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  • Crédit : Alex Moling/Alta Badia

Dolomites : le ski italien à son meilleur

Dans le nord de l’Italie, les Dolomites forment l’un des plus beaux domaines skiables d’Europe, au cœur d’un massif montagneux fantasmagorique où se déploient 1200 km de pistes de ski. Compte-rendu en photos d’un séjour rentre-dedans à Cortina d’Ampezzo et Alta Badia, deux stations phares.  

© Gary Lawrence 

Quand je lui reparle de son séjour de ski en Italie, à l’hiver 2019, Fiston a toujours des étoiles en forme de cristaux neigeux qui lui pétillent dans les yeux. Je me rappelle encore de son éblouissement, lorsqu’il a ouvert les rideaux de notre chambre, à Cortina d’Ampezzo, le premier matin : « Papa, c’est tellement beau que j’ai envie de pleurer! », avait-il spontanément lâché en apercevant le Tofana di Mezzo, plus haut sommet des environs (3244 m). Parce que nous étions arrivés de nuit la veille, dans une épaisse purée de pois de surcroît, l’effet coup de poing de ce massif renversant de beauté était d’autant plus prégnant. 

© Gary Lawrence

Plus tard en matinée, le parcours en téléphériques (trois segments successifs) a relevé du vertigineux et s'est révélé féérique, surtout après avoir franchi des nappes de brume pour ensuite toucher du doigt, ou presque, les nuages entourant le Tofana. Nous sommes redescendus en toute extase par une succession de paliers avec points de vue délirants, avant d’emprunter, sans jamais être blasés, le long couloir boisé et encadré de mélèzes balèses de la Tofanina. Puis, c'est le bien-nommé Cristallo – "la montagne de cristal" – qui nous a ébloui les prunelles, de l'autre côté de la vallée.

© Freddy Planinschek, Alta Badia

Peu importe le secteur qu’on choisit dans les Dolomites, on dévale toujours les pentes avec des murailles naturelles rosâtres qui se dressent sous l’horizon et qui en jettent plein la vue jusqu’à pâmoison. Il y a 250 millions d’années, elles ne formaient qu'une masse compressée d’algues, de coquillages et de coraux engloutis sous des mers tropicales.

Après en avoir émergé il y a 70 millions d’années, les montagnes se sont progressivement érodées pour devenir ce qu’elles sont aujourd’hui : des pinacles de joliesse brute, des pics dentelés ahurissants de beauté, des tourelles de pierre qui se dressent tout d’un bloc. Le jour, tous ces massifs pétris de minéralité brillent littéralement sous la lumière de cette région particulèrement bien pourvue en rayons de soleil; le soir, elles rosissent sous les reflets de l’enrosadira, la douce lumière du couchant.


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© Gary Lawrence

Nul besoin d’être un as du ski pour trouver son compte, à Cortina d’Ampezzo : l’essentiel du domaine skiable y est de niveau intermédiaire, et il est partout fort bien damé : les Italiens, premiers clients des lieux, aiment bien quand les pistes sont lisses, assure-t-on là-bas. Seul le secteur du Tofana compte quelques murs abrupts qui peuvent donner du fil à retordre ou un début de sueurs froides aux débutants lors de leurs prises de carres.

Cortina d'Ampezzo © bandion.it

Encore aujourd’hui, Cortina d’Ampezzo mérite son surnom de « reine des Dolomites », avec ses hôtels cinq étoiles historiques, ses fines tables, ses boutiques chic surmontées de façades couvertes de fresques et son Corso Italia aux pavés foulés par des passants friqués. Mais le domaine skiable, situé à 44 km de l’Autriche, est fréquenté par des skieurs de toutes les classes et de tout acabit. Après tout, le ski, c’est la liberté…

© Gary Lawrence

Seul domaine skiable italien, avec Courmayeur, à être membre du club sélect Best of the Alps, Cortina d’Ampezzo est fréquentée par les skieurs depuis des lustres, et la station fut la première d’Italie à hériter d’un club de ski, le Club Sportivo Ampezzo, en 1903. De nos jours, la glisse est devenue la principale raison pour laquelle on fréquente ce village de 6000 âmes, toutes saisons confondues.


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© Gary Lawrence 

Dans les Dolomites, la bonne chère fait partie intégrante de l’expérience ski, à l’un ou l’autre des chalets de montagne répartis çà et là aux abords des pistes. Figurent notamment au menu les spätzles au gorgonzola, canederli (gnocchis de mie de pain et de speck) et autres casunziei (raviolis fourrés aux betteraves ou aux herbes sauvages). Mais on peut aussi se contenter de succulentes pizzas (au bresaola ou aux lardons et porcini, par exemple)... le tout constituant un bon incitatif à se dépenser sur les pentes pour ne pas entraîner une surcharge pondérale.

© Gary Lawrence

À Alta Badia, dans le Südtyrol (ou Trentin-Haut-Adige) voisin de Cortina, on élève la gastronomie alpine encore plus haut. Depuis une dizaine d’années, cette région organise l’événement A taste for skiing; pour l’occasion, des toqués renommés de partout dans le monde concoctent des menus spéciaux avec les chefs des innombrables chalets de montagne qui jalonnent les pistes, sur l’autre versant des Dolomites.

Les menus sont ensuite proposés aux skieurs dans les restaurants participants – comme Moritzino, au sommet du Piz La Ila, à La Villa, où on prépare notamment une étonnante joue de bœuf braisée sauce au chocolat. Il est même possible de passer un après-midi à skier avec un sommelier pour déguster les excellents vins de la région, de chalet en chalet, avant de s’attabler à l’une des tables réputées du domaine skiable, qui compte trois chefs étoilés Michelin.

Colfosco © Fotoriva/Alta Badia

À peine deux ou trois cols du parc naturel des Dolomites, inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco, séparent la Vénétie (où est sitée Cortina) du Südtyrol, mais la différence se fait bien sentir à l’oreille. Partie intégrante de l’empire austro-hongrois jusqu’en 1918, le Südtyrol est presque aussi germanique qu’italien, ce qui s’entend jusque dans les chalets des skieurs où il n’est pas rare de se faire aborder dans la langue de Goethe. Grâce à un statut spécial de région autonome qu’on lui a accordé (comme au Val d’Aoste ou en Sicile), on a également pu préserver la culture locale et ce vieux parler qu’est le ladin, encore en usage dans quatre vallées (et dans celle d’Ampezzo, en Vénétie).


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Corvara © Freddy Planinschek, Alta Badia

Le domaine skiable qui s’étale directement autour du village de La Villa offre peu de défis et il compte une succession de bols de faible dénivelé situés sur un haut plateau, d’où partent quelques pistes plus pentues… mais le tout demeure entouré des mêmes spectaculaires montagnes couleur corail. Il en va autrement de la Sella Ronda, le climax skiable d’Alta Badia : celle-ci est formée de quatre vallées reliées entre elles et qui se succèdent autour d’un imposant massif, où on enfile de 7 à 8 h de descentes inoubliables, de Corvara à Colfosco en passant par Arabba, Canazei et Val Gardena.

© Gary Lawrence

À mi-chemin entre Cortina et Alta Badia, la glisse qu’on entame depuis le Lagazuoi est tout aussi mémorable : ce sommet de 2778 m est le point de départ de la plus longue descente des Dolomites. Près de 8 km de bonheur skiable à l’état brut, sur un blanc lacis qui serpente au pied de pics et pitons immensément jouissifs.

© Gary Lawrence

En chemin, on croise des falaises aux à-pics qui défient la gravité, un ou deux restos de montagne pour se ravitailler de même que des cascades gelées aux teintes turquoise, voire verdâtres.

© Alex Moling/Alta Badia 

Au terme de la descente, un long plat s’étire sur plusieurs centaines de mètres. Qu’à cela ne tienne : tout le monde s’accroche à des cordes attachées à un attelage de chevaux, qui ramène les skieurs aux remontées.


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© Alex Moling, Alta Badia 

Outre le ski (alpin, de fond, de montagne, hors-piste et héliporté), on pratique aussi la raquette, la luge, l’escalade de glace et le parapente, dans les Dolomites. L’été, d’innombrables via ferratas – qu’on a d’abord aménagées pour accéder à la ligne de front lors de la Première guerre mondiale – permettent d’explorer les environs. L’hiver, une virée à ski donne lieu à un parcours fort singulier, jalonné de vestiges de la Grande guerre : fortins, artéfacts, murets, tunnels et tranchées ponctuent le First World War Ski Tour, qui s’effectue en une journée.

© Gary Lawrence

En plus d’organiser des compétitions de ski alpin – en décembre dernier, elle était l’hôte d’une épreuve de la Coupe du monde hommes –, Alta Badia propose des cours de ski de compétition individuels à la carte. Pour suivre les traces du Norvégien Henrik Kristoffersen, vainqueur en slalom géant en décembre dernier, on doit cependant délier son gousset : dans le meilleur des cas, il faut compter 43 euros/h (mais un deuxième élève est admis gratuitement).

© Gary Lawrence 

Chaque année, Cortina d’Ampezzo accueille pour sa part la Coupe du monde de descente féminine, et elle organisera les finales de la Coupe du monde de ski en mars prochain et les Championnats du monde de ski alpin FIS, en 2021. Déjà hôte des Jeux Olympiques d’hiver de 1956, Cortina le sera de nouveau en 2026 (avec Milan), 70 ans plus tard. Nul doute qu'elle se dotera, pour l'occasion, d’équipements à la fine pointe de la technologie du ski – de quoi éblouir bien des générations de futurs skieurs, jeunes ou adultes.


Pratico-pratique

© Gary Lawrence

Air France relie Montréal à Venise quotidiennement, via Paris, ce qui en fait le transporteur le plus pratique pour gagner les Dolomites, depuis le Québec. De Venise, Cortina est à deux heures de bus et Alta Badia, à trois heures.

Les domaines skiables de Cortina et d’Alta Badia font partie de l’immense réseau Dolomiti Superski, qui compte 1200 km de pistes accessibles avec une seule passe. Coût d’une semaine de ski avec hébergement demi-pension (3 étoiles) et passe : à partir de 800 euros.

Un bon hôtel à Cortina : le Trieste (3 étoiles), un établissement familial à 10 minutes du téléphérique pour le Tofana, et doté d’une très bonne table. À La Villa, l’hôtel Antines est encore mieux : 4 étoiles, chambres toutes différentes, jolie piscine, bain turc, sauna et excellente table. À deux minutes de l’arrêt de bus et des remontées.

© Gary Lawrence

L’auteur était l’invité de Cortina Marketing, d’Alta Badia Brand et d’Air France.

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