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Courez pour votre cœur, votre cerveau et vos yeux!

Les bienfaits de la course et de l’activité physique en général sont bien admis autant chez les professionnels de la santé que chez les coureurs récréatifs. Que ce soit pour le dépassement personnel, l’effet grisant des endorphines ou le simple bonheur de parcourir les sentiers de toutes sortes, les avantages physiologiques sont indéniables. Le cœur et les poumons sont les premiers organes qui sont récompensés. Nombreuses sont les recherches qui démontrent que l’activité physique, sous forme de course ou de marche, permet de diminuer les risques de souffrir de maladies cardiovasculaires (infarctus, arythmies) ou de ralentir la progression de maladies pulmonaires chroniques.

Des bienfaits insoupçonnés

Deux nouvelles études publiées en 2013 viennent ajouter d’autres régions corporelles dans la mire des bénéfices d’une vie active, tant chez le jeune adulte que chez l’individu plus âgé. Une équipe composée de chercheurs suédois et australiens a d’abord établi un lien entre la forme physique d’une personne et son risque de souffrir d’épilepsie qui touche 0,6% de la population canadienne. Les scientifiques ont analysé le dossier médical de 1 173 079 recrues militaires suédoises à 18 ans et… 40 ans plus tard! Des analyses statistiques étaient réalisées pour explorer le lien entre la forme physique à 18 ans et le risque de souffrir d’épilepsie dans les 40 années suivantes. À l’aide du résultat d’un test sur ergomètre, les participants étaient répartis en trois catégories de forme physique (basse, moyenne, élevée). Il s’avère qu’une forme physique basse ou moyenne était associée à une augmentation du risque de souffrir de ce trouble neurologique au courant de sa vie.

Notons que les chercheurs, via diverses analyses statistiques, ont réussi à éliminer l’effet de facteurs externes qui auraient pu fausser les résultats. Par exemple, le fait d’avoir subi un traumatisme crânien sévère ou d’avoir souffert de maladies cérébrovasculaires pendant la vie de l’individu ne pouvait expliquer l’augmentation du risque d’épilepsie. Bref, seule une santé cardiovasculaire élevée à 18 ans pouvait expliquer la diminution du risque de souffrir d’épilepsie 40 ans plus tard. 

Du côté des hypothèses permettant d’expliquer cet effet protecteur, deux pistes sont avancées :
1) Une mauvaise santé cardiovasculaire à 18 ans pourrait être un facteur prédictif d’une mauvaise santé cardiovasculaire tout au long de la vie, ce qui a déjà été démontré comme étant associé à un risque plus élevé de souffrir d’épilepsie.
2) Le manque d’activité physique en bas âge, condition nécessaire à l’obtention d’un mauvais score de forme physique comme ceux obtenus par les individus de cette étude, pourrait avoir une influence négative sur le développement de circuits neuronaux complexes qui, en bout de compte, augmenterait le risque d’épilepsie. Autrement dit, le « filage » d’une partie des 86 milliards de cellules nerveuses composant le cerveau humain serait inadéquat et pourrait expliquer l’activité anarchique des cellules.

Œil et exercice, des liens inattendus

Du côté américain, on a démontré l’effet bénéfique de la course et de la marche sur la diminution du risque de développer des cataractes. La cataracte est une maladie dégénérative de l’œil qui engendre une opacification progressive du cristallin, la lentille de l’œil; qui touche 2,5 millions de Canadiens. Cette maladie peut causer, dans sa forme la plus grave, la perte complète et permanente de la vision. Elle est d’ailleurs la première forme de cécité mondiale. L’étude américaine explore la spécificité de la marche ou de la course à fort volume (plus de 64 km par semaine), car ces dernières permettraient de diminuer le risque de cataracte de 34 % par rapport à de la course à faible volume (moins de 16 km par semaine). Plus de 50 000 marcheurs et coureurs ont été questionnés sur leur niveau d’entrainement, leur forme physique (estimée selon le meilleur chrono sur 10 km) et sur une foule d’autres paramètres (habitude nutritionnelle, consommation de tabac, âge, IMC, etc.). Le suivi s’est déroulé pendant six années.

Les principales conclusions :
1) Il y a une diminution du risque de cataracte chez l’homme et la femme qui pratiquent de la marche ou de la course régulièrement.
2) L’indice de masse corporelle (IMC) ne modifie par les résultats (les personnes avec des IMC bas ou haut vont bénéficier de cet exercice).
3) La diminution du risque de cataracte était la même pour la course et la marche pour une dépense énergétique équivalente.
4) La diminution du risque augmentait avec la forme physique (plus on est en forme, plus le risque diminue).

Parmi les points originaux de cette étude, soulignons que le risque diminue également chez les femmes (ce qui n’avait pas été démontré antérieurement) et que la marche ou une autre activité cardiovasculaire vigoureuse (ski de fond par exemple) pouvait également amener des diminutions de risque. Pour expliquer leurs résultats, les chercheurs se tournent vers l’effet de l’activité physique sur les doses sanguines de lipoprotéines de haute densité (HDL), un outil moléculaire que le corps utilise afin de faire circuler les lipides (gras) dans le corps. En effet, on sait que les HDL sont plus élevées chez les gens actifs et on sait aussi que ces HDL sont associées à une réduction des stress corporels oxydatifs et inflammatoires, deux mécanismes en cause dans le développement de cataracte. On note aussi que l’activité physique est reconnue pour diminuer le risque de faire face à plusieurs conditions qui prédisposent une personne à souffrir de cataracte (diabète, hypertension, etc.).

Pour profiter pleinement d’une sortie en plein air, il faut être en mesure d’apprécier de visu l’étendue du paysage qui nous entoure avec une vision saine, et d’interpréter ce paysage avec le cerveau. Il est encourageant de constater que chaque expédition permet de consolider davantage le bon fonctionnement de ces deux organes clés!

 
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