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  • Crédit: Caroline Côté, Défi Go Fetch

Histoires d'eau

« Par la soif, on apprend l'eau ». C'est à croire que certains Québécois ont pris au mot les vers de la poétesse anglaise Émily Dickinson, poussés par un irrésistible appel de l’aventure en milieu aquatique. Chacun y a répondu avec un entrain et une passion qui forcent le respect et l’admiration. Chacun a fait un pas en avant, conscient qu’ils allaient enfin pouvoir toucher ce qu’ils désiraient tant : vivre des histoires d’eau.

Après deux ans d’efforts, le Défi Go Fetch a levé l'ancre ce samedi 16 mai. 

Je les avais rencontrés en janvier dernier, pour réaliser une entrevue à paraître dans le magazine de mars (relire l’article ici). 

Julien Granger et Luc Labelle (Nuka De Jocas-McCrae, le troisième du Défi, n’avait pas pu se joindre à nous) m’avaient alors expliqué leur projet, rallier la péninsule du Yucatan au Mexique, en longeant la côte Atlantique. Un voyage de 15 mois, 9 000 km en kayak de mer. 

Quatre mois plus tard, ce samedi, c’était enfin pour eux le jour J. Au Vieux-Port de Montréal, sur les quais du Yacht Club, une foule d’une soixantaine de personnes, la famille, des proches, des amis, était venu leur dire au revoir. On pouvait y voir les larges sourires des uns, sentir l’émotion des autres. « Comment on se sent ? Je crois que cela paraît sur nos visages! On me dit que j’ai l’air zen. Si vous saviez comment je suis en dedans... » avoue Julien.

Crédit: Antoine Stab

L’excitation pour Julien, l’émotion pour Luc, qui en plaisante : « Je ne sais plus si on va partir finalement... Ca n’arrête pas. C’est fort ce que l’on vit ! ». Avec toutes ces embrassades, ces sourires dissimulant mal quelques larmes, on se demande presque si ces trois-là n’ont pas lancé l’idée d’une expédition en kayak de mer, juste pour ressentir cette chaleur humaine. « Non » répond Julien, amusé. « Ce fut trop de travail et d’efforts pour juste avoir des bisous. On aurait attendu le temps des fêtes pour ça ! »

Avant de partir, il faut inaugurer le bateau. C’est la règle, pour éviter le malheur à l’embarcation et à son occupant. Chacun débouche sa petite bouteille de champagne, en verse un peu sur la coque, trinque ensemble et boit une belle gorgée du pétillant.  (pour le bois, pas les jeunes filles !),  (le loup chez les Inuits) et le  (détermination à long terme, en Finnois) sont maintenant prêts à toucher l’eau.
 

Crédit: Antoine Stab
   

Crédit: Antoine Stab

Dernières embrassades, dernières larmes, derniers sourires. Les trois kayakistes donnent leurs premiers coups de rame, sous les cris et les applaudissements de la foule. Sortie de la marina. Le courant du Saint-Laurent les emporte vers le Pont Jacques-Cartier. Leur histoire d’eau peut commencer.

Bon vent les boys !

Chaque mois, nous publierons sur espaces.ca un article sur le Défi Go Fetch : prendre des nouvelles ; leur faire raconter leur périple, les personnes rencontrées, les paysages traversées ; aborder avec eux différentes thématiques, comme la vie en expédition, les communautés de kayak dans la région...

Il existe bien des façons de rentrer chez soi. La voiture est généralement le moyen de transport le plus courant. Pour les plus longues distances, on prend l’avion. Ou peut-être le train. Rarement un canot. C’est pourtant ce que sont en train de faire Magali Moffatt, Benoît Gendreau-Berthiaume et leur fils, Mali, âgé de 5 ans.

Cette famille de Québécois, résidente d’Edmonton, a choisi de retourner chez eux, en parcourant les 3 000 km qui les séparent de leur province de naissance, sur un canot de 17 pieds. Un voyage qui devrait durer quatre mois.

« L’idée nous est venue en 2013, à la suite de deux événements » raconte Magali. « Quand on a pris la décision de déménager au Québec. On a d’abord pensé à faire un road trip aux États-Unis, mais notre voiture a eu un problème mécanique. Les réparations nous coutaient 4 000 dollars. Dans la même période, Mylène Paquette a traversé l’Atlantique à la rame. Elle m’a époustouflée et m’a donné le gout de faire ma part. Dans le salon, j’ai dit à Benoit : “pourquoi ne pas traverser le Canada en canot ?“ En faisant des recherches sur le web. On s’est aperçu que cela n’était pas irréalisable. »

À bien y regarder, rien d’étonnant à les voir entreprendre ce périple. Benoît, doctorant en écologie forestière à l’université d’Alberta, est guide de canot-camping. Magali, ancienne instructrice d’escalade, travaille chez Mountain Equipment Coop. Il y avait bien Mali, qui, du haut de ses 5 ans, aurait pu être un frein.

« Nous avons fait une expédition préparatoire avec lui en 2014 : 10 jours, 450 kilomètres de canot. Mère Nature nous a mis à rude épreuve, avec beaucoup de vent de face, à un point où l’on avançait difficilement. On a aussi eu de la pluie et de la grêle. Malgré tout, cela s’est très bien passé. On a eu l’approbation de notre fils quand il nous a dit qu’il voulait faire cela toute sa vie ! À partir de ce moment-là, son implication a été facile. On a commencé à compter les dodo, 120 jours avant le départ ! »

Crédit: Paddling Home

Avec leur blogue mis à jour quotidiennement, les deux parents veulent ainsi montrer que la pratique du plein air et la passion des voyages d’aventure ne sont pas incompatibles avec la famille. « L’arrivée d’un enfant ne doit pas faire disparaitre nos envies. Le meilleur des timings n’existe pas. Il faut sauter à pieds joints dans ces projets. Les enfants s’adaptent plus facilement qu’on ne le croit ».

Ils sont aussi conscients que ce genre d’aventure amène son lot de problèmes et de défis à surmonter. « Dealer avec Mère nature et la faune, notamment les ours. Pagayer à contre-courant sur les rivières de l’Ontario. Le portage du canot dans certains endroits, où il n’est pas possible de traverser autrement qu’à pied. Mais on s’attend aussi à de belles choses. Voir comment les paysages changent, comment la terre bouge et évolue tout doucement. »

Leur histoire d’eau, c’est avant tout une histoire de famille et de redécouverte des racines.

Pour les suivre : paddlinghome.weebly.com

Dans le même numéro que celui du Défi Go Fetch (mars 2015), nous vous parlions également des six canoteurs et canoteuses du Québec, les Chemins de l’Or Bleu, partis d’Hudson, sur la rivière des Outaouais le 28 avril dernier, direction l’ouest vers Inuvik, destination qu’ils espèrent rallier en 180 jours, après 7 000 km sur les rivières et cours d’eau du Canada.

En presque un mois de voyage, ils ont terminé la remontée de la rivière des Outaouais, atteint la rivière Mattawa puis North Bay. Ils ont engagé la descente sur la rivière des Français, qui les mènera bientôt aux eaux cristallines de la Baie Géorgienne, puis le lac Huron.

Crédit: Facebook Chrys Maine - Les chemins de l'or bleu

Il leur reste encore un long chemin devant eux, à voguer sur les rivières du Canada, trésors naturels du pays, sur les traces des Amérindiens et des grands explorateurs du 18e siècle. Gageons que la force et l’esprit de leurs illustres prédécesseurs les accompagnent jusqu’au bout de leur odyssée !

Pour les suivre : cheminsdelorbleu.com

Les histoires d’eau peuvent aussi avoir des aspects solidaires. Redonner aux autres ce que le milieu naturel et la pratique du kayak t’ont apporté. C’est le cas avec le Défi Kayak Montréal-Québec.

Un défi sportif : parcourir 250 km sur le Saint-Laurent, de Montréal à Québec en quatre jours (du 13 au 16 aout). Il peut se réaliser seul ou en équipe de sept (défi en relais).

Un défi caritatif : chaque kayakiste doit recueillir des fonds (1 500 dollars) au profit de Jeunes musiciens du monde, un organisme offrant des cours de musique et d’expression musicale à des enfants en milieu défavorisé.

Pour vous inscrire : defikayak.org 

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