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  • Crédit : Yannick McDonald photography

Trekfit : le gym des amateurs de plein air urbain

Ces dernières années, une nouvelle activité a fait son apparition, dans les parcs du Québec. Elle rallie aussi bien les ados un peu rebelles que les athlètes de haut niveau, les femmes enceintes, les aînés et même les personnes âgées ou en fauteuil roulant. Gratuite et accessible en tout temps, elle ne requiert aucun achat d’équipement. Utopie urbaine? Pas du tout, c’est ce que propose le trekfit.

Qu’est-ce que le trekfit ?

En vous promenant dans certains parcs urbains du Québec, vous avez peut-être déjà remarqué des structures de métal et de béton de toutes sortes, des barres symétriques ou asymétriques, des échelles et des bancs de diverses hauteurs.

En fait, ce mobilier urbain s’inspire des parcours d’hébertisme de notre enfance, mais on l’a actualisé afin qu’il puisse servir à l’entraînement fonctionnel, qui permet de faire travailler tout le corps en utilisant son propre poids comme résistance. Avec le TREKFIT, pas d’haltères, mais des mouvements fluides qui font appel à plusieurs groupes musculaires à la fois.

L’entrepreneur Éric Tomeo, ancien directeur des ventes des boissons énergétiques GURU, a imaginé le TREKFIT lors d’un voyage à Cap Hatteras, en Caroline du Nord. C’est là qu’il a aperçu de vieilles structures d’hébertisme en bois datant d’une trentaine d’années. Il a alors réalisé que ceux qui ne sont pas adeptes des gyms et préfèrent bouger en plein air n’ont pas beaucoup de moyens de le faire. Il a donc décidé de moderniser ce type d’équipement et de créer du mobilier urbain destiné à encourager tout un chacun à s’entraîner, et ainsi contribuer à contrer les problèmes de santé et l’obésité.

À son retour de voyage, Éric Tomeo fait part de son idée à Vincent Clarizio, un jeune designer industriel qui s’enthousiasme devant le concept du TREKFIT. Ensemble, ils conçoivent les premiers exemplaires de ces modules nouveau genre.

Afin de s’assurer que ceux-ci seront ergonomiques, adéquats, fonctionnels et efficaces, Éric Tomeo s’associe aussi au kinésiologue Alexandre Paré. Avec Vincent, il forme alors une équipe de rêve, pour qui chaque nouveau parc est construit sur commande, avec une séquence de stations qui correspond aux besoins et au budget du client.

Les modules de TREKFIT sont à des années-lumière des appareils d’entraînement aux couleurs acidulées que l’on retrouve dans les parcs d’Asie et qui font travailler isolément les divers groupes musculaires. Éric Tomeo reçoit d’ailleurs fréquemment des appels de représentants de Chine qui veulent lui vendre des modules de ce type.

Il faut dire que la vision de l’entraînement a beaucoup évolué en Amérique du Nord. À l’heure actuelle, la tendance est à l’entraînement fonctionnel, plus efficace et plus près de la réalité de tous les jours. Quand on y pense, il est très rare qu’un de nos gestes quotidiens ne sollicite qu’un seul muscle. Si on soulève une boîte, par exemple, on fait notamment appel aux muscles de nos jambes et de nos bras, ainsi qu’aux stabilisateurs du dos et aux abdominaux.

Il y a cinq ans, on ne comptait que quelques circuits de TREKFIT, mais on en trouve aujourd’hui 75, un peu partout au Québec et en Ontario, dont 40 dans la Belle Province et 19 sur l’île de Montréal seulement. D’autres s’ajoutent chaque année. Parmi les plus intéressants, soulignons ceux  du :

  • Parc Laurier, à Montréal.
  • Parc de la Cité, à Longueuil.
  • Parc des Rapides, à LaSalle.
  • Parc Maynard-Ferguson, à Verdun (quartier de L’Île-des-Sœurs).
  • Parc du Ruisseau TREKFIT, à Saint-Bruno-de-Montarville.
  • Collège Mérici, à Québec.
Crédit : Yannick McDonald photography

TREKFIT, mode d’emploi

Les modules de TREKFIT sont accessibles à tous et en tout temps. Bien que plusieurs les délaissent l’hiver, ils sont déneigés dans certaines villes, par les services municipaux ou par des amateurs qui le font bénévolement. Pas besoin de réserver : on n’a qu’à se présenter au parc pour s’entraîner. C’est convivial et cette façon de faire crée un sentiment de communauté chez les utilisateurs.

En plus de l’entraînement de base, TREKFIT ouvre aussi tout un monde de possibilités, car on peut ajouter des accessoires aux modules pour varier les séances. Par exemple, on peut travailler avec des ballons médicinaux ou accrocher des sangles de type TRX ou AK (de l’entreprise québécoise La voie athlétique), qui permettent une plus grande variété d’exercices.

Chaque parc est unique et comporte des circuits de 6 à 16 stations dotées d’affichettes expliquant les exercices proposés, que l’on peut accomplir selon deux niveaux (intensité faible ou élevée). En complément, TREKFIT offre une application gratuite qui permet de repérer les installations et de choisir parmi des programmes adaptés aux adultes, aux aînés et aux personnes en fauteuil roulant, qu’ils visent une remise en forme, une perte de poids, un entraînement aérobique, anaérobique ou en résistance.

Sur sa chaîne YouTube, La voie athlétique suggère aussi une foule d’exercices à faire avec le système de sangles AK, tout en proposant de multiples variantes. Enfin, ceux qui souhaitent s’entraîner en groupe peuvent se rendre au parc Laurier de Montréal ou au parc de la Cité de Longueuil, pour des séances avec entraîneurs.

La callisthénie, le plus vaste mouvement underground de mise en forme

Le TREKFIT séduira aussi les adeptes de callisthénie, une discipline plus acrobatique. Bien qu’elle existe depuis plusieurs millénaires – c’est la plus ancienne forme connue de conditionnement physique –, la callisthénie a beaucoup évolué au cours des dernières années et s’apparente à la gymnastique artistique, dans une forme plus urbaine et à laquelle on aurait ajouté des exercices de mise en forme spectaculaires.

La renaissance de la callisthénie s’est amorcée en juin 2008, lorsqu’un ami de Hannibal Lanham – alias Hannibal For King, l’un des fondateurs du street workout – a diffusé sur YouTube une vidéo d’une routine de callisthénie, visionnée plus de 10 millions de fois à ce jour, et qui a marqué le point de départ du plus grand mouvement underground de mise en forme de la planète.

Pendant que la plupart des hommes passaient beaucoup de temps à faire des haltères au gym pour renforcer leurs muscles, Hannibal s’entraînait avec la seule résistance de son corps, et avec des barres de métal comme unique équipement. Les exercices d’Hannibal étaient très impressionnants et qualifiés de « surhumains » par ses admirateurs. Chef d’une famille monoparentale, il n’avait à l’époque que 29 ans et vivait dans un refuge. Cet entraînement était sa façon de préserver sa santé mentale.

Aujourd’hui, Hannibal est devenu un modèle pour toute une génération de jeunes. Sa vidéo en a inspiré d’autres, comme celle du Newyorkais G.I.A.N.T. – autre père fondateur du street workout –, qui a créé le bartendaz, une forme d’entraînement visant à aider les jeunes Noirs qui flirtaient avec la violence de la rue à mieux canaliser leur énergie. Au lieu de sombrer dans la délinquance, ces jeunes ont commencé à s’entraîner sérieusement et à bien se nourrir, et ils ont appris qu’en travaillant fort et en devenant des modèles pour les autres, ils pouvaient transformer leur vie.

Crédit : Yannick McDonald photography

Le premier à importer le bartendaz à Montréal a été Dazl St-Louis, fondateur du Regiment PSEM/Bartendaz Canada. Depuis, d’autres clubs d’entraînement de ce genre ont vu le jour. C’est le cas de Tribarta, dont les membres s’entraînent au parc Laurier et font des démonstrations dans des installations de TREKFIT un peu partout.

L’un des entraîneurs du club Tribarta, Sylla Robillard, rappelle que ce sport évolue à une vitesse fulgurante et que ses figures repoussent toujours plus loin les limites du possible. C’est le cas du « drapeau », un exercice qui demande beaucoup de force et d’équilibre, et que seule une poignée d’athlètes réussit à maîtriser. Cette année, le drapeau est devenu un mouvement courant et on en propose déjà des versions plus complexes. 

Bien que le bartendaz soit encore relativement nouveau, il compte maintenant une fédération internationale, la World Calisthenics Organisation (WCO), et il fait l’objet de compétitions de haut niveau. Il se peut même qu’on l’ajoute aux disciplines des Jeux olympiques, d’ici quelques années.

En plus des installations dans les parcs municipaux, l’équipe de TREKFIT planche sur une version résidentielle de ses modules. Très bientôt, il sera donc possible d’installer un véritable gym TREKFIT dans sa propre cour. D’ici là, Éric Tomeo et Sylla Robillard vous invitent à troquer le gym contre l’entraînement TREKFIT et la callisthénie en plein air.

Découvrir

-Pour trouver les installations TREKFIT près de chez vous, consultez le site trekfit.ca ou téléchargez l’application TREKFIT sur iTunes.

-Pour de l’information sur le système de sangles AK, consultez athletickit.com ou la chaîne YouTube de cette entreprise montréalaise, à youtube.com/channel/UCX0JaAiLumovHIrz0xYxLDw.

-Pour en savoir plus sur le Bartendaz à New York et son influence sur les jeunes Afro-Américains, consultez bartendaznyc.com/stories.

-Pour découvrir la callisthénie, consultez le site de la World Calisthenics Organisation (WCO), worldcalisthenics.org.

Voir

-Pour la fameuse vidéo de Hannibal For King

-Une autre de ses vidéos, visionnée plus de 17 millions de fois.

S’informer

-Pour joindre Dazl St-Louis et Regiment PSEM/Bartendaz Canada, facebook.com/RegimentBartendazCanada/timeline

-Pour joindre Tribarta, consultez facebook.com/pages/Tribarta/210954599060370?sk=info&tab=page_info


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