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Sylvie Marois : disparition de la « mère du tourisme d’aventure au Québec »

Sylvie Marois est la guide québécoise toujours portée disparue au Népal, emportée par une avalanche le 14 octobre dernier sur le trek des Annapurna, dans la région du Naar Phu, alors qu’elle guidait un groupe de cinq personnes (deux autres randonneuses ont aussi été emporté) pour la compagnie de voyage d’aventure montréalaise Terra Ultima.

***** Mise à jour du 28 octobre 2014 *****
« Namaste Sylvie », le milieu du plein air se mobilise pour Sylvie Marois

Le site internet namaste-sylvie.org vise à recueillir des fonds pour financer la recherche des corps des trois randonneuses québécoises, dont la guide Sylvie Marois. Une initiative lancée par un collectif de personnes, de personnalités et d’organismes de plein air au Québec.

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Pour la communauté des guides au Québec, ce n’est pas simplement l’un des leurs qui manque à l’appel. C’est aussi la perte d’une meneuse, passionnée avec 30 ans d’expérience, et fortement impliquée dans la communauté. « Elle a apporté énormément au métier de guide au Québec », confie Dominic Asselin, président d’Attitude Montagne, centre d'activités et de formation en escalade et alpinisme. « C’était l’un de ses chevaux de bataille : faire reconnaitre ce métier et les gens qui l’exercent, comme une activité professionnelle à part entière ». Renée-Claude Bastien, guide et présidente de l’Association des guides professionnels en tourisme d'aventure, ne dit pas autre chose : « C’était en quelque sorte notre mentor. Elle avait la vision de ce qu’était et devait être un guide professionnel. Rigueur, responsabilité, expertise, elle incarnait tout cela ». 

C’est dans cette volonté de professionnalisation du métier de guide qu’elle collabore à la mise en place du programme de formation de guide en tourisme d’aventure au Cégep Saint-Laurent, en 2000. Comme enseignante et coordonnatrice, avec son collègue Jeff Thuot, elle aura vu passer et façonner 13 cohortes d’étudiants, dont Marie-Andrée Fortin, l’une des 4 membres du projet Karibu : « C’était une enseignante exigeante, qui demandait beaucoup à ses étudiants, mais cela donnait des résultats. Elle a changé nos vies en nous apportant du savoir-faire et surtout du savoir-être : comment bien se comporter, être professionnel ».

Yannick Sisla a fait partie de la cohorte 2005-2006. Il se souvient : « La force de Sylvie était de pouvoir faire ressortir le meilleur de nous même, autant comme guide que comme personne. On a tous beaucoup appris et évolués à son contact. Entre étudiants, on disait qu’elle était la mère du tourisme d’aventure au Québec ». Une mère en charge de la « famille Saint-Laurent » comme l’appelle Marie-Andrée formation, qui aura « marqué une génération complète de guide en tourisme d’aventure », conclut Renée-Claude Bastien.

La vie de Sylvie Marois était pleinement consacrée à la pratique du plein air : l’été en kayak de mer, l’hiver en ski alpin hors-piste. Quand on interroge les personnalités qui l’ont côtoyé, les mêmes adjectifs, tous élogieux, reviennent : passionnée, rigoureuse, impliquée, professionnelle... « Sylvie Marois a été une pionnière en kayak de mer » explique Bernard Hugonnier, directeur technique à la Fédération Québécoise de Canot et Kayak (FQCK). « Elle a été guide au Saguenay, à une époque la pratique en était à ses balbutiements. Son profil a beaucoup apporté pour la communauté de pagayeurs, car elle avait travaillé autant dans la formation avec la Fédération, avec Aventure Écotourisme Québec (regroupement des entreprises en écotourisme et tourisme d’aventure dans la province) et dans l’industrie. Elle a été un pont, un facilitateur entre ces différentes sphères, pour qu’elles se comprennent et travaillent ensemble ». Elle fut également la première au Québec à atteindre le niveau IV, qui sanctionne une maitrise quasi experte du milieu marin.

Ce niveau de compétence se retrouvait également en hiver quand elle guidait en ski, notamment pour Ski Chic Chocs. On peut ainsi lire sur la page de la compagnie : « Secouriste en régions isolées. Niveau I professionnel en avalanche. 20 années d’expérience de ski, dont 10 ans en hors-piste ». Comme le confirme Dominic Boucher, directeur général du Centre d'avalanche de la Haute-Gaspésie : « C’était quelqu’un de qualifiée et d’expérimentée sur la question des avalanches, qui faisait oeuvre de beaucoup de rigueur et de discipline dans son travail. Toujours très concerné et intéressé par ce qui se passait ici. Un exemple à suive en tout ! »

Randonnée, kayak de mer, ski hors-piste… Sylvie Marois avait plusieurs vies de plein air dans une seule vie. L’une d’elles a malheureusement emporté tout le reste.

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