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  • Crédit: Ron Dahlquist, Hawaii Tourism Authority

8 destinations de rêves

Si votre budget le permet, voici 8 endroits de rêve à placer sur votre liste : Hawaii, la Bolivie, Kuururjuaq, les Îles Vierges, le Mont Blanc, l'Afrique du Sud, la Namibie et le Népal.

Plongée à Hawaii

par Mélissa Vaillancourt

Molokai est l’île la moins développée d'Hawaii, tant sur le plan touristique que résidentiel. Pour explorer les fonds marins à l'écart des touristes, c’est la destination idéale puisqu’on y retrouve la plus grande barrière corallienne des États-Unis (40 km de long).

Cinq heures du matin. En ouvrant les yeux, je n’ai qu’un seul espoir : voir un ciel éclairé et une route carrossable, car nous avons rendez-vous ce matin pour notre sortie de plongée. Sur cette portion de l’île, les pluies nocturnes peuvent se transformer en véritable déluge, ce qui nous aurait immobilisés dans la vallée où nous avons choisi de passer la nuit. Il n’est d’ailleurs pas plus aisé d’y entrer : seuls un 4x4 et un chauffeur expérimenté peuvent conduire les campeurs dans ces petites oasis où poussent quantités de fruits tropicaux sucrés et bien juteux. C'est le prix à payer pour découvrir la beauté sauvage de l'intérieur de Molokai.

Un peu avant sept heures, nous arrivons au quai où le bateau du forfaitiste Fish and Dive nous attend. Tim, le chef de l’expédition, transporte les bonbonnes dans le bateau pendant que chacun prépare son équipement. Alors que le bateau quitte le quai, le soleil se lève à l’horizon, sans l’ombre d’un seul nuage. Nous mettons le cap vers l’ouest de l’île, là où le soleil brille constamment.

Habillés de néoprène, nous plongeons dans l'eau tiède. Il y a tellement de vagues à la surface que le mal de mer a raison de ma partenaire de plongée, qui décide d’abandonner. Heureusement, je réussis à me trouver un diving buddy de remplacement avant de m’engloutir sous la surface agitée et de constater la transparence de l’eau. On voit à plus de 60 mètres devant nous : un véritable aquarium!

À quinze mètres de profondeur, nous atteignons le fond. Nous traversons des coraux aux formes arrondies où des milliers de petits poissons multicolores s’agitent dans tous les sens. Au passage, les anémones se referment dès que j’approche un doigt. Tout doucement, on se laisse mener par le courant dans ce vaste horizon azuré. À vingt mètres, une immense tortue s’impose devant nous. Je m’approche d’elle : elle est aussi grosse que moi! J’essaie de la suivre, mais elle bifurque rapidement. S’amène alors une deuxième, encore plus grosse. Son épaisse carapace montre qu’elle est là depuis des centaines d’années. Plus tard dans la journée, ce seront d'immenses raies mantas qui nous laisseront bouche bée.

Au tournant d’un cap, notre chef nous emmène vers de petits couloirs ressemblant à des cavernes. Nous nous suivons de près pour ne pas nous perdre dans ce labyrinthe sous-marin. De retour au bateau, en ressortant de l’eau, je me sens ivre d’avoir vu tant de splendeur.

Repères :

Coûts :
Vol Montréal-Honolulu : Entre 700 $ et 1100 $ – vol intérieur en petit avion vers Molokai : entre 20 $ et 120 $
Prix d'un litre de lait : 3 $  
Forfait plongée : 135 $ / deux bonbonnes
 
Encore plus

À l’ouest de l’île, on trouve une plage idéale pour le camping sauvage et le surf alors qu'à l’est de l'île, une plage rocailleuse et venteuse attire les kitesurfers les plus téméraires. Au nord, près de Kalaupapa, un sentier à flanc de colline permet de se rendre sur l’une des plus hautes falaises du monde (610 m). 
 

Infos
molokaifishanddive.com

Crédit: Luca Galuzzi

Bolivie : Salar d'Uyuni
Le salaire du voyageur

par Marie-Soleil Desautels

Il faut jusqu'à douze heures d'autobus de La Paz pour atteindre le Salar d’Uyuni, le plus grand désert de sel au monde. Mais la récompense est à la hauteur : un endroit surréel où la verticalité de la cordillère des Andes disparaît au profit d'une horizontalité aux dimensions incomparables.


Le tapis blanc craque sous mon poids. Ni neige durcie, ni glace : c’est une croûte de sel. Il suffit d’y goûter pour s’en convaincre. La surface découpée en d’innombrables polygones s’étend à perte de vue sur 12 000 kilomètres carrés. Vestige d’un lac asséché à près de 3700 mètres d’altitude, il faut plisser les yeux pour contempler le Salar d'Uyuni, tant son éclat est aveuglant. Les couleurs se limitent au bleu et au blanc. J’avance, mais rien ne semble bouger. Cette illusion perdure, mon regard se perd, cherche en vain une excroissance terrestre. Seul ce vent qui fouette brise le silence. Aucun obstacle ne freine son élan.

Quelques taches osent troubler l’horizon : des montagnes noires, déformées par l'effet de mirage, permettent de m’orienter. Au moment où j'avance, de grands lacs illusoires se forment puis s’évanouissent. Mais voilà que dans ce désert stérile se dresse l’île Incahuasi, couverte de cactus. Du haut de ses dix mètres, l’un de ceux-ci trône depuis mille ans.

Plus loin, le volcan Tunupa (5432 mètres) rougit le paysage. Une légende aymara raconte qu’un mélange de larmes et de lait de Tunupa aurait formé le salar. Au pied du volcan, les villageois accueillent les gens jusque dans des hôtels de sel. De là, une journée de randonnée permet d'atteindre le cratère de Tunupa qui ne constitue qu’un des nombreux sommets accessibles de la région.

Compte tenu de l'immensité du territoire, la très grande majorité des touristes traversent le salar en 4x4 à partir d’Uyuni, le pôle régional de 14 000 habitants. Mais c'est le vélo qui permet le plus de profiter du salar. Il faut par contre être bien organisé (eau, nourriture, tente) et bien planifier son trajet vers les différents points d'intérêt (parcours de un à cinq jours). Bien que le choix soit limité, la location de bicyclettes à Uyuni est possible. Les premiers tours de roue ne sont pas de tout repos à cause du sable et des eaux saumâtres qui bordent l'ancien lac. Une fois sur l'étendue blanche, on peut alors rouler librement puis planter sa tente en plein no man's land – dure expérience pour les piquets! – ou encore dormir à Incahuasi.

Les touristes motorisés se déplacent généralement en groupe organisé et convergent vers les lagunes colorées autour du Salar, que teignent en rouge ou vert les algues et autres minéraux. Les cyclistes finissent eux aussi par s'y rendre, à force de volonté et de coups de pédale!

Notez qu'il vaut mieux oublier le vélo durant la saison des pluies (novembre à mars). Une mince couche d’eau recouvre alors le salar, pour un panorama tout aussi saisissant où le ciel voit sa beauté reflétée jusqu’à en perdre la raison. Le spectateur, lui, en perd l'horizon.

Repères
Billet d’avion : Aller-retour Montréal-La Paz autour de 1000 $
Prix d’un plat principal : Autour de 1,50 $

Salar en sursis?
Hormis l'exploitation de son sel, le Salar d'Uyuni contiendrait près de la moitié des réserves mondiales de lithium, minéral métallique de plus en plus utilisé dans les batteries de toutes sortes. On parle déjà de la région comme la future « Arabie Saoudite » du lithium. L'industrie touristique, elle, craint le pire.

Infos :
andes-amazonia.com • tupizatours.com

Parc national de Kuururjuaq
Virée sur le top (du Québec)

par Hélèna Smolla-Déziel

On n'a pas nécessairement besoin de quitter la province pour épancher sa soif d'exotisme. Il s'agit seulement de dégoter un moyen pour monter aux alentours du 58e parallèle et viser un massif montagneux baigné d'une rivière sauvage.

À bord de notre petit avion de brousse, nous survolons les plus hauts sommets rocheux de l’est du Canada. Nous apercevons cette fougueuse rivière Koroc, qui traverse d'est en ouest l'inhabituelle enclave boréale du parc Kuururjuaq et qui sera notre voie d'accès au territoire. L’environnement me dépayse complètement... mais pas autant que l’atterrissage hors piste!

Le temps de mettre nos embarcations à l’eau approche et notre chef d'expédition nous avise que nous naviguerons seul à bord de nos kayaks gonflables. Perplexes et même craintifs au début, nous réalisons vite que nous sommes à l’aise avec cette idée, heureux et prêts à affronter les défis offerts par cette aventure de quatorze jours au cœur du Nunavik.

La descente débute en douce. J'arrive même à me relaxer et à me laisser porter par le courant. Submergée par ce décor de hautes falaises enneigées et bordées de cascades, j’ai l’impression de faire partie d'une scène du film Le Seigneur des anneaux.  L'approche des premiers rapides me sort de mon état de contemplation et me tient en haleine. Voilà l’eau vive! Ayant appris les techniques de base pour bien lire et naviguer la rivière en sécurité, je profite pleinement de la joie des vagues et des rapides EV à RIII. Descendre la Koroc dans la toundra, c’est être constamment surpris par le paysage en perpétuelle transformation : tranquillement, les immenses montagnes dénudées rapetissent et laissent apparaître de plus en plus d’arbres.

L'abondance végétale, si particulière à la vallée de la Koroc, amène la présence de loups et ours noirs. Pour nos besoins alimentaires, nous découvrons l'omble chevalier, poisson emblématique du nord québécois. Dans les grandes plaines morainiques, des petits groupes de tuktus (caribous) sont au rendez-vous pour se laisser photographier. Le cri d'alarme strident d'une oie nous interpelle brusquement. Ses petits venaient tout juste de se faire enlever par un oiseau de proie, une scène qui nous rappelle que les durs préceptes de la nature règnent ici. Sur la terre ferme, notre jeune guide inuk nous mène au sommet d'une montagne d'où nous apercevons l’imposant mont d’Iberville (1652 m), maître du massif des Torngats. Le panorama à 360 degrés est époustouflant. Tant de majesté sur notre territoire québécois que si peu de gens auront la chance de graver dans leur mémoire.
 
Repères :
Le forfaitiste ABV Kayak organise des expéditions sur la Koroc en collaboration avec Parcs Nunavik.
Coûts : 4990 $ à partir de Montréal (vols et tous frais inclus)
Prix d'un sandwich club dans un village du Nunavik : 17 $

Conseil d'Inuk :
Chez les Inuits, le langage non verbal est omniprésent. Ainsi, si vous demandez des informations et qu’on ne vous répond pas verbalement, regardez les yeux. Et pour acquiescer, les Inuits lèvent les sourcils, tout simplement. Et surtout, souriez, ils adorent!

Infos : abvkayak.com • parcsnunavik.ca

Crédit: United States Virgin Islands (USVI)Les Îles Vierges
Happy hour au paradis

par Guillaume Roy

Le paradis est ici : 82 îles, une température parfaite de 30 degrés chaque jour, une brise constante. Le coin est parfait pour les adeptes de plongée, de kayak et de sports de voile.

Aux Îles Vierges, on a l'embarras du choix. Difficile de se tromper quand, partout où on regarde, on n’aperçoit que des plages de sable blanc à perte de vue, des eaux cristallines et turquoise ainsi qu’une vie marine qui pullule. Pour le voyageur, il y a de quoi perdre la tête! En rafale, quelques pôles d'attraction notoires :

/ Saint-Thomas : l'île principale du côté états-unien. Elle accueille jusqu’à 25 000 croisiéristes par jour. Achalandées au sud de l’île, les plages du nord sont moins bondées, alors que l’est offre les meilleures conditions pour la pratique du kitesurfing.

/ Sainte-Croix : À quelques kilomètres au large, une fosse sous-marine spectaculaire plonge vers les abysses à plus de 4000 m de profondeur, pour le plus grand plaisir de plongeurs expérimentés.

/ Saint-John : Elle abrite le parc national des Îles Vierges qui, au-delà des évidentes activités marines, propose des parcours de randonnée d'une demi-heure à une demi-journée dans la forêt humide. Sur la bande côtière, des sentiers pour le vélo de montagne sont installés, sans oublier le camping à Cinnamon Bay. La plage de Trunk Bay serait considérée comme l'une des dix plus belles au monde. Et pour « la totale », le complexe écotouristique Maho Bay offre des vacances idylliques : séjour en tente safari, vélo, kayak, randonnée, plongée, spa et yoga.

/ Virgin Gorda : L'île britannique offre des paysages et des randonnées uniques à travers ses plages, grottes et passages sous-marins sculptés par la force de l’eau. 

L'archipel abonde également de vestiges des civilisations précolombiennes, de reliques des plantations de sucre et des traces de l'âge d'or de la piraterie, mais il porte aussi les stigmates de l’esclavage africain. Malgré cette leçon d'histoire, les Îles Vierges dévoilent toute leur quintessence lorsque visitées à bord d'un voilier.

« Rêve de riches »? Oui, à moins de travailler sur un voilier! Après une semaine à faire le tour des marinas pour offrir mes services, je remporte le jackpot : je deviens le premier matelot sur un catamaran de douze mètres et guide de plongée en apnée. « Tu n’as aucune expérience? Pas de problème, tu apprendras sur le tas », me lance le capitaine, un expatrié d’Alaska. Accueillir les clients, hisser les voiles, naviguer chaque jour sous un soleil de plomb, faire le guide touristique sous l'eau parmi les tortues, les raies géantes, les barracudas et les milliers de poissons colorés qui parcourent les coraux ‑ la galère, je vous le dis! Arrive finalement l'heure de la détente à bord du Happy Hour ‑ c'est le nom du bateau – où le rhum punch coule à flot. Des intéressés?

Repères :
Billet d'avion : Autour de 700 $
Bouteille de rhum : 4 $US

Il faut savoir que :
Qu'on soit du côté du protectorat britannique ou du côté américain, c'est seulement le dollar américain qui a cours aux Îles Vierges. Inversement, c'est le Code de la route british qui prévaut sur toutes les îles ‑ on conduit du côté gauche de la route ‑, bien que les voitures aient leur volant à gauche, comme sur le continent nord-américain. En somme, prenez un taxi, c'est moins compliqué!

Infos
vinow.com | st-john-beaches.com | maho.org

Crédit: Louis St-JeanFrance – Mont Blanc
Tour de taille

par Louis St-Jean

Pour se délecter de sommets et de spécialités gastronomiques alpestres, se farcir le Tour du Mont Blanc (en passant par la France, l’Italie et la Suisse) s’impose.

Pour notre périple, nous avions trois idées en tête : voir des glaciers, marcher pendant au moins quinze jours, bien manger et bien boire. En choisissant le Tour du Mont Blanc (TMB), nous avons été servis. En jouxtant des variantes incontournables du GR-5 à l’itinéraire classique de 150 km, on peut facilement étirer le plaisir sur deux semaines. Après 200 km de marche, trois frontières et 10 000 km de dénivelé positif, vous en aurez plein la panse. Au menu :

Tour de France
En autonomie complète, nous amorçons le trek du côté français, par un départ depuis les Houches (993 m) et en effectuant l’itinéraire dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Les points forts : le couvert verdoyant, les fleurs alpines et la neige. La vue sur les dômes de Miage, au couchant et au lever du soleil, est ensorcelante. Dans la portion finale de la boucle (après les sections italiennes et suisses), on est toujours aussi éblouis par les aiguilles Chamonix, les grandes Jorasses, l’aiguille Verte et bien d’autres. Passé Tré-le-Champs, dans la Réserve naturelle des Aiguilles Rouges, nous défions les parcours aériens qui s’offrent à nous. Des échelles et des mains courantes métalliques ponctuent des portions plutôt escarpées de ce secteur acrobatique des Alpes. Plutôt rude avec un sac de 20 kg.

À SE METTRE SOUS LA DENT : Grande spécialité savoyarde, la tartiflette, enfilée au village des Contamines, a de quoi rassasier les plus gourmands : sorte de poutine locale, elle est composée de pommes de terre, de fromage reblochon, d’oignons et de lardons. Le tout est arrosé d’un filet de crème. Prescription : avaler avec un vin rouge, et faire la sieste avant de reprendre la route...

Viva Italia
Du côté italien, les fastueuses parois rocheuses et les falaises foisonnent sous une lumière incandescente. Depuis le Col de la Seigne, le versant piémontais du mont Blanc réserve des surprises vertigineuses tout au long du parcours : que ce soient les glaciers ou le lac du Miage, l’arête du Brouillard, Freiney ou Inominata. Ciao Bella!

À SE METTRE SOUS LA DENT : Privilégiée pendant la guerre parce que peu coûteuse, la polenta a depuis gagné ses lettres de noblesse sur le plan gastronomique. Purée de semoule de maïs des plus suaves, elle est vendue à prix d’or dans les refuges. Elle gagne en lustre lorsque rehaussée de champignons éponymes et d’une touche d’huile de truffe.

Fondre pour la Suisse
Nous avons littéralement plané dans les alpages suisses, parfois doux comme les tannins soyeux des vins de la région. De Champex à la fenêtre d’Arpette, on est propulsé comme en état d’apesanteur de 1498 m à 2671 m. Au sommet, le paysage est des plus saisissants : on peut presque toucher le glacier du Trient, qui nous grisera d’un sourire niais digne d’une pub de Trident.  

À SE METTRE SOUS LA DENT : Bien sûr, en Suisse, on se gave de chocolat et de fondue mais aussi de röstis, une sorte de paillassons de pommes de terre fromagés des plus exquis. Ils accompagnent à merveille la truite du lac de Champex, ersatz helvète de Lake Louise. Champex porte d’ailleurs le sobriquet de « Petit Canada ».


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Le meilleur du TMB : La grolla incarne à elle seule le meilleur du TMB. Mélange de café, de liqueur d’orange, de grappa, de pelures de pommes, d’écorce d’orange, de citron et de sucre, le tout flambé dans un récipient en acajou doté de plusieurs becs verseurs, on doit la terminer sans que le bol soit déposé pour que l'amitié entre convives soit scellée!

Le truc du randonneur : En été, le soleil se couche tard dans les Alpes (vers 22 h). Cela vous permet d’amorcer vos treks plus tard, et d’éviter de croiser trop de randonneurs sur votre chemin.

Coûts
- Billet d’avion Montréal-Lyon : environ 900 $
- Train Lyon-Chamonix : 50 $
- Camping : en général, environ 30 $
- Demi-pension en refuge : 40 à 70 $ incluant dîner et petit-déjeuner
- Deux sandwichs chauds, eau, fruits : 16 $
- Bivouac : gratuit entre 20 h et 7 h le matin près des refuges (ainsi on profite de la douche…).

Infos :
• carte détaillée de l’itinéraire : alpimages.net
• ffrandonnee.fr

Crédit: John Strauss, iStockAfrique du Sud
Souvenirs (et mémoire) d'éléphants

par Vincent Frigon

Oubliez vos idées préconçues sur les safaris. Loin des foules et des autobus de tournée, les safaris à pied sont des expériences où les seuls bruits sont ceux de la nature.

Vers six heures du matin, notre petit groupe (pas plus de dix) quitte le campement Oliphant, situé au centre du célèbre parc Kruger d'Afrique du Sud. Deux gardiens de parc, armés de fusils par mesure de sécurité, servent de guide. Aucun véhicule tout-terrain pour faire écran entre nous et la faune; les seules choses requises pour cette expédition sont une paire de bottes, un sac à dos et une bonne dose de sang-froid. Les déplacements à pied sont plus lents, on n’y voit donc pas autant d'animaux qu'en safari motorisé, mais l'expérience est nettement plus enrichissante et les souvenirs assurément plus mémorables.

Le parc Kruger est surpeuplé d'éléphants. Les autorités ont déjà songé à contrôler leur nombre par élimination sélective, mais y ont renoncé : « Les éléphants ont une bonne mémoire », explique l'un de nos guides alors que nous faisons nos premiers pas dans la brousse. « Si des humains leur font du mal, ils s'en souviennent et finissent éventuellement par se venger. » Et il semblerait qu'aucun éléphant n'a été abattu depuis des années ici. Les paroles de notre guide hantent mes pensées lorsque, quinze minutes plus tard, nous apercevons notre premier animal de la journée : un éléphant de trois tonnes, marchant à environ vingt mètres de nous. Nous a-t-il vus? « Ils n'ont pas une très bonne vue. Et parce qu'ils doivent manger des dizaines de kilos de nourriture par jour, ils ont peu de temps à perdre avec nous! »

Environ 200 mètres plus loin, nous arrivons face à face avec une hyène. La bête se trouve à seulement cinq mètres et nous fixe d’un regard intense. Le dernier incident entre humains et animaux remonte à plus de deux ans et les fusils des guides ne servent presque jamais. Les situations dangereuses sont souvent causées par les randonneurs qui s'approchent trop près des animaux ou se mettent à courir. Il est donc essentiel de suivre les consignes et de rester calme.

Une de nos plus belles rencontres de la journée est sans contredit celle d'une girafe qui s'étire le cou derrière un arbre, comme pour nous souhaiter la bienvenue. Une bonne heure de marche plus tard, nous avons la chance d'observer de loin un couple de lions en pleins ébats amoureux. J'étais très loin de me douter que ce trek à pied me donnerait autant de frissons... et d'émotions!

Repères :
Coût du billet d'avion : Montréal-Johannesburg à partir de 1200 $
Coût d'un litre de lait : 0,75 $
À ne pas manquer : Marcher dans les traces fraîches d'un rhinocéros blanc.
À éviter : Marcher dans les excréments frais d'un rhinocéros blanc.

Infos : sanparks.org/parks/kruger/

 

Crédit: Ariane Arpin-DelormeNamibie
Dunes et contrastes

par Ariane Arpin-Delorme

La Namibie est le premier pays à avoir inclus la protection de l'environnement et l'exploitation prudente de la vie sauvage dans sa constitution. L’expérience touristique redore ici le blason d'une Afrique décriée pour son laxisme administratif.

Dès que l’on pense à la Namibie, une image vient en tête : celle des dunes côtières, qui s'étendent au-delà de sa frontière nord avec l'Angola. On n'y échappe pas : le magnétique désert du Namib est l’un des plus anciens. Il faut avoir escaladé les gigantesques dunes orangées de Sossusvlei (qu'on dit les plus hautes du monde), où la lumière et les couleurs changent avec le souffle du vent sur le sable, pour saisir l'ampleur du chef-d'œuvre. Le territoire est parsemé de l'étrange et tentaculaire welwitschia, une espèce végétale unique et prisée des collectionneurs, qui s'abreuve de la fine rosée matinale et peut survivre plus de 1500 ans. À l'approche de la nuit, après un repas végétarien concocté sur le feu par nos guides, les chants folkloriques font sortir les étoiles par millions. Le Namib est magique!

Derrière l'écran de sable que forme la côte occidentale se cache un tout autre paysage fait de savane boisée d'acacias et de petits villages de huttes de terre sous les immenses baobabs. C'est dans ce décor qu’est établie l'une des plus grandes réserves fauniques d'Afrique : le parc d'Etosha. Ici, les zèbres, gnous, oryx et springboks jouent du coude avec les girafes, rhinocéros et autres éléphants pour s’abreuver le soir aux points d’eau, au son du rugissement des lions. Encore plus à l'est, la mince bande de Caprivi s’élance entre les pays voisins pour suivre la rivière de l'Okavango en direction du fleuve Zambèze et nous mener dans un univers d'eau à l'opposé de la côte aride. De nombreux marulas (les arbres dont les fruits sont utilisés pour fabriquer la célèbre liqueur crémeuse Amarula) complètent un décor digne de l'image romantique que l'on se fait de l'Afrique authentique. Pour ma part, je me fais réveiller au matin par les mangoustes creusant sous ma tente. Plus tard, je prends place dans un mokoro, sorte de long canot sculpté à même un arbre, pour aller à la rencontre des habitants de la rivière. Mon guide est une source infinie d’information sur la faune des lieux : aigles, martins-pêcheurs, cormorans, hérons, toucans, lézards monitor. Tout se passe bien, avant qu’un déluge soudain nous lessive en quelques secondes. Nos rires ne semblent pas y changer grand-chose, pas plus que les longs bâillements des hippopotames!

Repères
Vol : Montréal-Windhoek a/r: 2200 $
Prix d'une bière : 2 $
Autres activités : Randonnée à travers le canyon Fish River, camping à la belle étoile dans le bush de Spitzkoppe

Un rendez-vous incontournable :
Dans la région du Kaokoland, les femmes de la tribu semi-nomade des Himbas sont reconnues mondialement pour leur grande beauté, avec leur corps et leurs cheveux colorés d’une poudre rouge ocra et leur chignon confectionné en peau de chèvre.

Infos : namibiatourism.com.na

 

 Crédit: Marie-Soleil Desautels

Himalaya népalais
Le tour de l’abondance

par Marie-Soleil Desautels

L’Himalaya fait rêver. Avec plus de 300 kilomètres de sentiers reliant les petits villages, le tour des Annapurna au Népal est sans égal pour satisfaire les accros du dénivelé à la recherche d’une expérience humaine.

J’aurais pu continuer ma randonnée, mais la propriétaire d’une auberge m’invite avec un sourire qui éclipse d’un coup mes courbatures et ma fatigue. Elle m’offre un verre de rakshi, un alcool local à base de riz. Me voilà donc avec elle et sa sœur, à éplucher des pousses de bambou pour accompagner le repas du soir, un classique dal baht (riz et lentilles). Nos gestes sont ponctués d’échanges freinés par ma vitesse à verdir les pages de mon dictionnaire népalais. « Hospitalité » se prononce « bya-ba-har. »

Lovés dans les plis des vallées ou greffés à flanc de montagne, les villages habités par une dizaine de groupes ethniques pimentent la randonnée. Rarement plus de quatre heures de marche les séparent. Ici, on croise une gerbe de foin mobile qui laisse transparaître deux jambes et de maigres sandales, rappelant la pauvreté du pays. Là, des écoliers aux joues grugées par le soleil et vêtus de leur uniforme bleu et blanc gravissent les côtes comme d’agiles bharals, mi-chèvre, mi-antilope.

Et les Annapurna, c’est aussi une histoire de famille : l’Annapurna I (8091 m) est au dixième rang des sommets du monde, alors que ses frères (Annapurna II, III et IV et Sud) ont grandi dans le même massif long de 55 kilomètres. Du piémont jusqu’au haut plateau tibétain, un sentier serpente autour de cette singulière progéniture et culmine au col enneigé du Thorong La, à 5416 mètres. Une vingtaine de jours suffisent pour faire le tour, bien que plusieurs randonneurs allongent la marche jusqu’aux différents camps de base.

Les paysages sont à couper le souffle bien avant d’atteindre les cols! Véritable barrière, l’Himalaya empêche les nuages qui arrivent de l’océan Indien de poursuivre leur route plus loin. Résultat : le versant sud du massif est copieusement abreuvé et permet aux paysans d'y cultiver des champs de maïs en terrasses ou des rizières. Figuiers et bougainvillées ornent les villages enveloppés dans une moiteur subtropicale. Le versant nord, malgré son aridité, n’est pas en reste : après les forêts sempervirentes de conifères et de rhododendrons s’installe une toundra alpine tachetée de fleurs insoumises, sur une terre bronzée et noyée dans le bleu du ciel.

Au-delà des yeux, il y a l’arôme de ce thé partagé avec une femme qui moissonne l’orge à la faucille. Le goût d’abricots récemment séchés. L’écho du fou rire de ce vieil homme en constatant mon fidèle grelot « antiours » : au Népal, seul le bétail porte des grelots. Et le claquement au vent des loungtas, les drapeaux de prière tibétains, brisant le silence. Autour des Annapurna, les échanges n’ont pas encore transformé les cultures locales en spectacles bon marché.

Repères :

Billet d’avion : Aller-retour Montréal-Katmandou autour de 1900 $ (Pokhara est à sept heures d’autobus de la capitale.)

Prix d'un plat principal (dal bhat, chow mein, etc.) : 2 à 5 $ selon l'altitude

Pour un temps limité : Les trekkeurs ne seront plus seuls très longtemps : les 4x4 nolisés pourront bientôt faire le tour complet des Annapurna! Presque toute la section à l'ouest du col du Thorong La (vallée de la Kali Gandaki) peut être parcourue et une route gruge la montagne à l'est (vallée de la Marsyangdi).

Infos : visitnepal.com

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