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  • Crédit: Christian Lévesque

Grimpez dehors!

Les amateurs d’escalade qui ont toujours grimpé à l’intérieur sur des structures artificielles appréhendent souvent leur première sortie dehors. Pour réussir la transition en toute sécurité, suivez une initiation guidée! Au risque de déboulonner un fantasme de néophyte : en plein air, les cordes ne pendent pas aux parois et les prises n’ont pas de couleurs! Certains ont la chance de commencer cet apprentissage auprès d’amis expérimentés aux techniques d’assurage. Mais pour les grimpeurs formés à la lumière des néons, le cours de transition sera l’étape obligée pour se lancer sur les parois extérieures.

Direction : La Mecque

Pour ma première journée de grimpe extérieure de l’année, le soleil est au zénith et mon humeur aussi! Une heure à peine après avoir quitté Montréal, la rue principale de Val-David annonce déjà son arrière-plan prometteur : les brillantes falaises du parc régional Dufresne. C’est sur ces parois, que l’histoire de l’escalade sportive a pris racine au Québec! Ici, l’école Passe-Montagne forme des centaines d’amateurs depuis 26 ans. Ce pionnier, membre de la Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade, garantit un enseignement technique et sécuritaire dispensé par des instructeurs certifiés.

Je rejoins Jonathan Roy, l’un de leurs guides, et nous prenons la route pour le secteur du mont King. Cette journée instructive de huit heures (qui peut s’étirer sur deux jours pour approfondir la pratique) comprend un volet technique pour apprendre à poser une moulinette et l’équipement nécessaire : mousquetons, longes, sangles, cordes, harnais, casques. N’oubliez pas d’apporter vos varappes! Haut d’une vingtaine de mètres, avec une majorité de voies allant de 5.5 à 5.9 et un sentier qui contourne la paroi pour accéder directement au sommet des voies, le site est idéal pour s’initier à l’escalade.

Crédit: Christian LévesqueApprendre à nouer

Tout en détaillant les divers équipements, mousquetons plats et à vis, sangles tubulaires ouvertes et cousues, longes et autres, l’instructeur glisse quelques anecdotes à faire frémir l’échine… Du harnais qui se brise par excès d’usure, au relais qui lâche par manque de contrôle du système. « Ce sont les erreurs humaines de manipulation, d’inattention ou d’excès de confiance qui causent le plus souvent des accidents et rarement la défaillance pure et simple du matériel », martèle-t-il. Il est vrai qu’en plein air, on prend vite conscience de la nature « risquée » de l’activité. Ici, il n’y a plus de moniteurs aux aguets, ni de plancher moelleux constellé de matelas! Une fois lâchés dehors avec nos fraîches connaissances, nous serons seuls face au vide : à la fois responsables du bon état de notre équipement, de notre sécurité et de celle de nos partenaires.

Il existe trois types d’attache pour installer une moulinette. La sangle « ouverte » qui se referme par un nœud « à plat », la sangle fermée et la longe (un long brin de corde) qui se noue par les extrémités à l’aide d’un nœud de pêcheur. Concentrée, je fais les nœuds pour mieux les défaire et les renouer, sous l’œil attentif de Jonathan. Nous poursuivons l’exercice en associant les mousquetons à vis, que l’on place à un bout du dispositif de moulinette, là où la corde passera. À l’autre bout, il y a l’ancrage qui supporte l’ensemble. Les parois extérieures sur des sites d’escalade, comme au parc Dufresne, sont pour la plupart équipées de plaquettes et de scellements : des ancrages artificiels permanents. Une autre option consiste à choisir un ancrage naturel, la plupart du temps un arbre : « Il doit impérativement être vivant, avec un tronc de diamètre supérieur à 15 cm et des racines bien enfoncées dans le sol, souligne le guide. S’il n’y en a pas, mieux vaut changer de paroi! ». Postés au pied du rocher, nous simulons plusieurs fois le montage et le démontage du relais, apprenant à doubler l’ensemble par un nœud final et à observer dans le détail si l’ensemble tient la route. L’important est de toujours revérifier ce que l’on vient de faire, sans empressement.

Travail en hauteur

Enfin, nous cheminons vers le sommet! « Ici, le premier réflexe devrait être de s’auto-assurer pour toujours travailler de façon sécuritaire », précise le guide en installant une longe doublée, sorte de rampe éphémère qui court sur le haut de la paroi. Je m’y assure en y attachant un mousqueton à vis relié à une sangle attachée au pontet de sécurité de mon harnais par une boucle d’étranglement.

Crédit: Christian LévesqueLe premier relais sera réalisé sur ancrage naturel : un beau cèdre odorant dont le tronc s’incurve dans le vide au-dessus de la voie. Ici, je comprends mieux l’intérêt des différentes options étudiées : si la sangle est utile pour ajuster la longueur d’un brin, la longe servira en cas de scellements (ou d’ancrage naturel) trop éloignés du bord de la paroi. Le but est d’éviter au maximum tout frottement abrasif de la corde comme de l’ensemble du système d’assurage. Celui-ci doit former un « V » équilibré indiquant une juste répartition du poids sur chaque brin. Idéalement, la pointe du « V », créée doit pendre dans le vide, avec deux mousquetons vissés tête en bas et portes inversées vers l’extérieur. En aucun cas, la corde ne doit être placée directement dans une sangle, une plaquette ou un scellement qui pourraient la sectionner.

Penchés au-dessus du vide, nous vérifions ma construction : sa position et le doublement du relais. Puis, j’installe la corde : tout semble parfait. Reste à faire descendre les deux extrémités de la corde en bas, en s’assurant qu’ils touchent le sol, et à tester le tout! Si la paroi paraît uniforme d’en bas, chaque parcelle de surface est une prise potentielle et « les pieds d’adhérence » prennent ici tout leur sens. La sensation de grimper aussi!

Le reste de la journée se déroule ainsi, de montage en démontage et remontage de moulinette. Sur ancrages artificiels et naturels. L’intérêt est désormais de pratiquer pour prendre le tour de main et s’adapter à toutes les situations! Rien ne vaut le plaisir de devenir autonome et de profiter des belles journées d’été sur les parois extérieures.

Avertissement :Cet article ne représente en aucun cas une référence technique exhaustive permettant de construire un relais sécuritaire pour installer une moulinette. Pour cela, il est impératif de suivre une formation certifiée!

L’école Passe-Montagne offre aussi des cours de second et premier de cordée. Renseignez-vous : www.passemontagne.com • 1 800 465-2123

Merci à l’école Passe-Montagne et au guide Jonathan Roy.

 

1, 2, 3 dehors !
Plusieurs centres intérieurs offrent des cours de transition pour se former à l’escalade extérieure :

> À Montréal : www.horizonroc.com • 514 899-5000

> À Laval : www.actiondirecte.qc.ca • 450 688-0515

> À Québec : www.rocgyms.com • 1 800 702-4967

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