Rechercher dans le site espaces.ca
  • © Julie Hamelin

Réserve faunique de Matane : 3 jours de randonnée au coeur de la Gaspésie sauvage

Particulièrement ardu, le tronçon du Sentier international des Appalaches situé dans ce territoire permet de gravir plusieurs belles montagnes en trois jours. Notre collaborateur s’y est frotté et il nous en a rapporté ce qui suit.


Quand on pense à la randonnée en Gaspésie, ce sont immédiatement les sommets situés dans le parc national du même nom qui viennent à l’esprit. À tel point qu’à quelques encablures de là, presque personne ne parcourt la portion du Sentier international des Appalaches (SIA) situé dans la réserve faunique de Matane.

Pourtant, cet itinéraire est particulièrement costaud et sait se faire désirer : cette année, l’important couvert de neige a repoussé son ouverture jusqu’à la fin juin, ce qui a contrarié les plans de l’auteur de ces lignes... qui a finalement attendu le 20 juillet pour compléter le tronçon entre le lac Matane et le Petit-Sault, où sont concentrées les montagnes de la réserve faunique de Matane.

© Sépaq


À lire aussi : 7 randonnées incontournables en Gaspésie


Il faut compter trois jours pour faire ce parcours d’une quarantaine de kilomètres. En revanche, la (très) faible fréquentation du SIA, si elle est avantageuse quand il s’agit d’observer des orignaux, ne suffit pas à contenir la végétation gourmande qui grignote le sentier : on a régulièrement des fougères jusqu’à la taille. Le chemin est souvent très boueux et glissant, et les portions planes sont extrêmement rares : on a plutôt affaire à une succession de murs qu’on grimpe péniblement ou qu’on descend en faisant attention de ne pas dégringoler. Un kilomètre sur ce terrain parait long comme cinq ailleurs. On vous recommande de n’être ni débutant, ni trop chargé : un couple de retraités rencontré en route, qui faisait partie de ces deux catégories, a dû abandonner à mi-parcours, en utilisant le chemin carrossable qui se rend à l’antenne du mont Blanc.


© Julie Hamelin

Les randonneurs parcourent généralement le SIA de l’ouest vers l’est, dans la continuité de l’Appalachian Trail américaine, vers la fin des terres au parc Forillon. On est allé en direction inverse, en partant du joli site du Petit-Sault au-dessus duquel des chutes s’égrènent le long du sentier. Puis, c’est le terrible mont Nicol-Albert : une montée abrupte (750 m de dénivelé) où des cordes permettent de franchir les passages les plus difficiles. Près du sommet, le détour par le Bonhomme s’impose : là aussi accroché à une corde, on descend à pic vers une curieuse formation rocheuse, digne d’un paysage volcanique, posée sur le dessus d’une falaise. On surplombe véritablement le paysage, et c’est totalement grisant.

Le Bonhomme du Mont Nicol-Albert © Rémy Bourdillon

Par la suite, on ne cesse de gravir des montagnes, puis de redescendre avec une vue sur la montagne suivante. La descente vers le lac Beaulieu, où se trouve un site de camping, est vertigineuse… un dénivelé qu’il faudra bien sûr subir dans l’autre sens en repartant!


À lire aussi : 12 km de randonnée sur la crête du mont Vallières


Bien différent de son homologue alpin, le mont Blanc a quand même un point commun avec lui : c’est la montagne la plus majestueuse de sa région. Son ascension, dans un champ de fougères, donne véritablement l’impression de s’envoler au-dessus de la péninsule gaspésienne. De l’autre côté, la montée est autrement plus abrupte, en plein cœur d’une faille qui déchire la montagne. Si vous le pouvez, évitez de dormir au camping du mont Craggy, situé dans un curieux endroit, très en-dessous du sentier et assez loin d'un point d’eau. Préférez celui du magnifique lac du Gros-Ruisseau, de l’autre côté des monts Craggy et Pointu. Deux autres grosses montées, récompensées par de superbes vues sur la région, témoingnent de l'importance de l'industrie forestière : les coupes à blanc sont nombreuses…

Superbe plan d’eau tout en longueur, le lac Matane est coincé entre deux falaises. Dans le sens est-ouest, la descente vers ses berges, sur une crête offrant de beaux panoramas, est longue et parfois raide. Dans le sens contraire, attendez-vous donc à débuter votre randonnée par une montée de calibre olympique.

Le mont Blanc © Rémy Bourdillon

Si ces trois journées de rando ne vous suffisent pas, pas de problème! Il est possible de poursuivre vers la vallée de la Matapédia à l’ouest, ou vers le mont Logan dans le parc national de la Gaspésie, vers l’est. La direction du SIA propose un service de livraison de nourriture (il vous faudra préparer vos plats) dans des boîtes prévues à cet effet dans certains sites de camping. Coup de chapeau à ce duo père-fils (12 ans maximum) qui faisait toute la portion québécoise du SIA (640 km) en… 56 jours! De quoi relativiser nos 40 km d'efforts et nos quelques piqûres de moustiques…


À lire aussi : Les plus belles randonnées du parc national de la Gaspésie


Bon à savoir


© Julie Hamelin

S’y rendre : de Matane, prendre la route 195 vers le sud. Passé le village de Saint-René-de-Matane, tourner à gauche vers l’accueil John (où on peut se procurer une carte de la réserve faunique). Le lac Matane se situe 26 km plus loin. L’accès est gratuit.

Plusieurs sites de camping jalonnent le sentier (lac Matane, lac du Gros Ruisseau, mont Craggy, lac Beaulieu, Petit-Sault). À chacun d’entre eux, on trouve un abri en appentis (ou « lean-to », 25 $ par nuit et par personne, capacité de 4 personnes) et deux plateformes (30 $ par nuit chacune).

Le camping du Petit-Sault est à une quarantaine de kilomètres de Cap-Chat. Dans ce village, depuis la route 132, prendre la rue des Fonds (qui longe la rivière Cap-Chat), puis suivre la direction de la zec. Prévoir des frais de 11,70 $ + taxes par véhicule pour traverser le territoire de la zec.

Ceux qui résident dans la région choisiront peut-être d’y aller à deux voitures afin de pouvoir en laisser une au point de sortie. La route forestière 1 permet de se rendre du lac Matane au Petit-Sault. Sinon, un service de transport est offert vers différents points de la réserve faunique. Compter 75 $ l’aller et 120 $ l’aller-retour.

On arrive à obtenir une connexion cellulaire au sommet des montagnes. Contracter une assurance comme Airmedic peut permettre de partir avec l’esprit plus tranquille.

En chemin, les points d’eau ne manquent pas. Prévoyez cependant des pastilles purificatrices ou un filtre.

Des guides sont en vente dans la boutique du site internet du SIA : sia-iat.com/boutique.html

Commentaires (0)
Participer à la discussion!