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  • Crédit : David Mondor Photographe

Héli-rando autour du cratère de Charlevoix

« Si j'avais les ailes d'un ange, je partirais pour... le mont des Morios! » aurait pu chanter Charlebois dans Charlevoix, si notre barde national avait été plus familier avec cette montagne prodigieuse et les parages du pourtour du cratère de Charlevoix, accessibles à pied ou… en hélico.

Il y a bien un sentier qui permet d'atteindre le sommet du mont des Morios (930 m), ce promontoire céleste tout de granite et de toundra, qui règne sur l'astroblème charlevoisien. Mais cet aller-retour vertigineux nécessite une douzaine de kilomètres de rando, au fin fond du pays de Menaud.

Tenaillés par le désir de contempler ce coin de paradis depuis la perspective des oiseaux, nous avons donc opté pour la voie des airs et troqué les ailes de « l'hymne charleboisien » pour les pales et rotors d'Héli-Charlevoix.

Coupant court à l'approche laborieuse vers le lac Boudreault – 65 bornes, une heure de voiture –, et escamotant une ascension éreintante mais jouissive d’une couple d’heures, le corbeau mécanique d'Héli-Charlevoix met 10 minutes pour relier la vingtaine de kilomètres à vol d'oiseau, jusqu’au sommet des Morios.

Ce voyage, expérientiel et sensationnel à souhait, justifie à lui seul la dépense rondelette qu’il implique : dès qu'on quitte le plancher des vaches, qu’on lévite et qu’on gagne de l'altitude, la féérie opère. La vallée de la Du Gouffre se dessine alors avec les méandres de la rivière à saumons, qui s'insinuent au sein d'une mosaïque bigarrée de tous les jaunes et verts, formée par les cultures et pâturages du terroir charlevoisien.

Crédit : David Mondor Photographe

L'hélico remonte ensuite la vallée et enfourche le Cap-Martin, les champs se faisant plus rares parmi les arpents boisés pour céder finalement le terrain à une multitude de lacs, auréolés de conifères, pessières et tourbières.

C'est alors qu'on file vers les palissades contenant le cratère qu'on commence à saisir l'ampleur du drame qui s'est déroulé ici, il y a plusieurs millions d’années. À mesure qu’on s'approche des colosses de roc tout en buvant les récits du pilote, on apprécie la splendeur des lieux puis on salue au passage des membres illustres de cette impressionnante brigade : les monts du Lac des Cygnes (968 m), du Four (980 m), du Lac à L'Empêche (935 m) et Eudore-Fortin (950 m).

Soudain, la tronche du mont des Morios apparaît sous les patins de notre aéronef. Nous nous posons côté cratère sur la crête de granite poli et dénudé de plus d'un kilomètre, l'échine d'un mastodonte formidable : atterrissage improbable et surréaliste! Nous remercions le pilote, agrippons nos sacs à dos puis sortons de l'oiseau mécanique. « À demain matin! »

S’ensuit alors une randonnée de 7 km par-delà ce sommet atmosphérique, qui stimule et émerveille. Nous avançons en équilibre sur l'arête vertigineuse des Morios, alors que ses panoramas à couper le souffle tous azimuts donnent le torticolis. Au terminus nord du sommet longiligne, mirador gigantesque, nous demeurons high et poursuivons vers ces îlots déserts et hallucinants de l'archipel de toundra qu'on retrouve dans Charlevoix.

Crédit : David Mondor Photographe

Le sentier, plus raboteux et visiblement foulé par peu de semelles, franchit les têtes d'étroites coulées qui séparent ces sommets chauves, nous envoyant ainsi une centaine de mètres plus bas évoluer dans le sapinage.

À la descente du mont de la Perdrix, on intègre le décor fantômatique du brûlis du grand feu de 1999. Les troncs gris des épinettes mortes émergeant ici et là confèrent au paysage un caractère insolite qui ne manquent pas d'évoquer ses origines intergalactiques. La forêt qui y reprend ses droits occulte le tracé par endroits et requiert vigilance.

Au franchir d'une dernière coulée, la plus profonde à quelque 850 mètres d'altitude, nous amorçons l'ascension vers le sommet du Gros Castor, qui s'agrippe aux flancs d'une falaise. Ultimes efforts puis, trois heures après avoir atterri sur la crête des Morios, nous découvrons un jardin fleuri et une terrasse en dalles de roc qui surplombe le lac éponyme, l'astroblème et le fleuve. Un perchoir idyllique d’où nous repartirons le lendemain, encore éblouis, quand l’hélico viendra nous chercher pour nous ramener au bercail.

Crédit : David Mondor Photographe

Des forfaits enlevants

En plus des excursions d'observation, Héli-Charlevoix offre toute l'année plusieurs « forfaits d'aventures » avec comme toile de fond le pourtour du cratère de Charlevoix et le mont des Morios, enclave de terres publiques administrée et régie par l'Association Loisirs, Chasse et Pêche du territoire libre – secteur Pied-des-Monts.

Crédit : David Mondor Photographe

Plusieurs optent pour un aller-retour avec brève escale au sommet (25 minutes – 299 $/pers.) ou s'y font larguer le temps d'un pique-nique préparé avec des délices du terroir régional, avant de se faire cueillir à nouveau (durée au choix – 399 $/pers.). Nous avons opté pour une autre version du forfait « Les splendeurs au sommet des Morios » (durée au choix – 379 $/pers.) avec le dessein de marcher jusqu'au sommet du Gros Castor, y savourer une fondue chanko nabé à la plein air et... bivouaquer sur le bord du cratère.

heli-charlevoix.com 


Le cratère météoritique de Charlevoix : un don du ciel

D'un diamètre d'une cinquantaine de kilomètres, partiellement submergé par le Saint-Laurent au sud et dominant majestueusement la terre ferme au nord, l'astroblème charlevoisien résulte de l'impact d'une météorite venue heurter violemment notre coin de pays. C'est le onzième plus grand site d'impact identifié de la planète et le troisième au Canada, derrière les cratères de Sudbury et de Manicouagan. Véritable don du ciel, cette collision intersidérale survenue il y a quelque 400 millions d'années a rendu le peuplement et l'agriculture possibles dans Charlevoix. C'est aussi à ce choc prodigieux que nous devons la création des paysages époustouflants et des biotopes diversifiés qui font la renommée de la région. Pas pour rien que l'UNESCO l'ait désignée Réserve mondiale de la biosphère en 1989, que la SEPAQ y ait érigé deux parcs nationaux, que le bon Eudore Fortin y ait bûché sa légendaire Traversée de Charlevoix et que la bande de l'Association du Territoire Libre de Pied-des-Monts y ait aménagé les sentiers conduisant au mont des Morios, sur le pourtour de ce cratère providentiel...


L’Association Loisirs, Chasse et Pêche du territoire libre - secteur Pied-des-Monts

Fondée en 2001 pour contrecarrer les ambitions territoriales teintées d'exclusivité d'une pourvoirie établie dans la région, cette initiative citoyenne veille au développement des activités de plein air sur ce territoire sauvage faramineux, tout en préservant son accès universel.

La carte de membre qui permet de s'adonner à toutes les activités sur ses pistes, sentiers et plans d'eau coûte 5 $ par année. Le territoire considérable se déploie du mont des Morios et de la montagne La Noyée, parties intégrantes du pourtour du cratère d'impact charlevoisien, jusqu'aux limites des municipalités de Notre-Dame-des-Monts et Saint-Aimé-des-Lacs, au sud; la ZEC des Martres et le parc national des Hautes-Gorges, au nord.

La construction du réseau de sentiers pour la randonnée pédestre a commencé en 2002 avec le segment conduisant au sommet du mont des Morios, alias le Gros Mont – c'est en raison de l'abondance sur la montagne de ces papillons bruns à rayure blanche, les morios (Nymphalis antiopa), que la Commission de toponymie du Québec a retenu le poétique oronyme – et celui qui mène aux chutes de la rivière des Îlets.

Diverses phases intermédiaires ont été nécessaires avant la complétion en 2014 de cette boucle de 30 km, certes l'un des sentiers pédestres les plus gratifiants de l'est de l'Amérique du Nord. Ces réalisations et efforts ont d'ailleurs valu au président et âme dirigeante de l'organisme sans but lucratif, le très dévoué Gaétan Girard, le Prix Sentiers 2015, honneur décerné par la Fédération Québécoise de la Marche. Vive le Territoire Libre!

association-pieddesmonts.com

Commentaires (1)
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Ericom - 31/08/2016 21:04
Je comprend que votre reporter, futé qu'il est, c'est dit: Tiens je vais faire un petit tour d'hélico gratos en échange d'un article promotionnel. Grand bien lui fasse.

Par contre, ce que je ne comprend pas, c'est pourquoi Espace publie un article de ce type?

J'ai vraiment hâte d'aller faire de la rando par là avec les hélicos qui me passent au dessus de la tête. Ça doit être beau de voir les animaux qui s'enfuient paniqués. En plus, ce genre d'appareil ça doit en boire du fuel en titi. Pas grave, on va planter des arbres pour être carbone neutre. En bref, décevant Espace.