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  • Crédit: Tony Tremblay

Québékoisie : à la rencontre des premières nations

Le 28 juin dernier, Mélanie Carrier et Olivier Higgins ont décidé de mettre les voiles en direction de la Côte-Nord. But de ce nouveau voyage à vélo de 1 500 km : aller à la rencontre des autochtones (et aussi des Québécois) pour comprendre l’état des relations entre les deux peuples et rétablir le dialogue. De ce bike trip, les deux aventuriers-réalisateurs produiront un film : Québékoisie. Sur la route, le temps d’une pause près du lac Saint-Jean, la jeune aventurière nous explique ses motivations, ses buts et ses projets.

Qu’est-ce qui vous a poussé à faire ce voyage? Y a-t-il eu un événement déclencheur?

L’élément déclencheur a été notre premier film Aziemut où l’on a parcouru 8 000 km à vélo de la Mongolie à l’Inde. Ça faisait presque huit ans qu’on parcourait le monde en faisant de nombreuses choses, on plantait des arbres, on faisait de l’escalade… Et au travers de nos voyages, nous avons rencontré beaucoup de monde, ce qui fait qu’on a maintenant des amis en Inde, au Tibet, en Mongolie et on s’est rendu compte que l’on n’avait aucun ami autochtone ! De plus, en voyageant dans des pays comme le Tibet où les traditions sont très fortes et très présentes, on en est venu à se demander quelles étaient nos traditions. On s’est posé beaucoup de questions sur notre identité. Et sur le fait que malgré notre curiosité, et durant toutes nos études, personne n’ait jugé utile de nous parler des Premières Nations. C’est de ces constats qu’est né le projet Québékoisie.

 

Qu’espérez-vous retirer de ce voyage? D’abord pour vous, mais aussi pour tous ceux qui regarderont votre film?

Pour Olivier et moi, ce projet part d’une quête personnelle. On a besoin de comprendre la situation, de savoir comment on est arrivé là. Et c’est ce qu’on aimerait que les gens apprennent, qu’ils aient une réflexion sur comment vivre ensemble, quelles sont les perspectives communes d’avenir. Nous voulons emmener les gens à aller les uns vers les autres, savoir ce qui empêche nos relations avec les autochtones. Peut-être qu’au fond, les Québécois ont juste besoin qu’on allume une flamme de curiosité. C’est ce que nous voulons essayer de faire. Mais nous voulons aussi tenter de répondre à de nombreuses questions, par exemple sur les noms que nous nous donnons. On se nomme « non-autochtones », moi je trouve ça triste de devoir être des « non-quelque chose », c’est très négatif. Il faudrait réfléchir à comment se nommer ensemble.

 

Il y a déjà eu de nombreux films sur les autochtones, en quoi le vôtre sera-t-il différent? Qu’aura-t-il de plus que les autres?

C’est vrai qu’il y a eu beaucoup de films sur les autochtones et je pense vraiment que les mieux placés pour parler de ce sujet se sont les autochtones eux-mêmes, bien que les films réalisés antérieurement aient apporté beaucoup de choses. Nous, ce que nous voulons faire, ce n’est pas parler des Premières Nations, mais des relations que nous entretenons avec elles. Et nous voulons surtout avoir l’avis des jeunes générations, car on entend souvent celui des anciens et des politiciens, mais très peu le leur. Actuellement, il y a un réveil au niveau de la communauté autochtone par le biais de la musique et des vidéos. C’est une grande fierté pour eux de mettre leur peuple en avant et cela peut aussi provoquer une grosse surprise chez les politiciens.

 

Et justement, vous n’avez pas peur que votre film devienne trop politique?

Dès le départ, nous avons décidé de ne pas faire de politique, mais inévitablement on va en faire. Au début, on sera obligé d’en parler pour faire état de la situation et expliquer pourquoi on se connaît si mal. Ce sera plutôt de la politique philosophique. Ce qu’on veut, c’est vraiment s’intéresser aux peuples des deux côtés. On n’a pas l’intention d’intégrer de témoignages d’hommes politiques ou de représentants d’associations, ou si on le fait, ce sera vraiment de manière informelle.

 

Votre film s’intéressera-t-il juste aux autochtones qui vivent en communauté ou aussi à ceux qui vivent aujourd’hui en ville?

On aura sûrement deux ou trois témoignages d’Innus qui vivent à Québec. Il y a aussi pas mal de communautés qui sont très proches des villes, comme celle située à deux kilomètres de Rochevalle. Mais plus on s’éloigne vers le nord, plus les communautés sont isolées.

Le sujet est vraiment large et nous n’avons pas la prétention de pouvoir tout traiter, alors on va rester sur la Côte-Nord et la Basse-Côte-Nord. On va surtout s’intéresser aux Innus de cette région parce que c’est la plus grande communauté autochtone au Québec et les gens  sont bilingues (innu et français), c’est donc plus facile pour notre film, même si nous aimerions beaucoup apprendre l’innu.

 

Sur votre site Internet et votre page Facebook, vous invitez les habitants des régions que vous allez parcourir à vous recevoir chez eux et à témoigner. Avez-vous reçu beaucoup d’invitations?

On a déjà des contacts dans toutes les communautés autochtones, mais aussi beaucoup de non-autochtones presque partout. En général, on va camper, mais on ira également dormir chez des habitants. Beaucoup d’Innus nous ont écrit sur notre page Facebook et ils ont très envie de participer au projet, alors on fera des détours sur la route pour aller voir tout le monde. Par ailleurs, on espère aussi avoir quand même des rencontres hasardeuses. En fonction des témoignages que l’on aura d’ici le mois d’octobre, on s’organisera pour éventuellement repartir cet hiver, mais pas à vélo cette fois-ci. Et nous renouvellerons sûrement cette expérience à vélo l’été prochain. En tout cas, le film n’est pas pour tout de suite : on ne pense pas le terminer avant fin 2012, voire 2013!

 

Après Québékoisie, quels sont vos projets?

Nous avons une liste d’à peu près trente projets! Pour l’instant, on se concentre sur Québékoisie, ça ne paraît pas comme ça, mais cela fait déjà deux ans que l’on prépare ce voyage. En parallèle du film, on écrit un essai, et des conférences suivront probablement. Nous aimerions aussi faire un livre photo. En fait, c’est un peu un projet multisupport.

À la base, nous sommes des grimpeurs et non des cyclistes. On aimerait beaucoup partir avec une fourgonnette, écrire et s’évader avec un gros trip d’escalade… Nous avons aussi le projet de fonder une famille!

 

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