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  • © Daphné Caron

Longue randonnée : une traversée en équipe des Sentiers de l'Estrie

Presque chaque jour, en revenant du boulot ou d’une quelconque sortie en ville, j’ai ce privilège sherbrookois d’être ébloui par une silhouette hors du commun qui se profile au loin.

Ce « p’tit bout d’Appalaches », comme je l’appelle, représente une chaîne de massifs qui naît au-delà de la frontière états-unienne et qui s’étire jusqu’aux collines de Brompton et de Richmond, en passant par la majestueuse crête du parc national du Mont-Orford, dans les Cantons-de-l’Est.


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Ce ne sont ni les Alpes suisses, ni la cordillère des Andes, mais ce long corridor montagneux de plusieurs centaines de kilomètres constitue pour les Estriens un bijou de la nature qui coupe en deux l’autoroute 10 et son rythme effréné, et qui les incite à découvrir des décors et des points de vue uniques.


© Ian Roberge

C’est ainsi que s’est cristallisée une idée dans mon esprit : cette chaîne de montagnes, je la traverserais en équipe. Chaque participant se relaierait à la course, de l’aube au crépuscule, en suivant le bon vieux tracé des Sentiers de l’Estrie. Une balade en forêt de plus de 140 kilomètres, ponctuée de dénivelés positifs d’au-delà de 4 000 mètres, soit la moitié du mont Everest, tout en tenant compte du niveau de difficulté technique que nous offre ce réseau de sentiers. 

J’ai donc veillé à m’entourer de coureurs aguerris qui croyaient en mon idée et, ensemble, nous avons formé une équipe homogène, complémentaire et dédiée à l’atteinte d’un objectif commun. On dira ce qu’on voudra : six gars qui s’entraînent à courir en trail pour un défi de cette ampleur sont évidemment envahis par une bonne dose d’adrénaline et ont toute une soif de dépassement à étancher. D’autant plus qu’un an auparavant, à pareille date, une expérience similaire s’était soldée par un échec au 100e kilomètre de la traversée, en raison d’orages violents.


© Tourisme Cantons-de-l'Est

Le premier jour, l’emballement était donc effectivement au rendez-vous, même si nous nous sommes rejoints un peu avant 3 h du matin en ce solstice d’été, avant de gagner Sutton pour y débuter notre aventure. L’air se faisait déjà chaud et humide avant même le lever du jour; la chaleur accablante et l’humidité extrême auront tout de même fait ressortir en nous une résilience et une tolérance surprenantes. 

À mesure que nous avalions ces kilomètres de montées et de descentes, de sentiers rocailleux et de chemins forestiers, chaque point de relais représentait une étape de plus vers notre objectif. C’est dans cet esprit que nous avons gardé le cap malgré la lourdeur affligeante des éléments (le mercure oscillait autour de 40 degrés avec l’indice Humidex). Les circonstances deviennent si secondaires quand le but ultime — l’atteinte collective de la ligne d’arrivée — reste au premier plan. 

De fil en aiguille, nous nous sommes relayés sur chaque portion du parcours, chacune comportant son lot de défis, et chaque coéquipier courant trois fois dans la journée. Maintenir le rythme quand chacun contribue au défi, tant sur le plan physique (courir!) que sur le plan mental (demeurer positif!), c’est chose facile. Or, nous n’étions tous ensemble qu’au départ, à l’arrivée et durant les fractions de seconde où deux coureurs se relayaient. 


© Daphné Caron

Il faut dire que courir en solitaire dans les montagnes et les bois ouvre aussi la porte à certains risques. Heureusement, entendre l’un de nous raconter qu’il s’est fait poursuivre par un oiseau de proie sur une centaine de mètres et savoir qu’un autre a abouti un kilomètre plus loin que l’itinéraire prévu nous a bien fait rire et nous a aidés à prendre à la légère les difficultés vécues.

Ce n’est qu’après avoir franchi le plus vieux pont de fer au Québec, à Richmond, que nous avons finalement pu dire: « Mission accomplie! » Cette traversée complète des Sentiers de l’Estrie a finalement été réalisée en un peu plus de 16 heures 30 minutes, soit une heure de plus que prévu, ce qui demeure excellent compte tenu de la chaleur. Et c’est avec les jambes lourdes et le ventre plein de burgers et de frites que nous avons tous regagné nos foyers respectifs, en fin de soirée, en nous félicitant encore de notre accomplissement collectif, tout en imaginant d’autres idées (folles) de nouvelles courses à relais!

Infoslessentiersdelestrie.qc.ca


Merci à mes coéquipiers et amis Brett Barber, Bernard Dostie, Mathieu Gendron-Daigneault, Samuel Goudreault et Nicolas Goudreault pour cette journée mémorable. 


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