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  • Crédit: Oleg Zabielin, Shutterstock

Kayak de vitesse : à fleur d’eau

Plus zen que le kayak d’eaux vives, mais bien plus sportif que la pratique récréative, le kayak de vitesse est la discipline rêvée pour qui veut se façonner un esprit sain dans un corps d’athlète.

Journée ensoleillée, mais plutôt fraîche pour aller flirter à quelques centimètres de la surface de l’eau dans une embarcation inconnue… Qu’importe! Sous la gouverne de Denis Delorme, amateur confirmé en la matière, me voilà prête à embarquer pour ma première leçon en kayak de vitesse. Ma pagaie dans une main, le kayak dans l’autre, mon premier étonnement se trouve dans l’agréable légèreté de l’embarcation. En dépit de ses 5,20 m de long, « il ne pèse que 12 kilos », confirme Denis (en comparaison, un kayak de mer pèse en moyenne 18 kilos).

La seconde surprise me gagne au moment même où je me glisse dans l’hiloire : je dois improviser une véritable danse d’équilibriste pour ne pas chavirer! C’est que, contrairement au kayak récréatif dont la coque est ronde (forme qui lui confère une plus grande stabilité), celle du kayak de vitesse est taillée en un « V » très bien aiguisé pour mieux fendre les flots. Ainsi, le point d’équilibre ne réside qu’en votre capacité à être le plus stable possible… sur vos fesses. Car vos deux genoux se touchent et sortent de l’hiloire, ce qui vous oblige à recentrer votre stabilité sur les seules parties du corps en contact avec la barque, c’est-à-dire votre (petit!) postérieur, et vos pieds. Le tout confère un caractère volontairement instable à l’embarcation, mais au profit d’une plus grande puissance de propulsion.

Pour en faire l’expérience, nous quittons le rassurant ponton. Incroyable! En quelques coups de pagaie, l’équilibre devient un jeu d’enfant! Mon « guide » file loin devant moi sans pour autant manifester un quelconque signe d’effort. Je me hâte non de le rattraper, mais plutôt d’adopter son style avec lequel l’exercice semble si facile. Erreur, car quand on a les pieds serrés, le moindre mouvement de genoux déséquilibre la position et peut faire chavirer illico! En kayak de vitesse, il n’est pas prévu ni nécessaire d’esquimauter, pour une simple raison : la position fléchie des jambes qui sortent de l’hiloire empêche le port d’une jupette! C’est un des éléments qui le diffère de son cousin de mer. La plus grande nuance entre les deux reste l’objectif de la discipline : en kayak de vitesse, on accomplit une performance plus qu’on prend le temps de regarder le paysage!

Exercice sculptural

Ma petite frayeur étant sans conséquence, je choisis donc de poursuivre l’exercice, mais à mon rythme. Denis en profite pour me glisser quelques tuyaux judicieux afin de mieux filer sur l’étendue d’eau qui s’offre à nous. Mon maître à penser et à pagayer me précise que l’effort fourni doit être une adéquation entre les jambes et les bras puisque « la propulsion commence grâce à une contraction de la jambe et du pied contre le cale-pied. Ensuite, il faut essayer, visuellement, de se catapulter au-delà de sa pagaie ». J’adopte sa technique, et voilà que notre sortie se transforme en une chorégraphie éprouvante pour les bras, mais très esthétique à l’œil! Une fois le mouvement synchronisé, on dirait presque une danse. À le regarder, il ressemble à ces libellules qui planent et effleurent l’eau sans jamais troubler son voile.

Les pieds sont bien ajustés, alors que le reste du corps est gainé, prêt à transmettre toute l’énergie jusqu’aux bras, tendus sur la pagaie. « C’est un exercice merveilleux pour le conditionnement physique et symétrique », souligne Denis. Il faut avouer que, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, les jambes sont loin d’être inactives! Le mouvement idéal est celui qui optimisera au mieux la propulsion. Les pieds sont calés sur un petit reposoir, les jambes sont fléchies et les genoux sont resserrés. Avec cette posture, l’impulsion première s’exerce par le bas du corps et vient compléter la poussée opérée par les bras. L’embarcation se dirige à l’aide d’un petit gouvernail placé entre les pieds qui, par un mouvement latéral, orientent le kayak à gauche ou à droite.

Sport de gagnant

Le meilleur endroit pour pratiquer la discipline est au bassin olympique de Montréal, car celui-ci est exempt de tout courant ou coup de vent. Mais le moins venteux des lacs fait également très bien l’affaire (avec un décor agréable en bonus!).

L’Association québécoise de canoë-kayak de vitesse (AQCKV) compte aujourd’hui plus de 700 membres et de nombreux clubs régionaux qui permettent de s’initier partout au Québec. Et ce ne sont pas les occasions qui manquent : dès le début mai, des rencontres et compétitions sont organisées presque chaque fin de semaine. Car le kayak de vitesse est rarement pratiqué de façon récréative, mais plutôt à des fins compétitives, même dans les catégories amateurs. Les épreuves se déroulent sur 200, 500, 1000 ou 6000 mètres. En pratique olympique, l’épreuve du 500 mètres se parcourt en moins de deux minutes!

Mais le caractère « peu récréatif » du kayak de vitesse ne veut pas pour autant dire qu’il est inaccessible aux novices! Ma performance est le meilleur exemple, et si je n’aspire pas forcément à la compétition, je me suis au moins jetée à l’eau. Peut-être vous suffira-t-il d’une seule fois pour que des ailes de vainqueurs vous poussent au bout des rames?

Pour s’essayer

Association québécoise de canoë-kayak de vitesse (AQCKV)

> 514 252‑3086 • www.canoe-kayak-quebec.qc.ca

Le site répertorie tous les clubs de kayak de vitesse au Québec. La plupart d’entre eux louent des embarcations, vous n’avez plus qu’à choisir où vous initier!

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