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Escalade à Gatineau : Des compromis… et ce n’est pas fini!

En mars dernier, la Commission de la capitale nationale(CNN) interdisait le deltaplane et l’escalade de glace dans le parc de la Gatineau, tout en limitant la grimpe à quatre parois d’un total de seulement… 43 voies!

C’est qu’avec 1,7 million de visiteurs par année, et des prévisions indiquant que le tout pourrait grimper à deux millions d’ici 2015, le parc de la Gatineau serait soumis à un trop fort impact de l’humain sur la faune et la flore. Résultat : depuis l’adoption en 2005 du Plan directeur du parc de la Gatineau qui vise à protéger les zones les plus vulnérables, la CCN a pris des mesures drastiques pour interdire certaines activités et limiter la pratique de certaines autres.

D’après Michel Viens, gestionnaire principal des ressources naturelles de la CNN : « Le parc comprend 143 espèces menacées, dont certaines plantes endémiques au parc de la Gatineau parce qu’elles ont disparu ailleurs dans le sud du Québec. L'état des écosystèmes du parc de la Gatineau est acceptable, mais précaire à certains endroits. Dans l'escarpement d'Eardley, il y a une détérioration rapide et nous devons aussi réhabiliter les berges des lacs Philippe, Mousseau et Meech. Il faut garder des zones tampons autour du parc et préserver certains corridors naturels empruntés par la faune. »

La CNN a alors décidé d’interdire totalement la pratique de l’escalade de glace, de la motoneige et du deltaplane, tandis que les sentiers d’équitation ainsi que les points de géocachette ont été déplacés. Quant à l’escalade de rocher, la CNN a limité la pratique à quatre parois dans l’escarpement d’Eardley et l’a strictement interdite dans le reste du parc.

Un projet qui a soulevé une vive polémique dans le monde de l’escalade. C’est depuis une véritable lutte pour la Coalition d’accès des grimpeurs d’Ottawa-Gatineau et le Club alpin du Canada.

Des pourparlers s’enclenchent à ce moment, mais le défi n’a rien d’évident. Selon la CNN, le Plan de conservation des écosystèmes recommandait de restreindre l’escalade à deux ou trois parois. Mais d’après l’étude intitulée « Évaluation écologique et identification des sites à conserver pour la pratique de l’escalade au parc de la Gatineau », quatre parois qui présentent moins de contraintes environnementales ont pu être identifiées.

Quatre parois, c’était trop peu au goût des grimpeurs de la coalition. Après plusieurs rencontres avec la CNN, une paroi d’escalade supplémentaire a été identifiée praticable, à condition que des mesures appropriées de restauration du site soient mises en place pour réduire les conséquences environnementales de la présence des grimpeurs. La CNN a exigé qu’une proposition d’exploitation de cette paroi soit présentée tout en observant ces principes : orientation des plans directeurs et de conservation, changement de zonage limité, protection des espèces en péril et intégrité écologique.

Cinq parois sont donc aujourd’hui ouvertes et donnent accès à 64 voies : la paroi Home Cliff, la paroi Western Cwm ainsi que les trois parois du site Twin Ribs (Down Under, Eastern Block et The Left Twin). Déjà une belle victoire pour la coalition! De plus, la CCN a accepté d’étudier la possibilité de permettre à nouveau l’escalade de glace, d’évaluer l’accès au sommet de deux falaises (Home Cliff et Western Cwm), d’évaluer deux sites d’escalade de bloc (Home Cliff Boulder et Shrine Boulders), et d’étudier la possibilité d’ajouter un site d’escalade à l’extérieur de la zone de conservation intégrale, soit Western Chalet Cliffs. Tous ces projets sont en cours d’étude.

Les faucons pèlerins
Entre la mi-juin et la mi-août, plusieurs sites d’escalade à travers le pays sont interdits d’accès à cause des faucons pèlerins qui viennent élire domicile sur ses parois. Parmi eux, le parc du Saguenay, le Grand Morne, le mont Pinacle, le mont Larose et Weir.

Des restrictions temporaires qui, d’après André St-Jacques, directeur des opérations de la Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade, ne posent aucun problème : « On est capable de cohabiter et de respecter les fermetures et la nature qui nous entoure. Surtout que le nombre de sites concernés est très faible. » Des bénévoles sur place informent les grimpeurs qui veulent s’aventurer sur les voies interdites afin de leur éviter une amende élevée…

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