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  • Épreuve de course en sentier © Shutterstock

Événements : Les courses à pied aux rabais

Si payer 90 $ pour prendre part à une course de 5 ou 10 km peut paraître exagéré, débourser 15 $ donne-t-il droit à des miettes? Pour le savoir, notre collaborateur a testé les courses MEC.

Au Québec, les organisateurs de courses populaires ont une foule de bonnes raisons pour justifier des frais d’inscription élevés : sécurité des coureurs, balisage du parcours, équipement technologique, personnel médical, et j’en passe. En outre, plusieurs des grands événements du genre sont organisés par des sociétés étrangères ou établies hors Québec, et les profits doivent être au rendez-vous.

Le regain de popularité de la course à pied, ces dernières années, a fait en sorte que le nombre de compétitions et de participants a explosé — malgré un léger repli en 2017 (voir l’encadré). Sans grande surprise, les frais d’inscription ont suivi la même courbe ascendante.

Quand, pour la première fois, j’ai vu passer la publicité des courses MEC à 15 $, j’étais plus que sceptique. Pendant deux ans, j’ai moi-même organisé une course de 5 km en plein cœur de Montréal (La montée royale), et je me suis rapidement rendu compte qu’en plus d’une charge de travail énorme, la tenue d’un tel événement impliquait une foule de contraintes — bien souvent invisibles aux yeux des participants. Or, ces contraintes ont un prix. Avec plus ou moins 350 coureurs et des frais d’inscription de 35 $, ma course parvenait malgré tout à faire ses frais.

Mais 15 piastres?

« C’est l’une de nos missions que de faire sortir et de faire bouger les gens, explique Bernard Côté, directeur des communications et du marketing de MEC pour le Québec. Depuis 2012, nous proposons ainsi des courses à pied à prix abordable, au Québec et dans cinq autres provinces. Nous ne faisons pas de profit, mais nous couvrons nos frais. »

Course minimaliste

À quoi est-on en droit de s’attendre en participant à une course populaire? À un parcours intéressant, sécurisé et bien balisé (surtout en forêt), un système de chronométrage précis, quelques points d’eau, la présence d’une équipe médicale et une collation à l’arrivée. Le reste — c’est-à-dire le t-shirt et la médaille souvenir, la photo au fil d’arrivée, le gros lunch (et souvent la bière fraîche) — consiste en des extras qui font grimper les coûts d’inscription.

Je connais plusieurs coureurs qui refusent systématiquement de prendre part à une course s’ils n’ont pas la garantie qu’on leur remettra une médaille… de participation. C’est légitime, mais ça a un coût. En revanche, d’autres coureurs — et j’en suis — n’ont plus de place dans leurs placards pour ranger ces babioles et ils n’ont plus envie d’alléger leur portefeuille de 100 $ chaque fois que l’appel des sentiers ou de la route se fait entendre. La course minimaliste, ce n’est pas uniquement un choix de chaussures. D’où les courses à 15 $ de MEC. Mais qu’a-t-on en retour d’une si maigre contribution?

Je suis venu, j'ai vu, j'ai couru

Rien de mieux pour se faire une idée que d’aller faire un constat de visu. En juillet dernier, j’ai donc empoigné mes chaussures d’une main (et mon courage des deux) pour me lancer à la découverte des sentiers (abrupts) du mont Tremblant, épreuve inscrite au calendrier des courses en sentier de MEC.

Dès mon arrivée sur le site du départ, je repère facilement l’équipe de bénévoles qui s’affairent à distribuer les dossards aux coureurs fébriles. Le départ est donné à l’heure. Le parcours, très technique, est bien balisé, et on a droit à une (frugale) collation à notre arrivée. Impeccable. Wham! Bam! Thank you, MEC!

Est-ce parce que je suis toujours sceptique que je décide de prendre part à une seconde course MEC, ou en suis-je déjà accro? Toujours est-il que, quelques semaines plus tard, je m’inscris in extremis à une autre course en sentier organisée par la même coopérative de plein air.

Cette fois-ci, c’est à Rawdon que je me rends. La veille de la course, on m’avise par courriel d’une possible entrave à la circulation causée par la tenue d’une autre course dans la région. Du jamais vu pour moi, même lors d’événements d’envergure, comme les Ironman auxquels j’ai participé.

Une fois sur place, même constat qu’à Tremblant : les coureurs sont au rendez-vous et il n’y a aucun accroc dans l’organisation… ou si peu : un léger cafouillage et un peu trop d’attente dans l’aire de stationnement. Mais ici, à Rawdon, on en est à la première édition, et on m’assure que ce désagrément a été porté à l’attention des organisateurs, qui s’affairent à le résoudre. On a d’ailleurs reproché par le passé à l’organisation des courses MEC l’inexactitude des mesures de parcours, un pépin qui a été rapidement réglé.

Hormis le fait qu’on a volontairement mis de côté les goodies énumérés plus haut, les courses MEC ressemblent à s’y méprendre — malgré leurs frais d’inscription dérisoires — à n’importe quelle autre compétition en terre québécoise. Et elles parviennent même à les surclasser, parfois…

À la fin de l’automne, je me suis de nouveau rendu au mont Tremblant pour participer à une course organisée et commanditée par un grand manufacturier de vêtements de plein air. Cette fois, j’ai dû avancer 65 $ (inscription le jour même) pour avoir le droit de fouler du pied les sentiers de la montagne laurentienne.

L’offre ressemblait fortement au modèle proposé par MEC : pas de médaille, pas de t-shirt, un parcours quasi identique et rien qu’une légère collation à l’arrivée. Sauf que, dans ce cas-ci, une certaine confusion régnait lors de l’épreuve de 10 km, si bien qu’une vingtaine de coureurs — pas moi, je vous assure — ont amputé le parcours de près de 4 km, obtempérant aux mauvaises directives d’une bénévole somnolente et complètement à côté de ses pompes. À l’arrivée, aucune explication ne m’a été fournie par les organisateurs ou les responsables du service de chronométrage, et personne ne m’a avisé d’un remaniement des résultats, bien qu’il semble que celui-ci ait eu lieu…

Avec ou sans l'extra ?

Si vous tenez mordicus à rapporter à la maison un souvenir de chiffon ou de métal, ou si l’idée de renoncer à un gros repas arrosé d’une bière (ou deux) vous insupporte, les courses à 15 $ ne sont peut-être pas pour vous. En revanche, si le coureur sur route ou en sentier que vous êtes peut se passer de ces extras, ces courses s’avèrent un très bon choix. L’avenir nous dira si l’initiative fera des petits auprès d’autres organisateurs…

Info

Au Québec, le calendrier 2018 de MEC compte huit courses en sentiers et onze courses sur route. D’autres dates pourraient être ajoutées. mec.ca/courses


La course à pied au Québec en chiffres

En 2008, près de 43 000 coureurs atteignaient le fil d’arrivée d’une course organisée au Québec; en 2016, ils étaient 346 863.

Le nombre d’événements a évidemment suivi la même courbe, bondissant de 219 en 2008, pour atteindre 948 en 2016.

En 2017, on enregistrait une légère baisse de 2,6 % quant au nombre de courses (923), alors que le nombre de participants affichait une baisse de 7,4 % (321 082).

Source : Iskio

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