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  • Crédit: Dani Vincek

Pour ou contre la recommandation 4.3 du rapport Coulombe?

Fin 2004, le rapport Coulombe de la commission d’étude sur la gestion de la forêt publique (recommandation 4.3) estimait nécessaire « que 12 % de la superficie de chacune des régions naturelles situées en forêt boréale québécoise fassent partie du réseau d’aires protégées en 2010 ». À l’heure où quatre associations de défense de l’environnement lancent une campagne pétitionnaire en faveur de ce texte, le gouvernement crée des parcs nationaux au nord du 50e parallèle, avec comme objectif la constitution de 8 % du territoire en aires protégées en 2008. Espaces a interrogé environnementalistes et industriels sur ce point précis.

POUR ce « bond dans la bonne direction »

« À l’échelle planétaire, la forêt boréale est reconnue comme un patrimoine mondial dont une partie doit être protégée. Jusqu’en 2000, le Québec, avec seulement 1 % de son territoire protégé, ne prenait pas son rôle de conservation au sérieux. Devant un tel constat d’échec, le gouvernement a mis en place la Stratégie québécoise sur les aires protégées, qui visait à protéger 8 % du territoire en 2005 et ce, en tenant compte de la représentativité de la biodiversité. Malgré de bonnes intentions, nous voilà en 2006 avec seulement 3,4 % du territoire réellement exclu de toute activité industrielle et un engagement repoussé jusqu’à la fin du mandat du gouvernement actuel. Protéger 12 % de la forêt boréale, tel que recommandé par le rapport Coulombe, est un bond dans la bonne direction.

Le Québec doit constituer et consolider un réseau d’aires protégées représentatif de la biodiversité de tous les milieux naturels, et cela dans une reconnaissance autant du besoin des générations futures d’espaces naturels intacts que du besoin actuel de diversification économique. Dans le contexte actuel de restructuration du régime forestier et des économies des régions, le Québec doit se tourner vers des solutions plus durables, ce qui comprend entre autres la mise en place d’aires protégées.

Une région comme la Gaspésie peut bien prévoir manquer de bois, mais jamais personne ne proposerait d’ouvrir ses parcs de conservation à l’industrie forestière. Les autres régions ne semblent pas conscientes, pas plus que le Québec ne l’était lui-même jusqu’en 2000, de la nécessité de protéger des territoires naturels et d’ouvrir les portes à de nouveaux marchés. Il y a maintenant des attentes mondiales pour la protection de la forêt boréale québécoise; il est grand temps d’agir ! »

- Louis Bélanger, responsable de la commission foresterie, Nature-Québec/UQCN.

 

Pour les aires protégées mais…
CONTRE un processus fait en catimini

La Conférence régionale des élus de la Baie-James (CRÉBJ) est en accord avec le principe de protection de la forêt et de la biodiversité dans une perspective de développement durable qui, rappelons-le, compte trois dimensions, l’environnement, le social et l’économie. Cependant, pour que le développement durable soit respecté, la mise en place du réseau des aires protégées doit se faire de manière transparente, intégrée aux autres mesures de protection et surtout, en incluant les populations locales dans le processus. Ce qui n’est pas le cas actuellement.

La mise en place des aires protégées dans le Nord du Québec se fait en catimini. Les zones protégées s’additionnent à d’autres mesures de protection (projets de parcs, application de l’entente de la Paix des Braves, etc.). Par conséquent, il est impossible de savoir quelles seront les superficies totales protégées dans la région, quels seront les impacts sur le reste de l’économie régionale dont la base dépend largement l’exploitation des ressources naturelles (forêts, mines et énergies renouvelables). Enfin, les populations locales qui sont directement touchées sont actuellement ignorées dans ce processus. Alors, oui aux aires protégées, mais aussi oui à la participation des résidants pour tout projet de développement et de protection de leur territoire. Le développement durable dans le Nord du Québec, c’est aussi le droit de ceux qui l’habitent de vivre dignement aujourd’hui et d’en contrôler le devenir!

- Conférence régionale des élus de la Baie-James (CRÉBJ)

Campagne « On dort comme une bûche ! »

La pétition en faveur de cette recommandation 4.3 du rapport Coulombe est disponible sur le site ondortcommeunebuche.com, campagne menée conjointement par Nature-Québec/UQCN, la SNAP, WWF-Canada et Aux arbres citoyens. Lancée le 15 février dernier, la pétition avait déjà recueilli plus de 140 000 signatures 15 jours plus tard.

Le chiffre du débat : 187

C’est le nombre d’hectares de forêt qui risquent de disparaître au nord de Laval. Cette superficie correspond au boisé naturel de l’Équerre, situé dans une zone de développement urbain. Sillonnée par 10 kilomètres de sentiers balisés par le comité pour sa mise en valeur, la forêt menacée par l’étalement de la ville offre aux promeneurs l’ombre d’arbres matures, où nichent une centaine d’espèces ailées. En 2004, lors de la présentation du schéma de réaménagement de l’île, le comité bénévole avait déposé un mémoire pour l’octroi officiel d’un statut de protection.

Mais sur le papier, « le bois de l’Équerre n’existe pas » rappelle Guy Courchesne, ingénieur et directeur du service environnement de la ville de Laval. Répartis entre cette dernière et une trentaine de propriétaires privées, les 187 hectares dépendent en effet de « nombreux enjeux peu convergents » souligne le représentant municipal, qui travaille à l’établissement d’un fonds vert pour l’instauration du plan de conservation des milieux naturels. En décembre dernier, les habitants de Québec ont vu les derniers arpents de la forêt de l’Escarpement rasés, au profit du prolongement de l’autoroute Du Vallon. Le même sort pourrait condamner le boisé lavallois, qui absorbe à lui seul 85 % des polluants atmosphériques de l’île, dont il représente moins de 1% de la superficie...

Info : boisdelequerre.org

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