plaisir et la plupart du temps éloignés de la compétition. Ils se contentent d’une ou deux apparitions dans l’année, dans les rassemblements les plus importants ou aux événements de leur voisinage. « Pour chaque coureur qui fait le tour du monde en courant des marathons, il y en a des milliers qui courent pour entendre le bruissement des feuilles, écouter la pluie tomber et en arriver un jour à ce que courir leur vienne aussi naturellement que voler pour un oiseau », écrivait l’auteur à succès Georges Shehann. Ils seront nombreux encore cette année, ces coureurs zen qui font de la course pour l’expérience et les bienfaits personnels qu’ils en retirent. Ces derniers prendront sans doute un bain de foule heureux et satisfaisant!

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Jean-Yves Cloutier est l’entraineur-conseil du marathon de Montréal et Michel Gauthier est journaliste indépendant. Ils sont les coauteurs du livre Courir au bon rythme, paru aux Éditions La Presse.

 
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