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Pour ou contre : le port obligatoire du casque sur les pentes de ski?

La mort de l’actrice Natasha Richardson, à la suite d’une chute banale en mars dernier au mont Tremblant, est venue cristalliser le débat sur la question du port obligatoire du casque sur nos pentes de ski. La ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Michèle Courchesne, jongle encore avec l’idée de mettre en place une loi qui obligerait les skieurs à le porter. Alors, êtes-vous pour ou contre une telle loi ?

Pour

« C’est vrai que nous sommes en avance au Québec dans ce domaine. Les stations de ski on fait un énorme effort. On a quadruplé le port du casque depuis quelques années, mais cette tendance plafonne et on se demande si les moyens mis en place ne sont pas arrivés au maximum de leur capacité. Les gens portent-ils toujours leur casque? La réponse est non. En ski de printemps, pour une petite balade, ils ne le mettent pas. Donc, les chiffres officiels parlent de 75 %, mais en réalité, c’est moins.

Dire que le casque ne protège que la tête, c’est faux. Il protège le crâne, mais aussi la colonne cervicale qui est la deuxième cause d’hémorragie cérébrale. Donc, le casque protège le crâne et des traumas au niveau de la colonne cervicale. Le trauma crânien n’est pas le plus commun, mais c’est la cause la plus fréquente de dommages importants et de décès. Le casque réduit ces risques de 30 à 60 %. Et il est aussi faux de croire que les jeunes prennent plus de risques avec un casque. En fait, c’est tout le contraire : c’est un rappel à la prudence.

Nous, on demande de légiférer le port du casque obligatoire. Exemple : vous voulez un billet de remontée mécanique, vous devez porter un casque. On n’a jamais demandé à ce que les stations soient responsables des accidents. Mais d’un autre côté, si elles ne sont pas responsables, est-ce qu’elles feront appliquer une telle loi? »

- Dr Nicolas Elazhary, porte-parole de l'Association des médecins d'urgence du Québec (AMUQ)

Contre

« À mon avis, personne n’est allé aussi loin que nous en matière de sécurité. Depuis des années, notre association et ses membres organisent des tournées d’activités promotionnelles pour le port du casque. Nous avons même demandé aux stations d’en prévoir suffisamment pour les locations lors des « classes de neige ». Depuis février 2007, le Québec est possiblement le seul endroit au monde où le casque est obligatoire dans les parcs à neige, qui sont des espaces dédiés aux acrobaties sur modules et où la prise de risque est très grande. Bilan de ces efforts : 90 % des enfants de 12 ans et moins et 70 % des 12 à 17 ans portent un casque sur les pistes.

Un sondage effectué dans 15 stations par le groupe MRG en mars 2009, soit peu après la mort de Natasha Richardson, montrait que 74 % des skieurs de tous âges portaient un casque. Et les compagnies ont fait des progrès : les casques coûtent entre 35 $ et 200 $. Ils sont confortables, ergonomiques, résistants et hautement fashion.

Mais le casque ne protège que la tête et la sécurité en ski est beaucoup plus large. Si une personne descend à 100 km/h et frappe un arbre, casque ou pas, ça ne fera pas de différence. On ne veut pas envoyer un faux message du genre « mettez un casque, ça va vous sauver ». Et l'industrie n’a pas le goût de jouer à la police. On n’a ni les moyens ni le personnel pour tout surveiller. On veut bien faire autant de prévention qu’on peut, mais on ne veut pas devoir sanctionner les clients qui choisissent de ne pas en porter ou de devoir refuser l’accès aux remontées mécaniques, de risquer de perdre des adeptes et d’être tenue responsable en cas d’accident. En fait, on veut éviter d’avoir à porter l’odieux d’une réglementation face à la clientèle et de perdre des adeptes.»

- Alexis Boyer-Lafontaine, porte-parole de l’Association des stations de ski du Québec (ASSQ)

Le chiffre du débat : 74

C’est le pourcentage moyen des skieurs québécois, toutes tranches d’âge confondues, qui portaient un casque en mars 2009, quelques jours après la mort de Natasha Richardson. Le sondage a été réalisé dans quinze stations de ski par une équipe menée par Guy Thibodeau, un journaliste bien connu dans le monde du ski. Le Québec compte environ 1 400 000 skieurs, en comparaison avec 3 600 000 cyclistes dont 36,6% portent le casque. Dans chacun ces deux sports (sauf dans les parcs à neige), le port du casque se fait sur une base volontaire au Québec.

D’après le Secrétariat du Loisir et du Sport, 1% des traumatismes d’origine récréative et sportive proviennent du ski et 3% du vélo. Lors du sondage de MRG, les observateurs ont noté que les moniteurs de certaines stations ne portent pas de casque, que les clients qui ne portaient pas de casque se tenaient ensemble, que dans plusieurs cas les enfants portent le casque, mais pas leurs parents et qu’enfin presque tous les jeunes ont adopté le port du casque.

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