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  • Crédit: Steve Deschênes

Ski de fond au Québec : simple mode ou véritable engouement?

Après la baisse de popularité ressentie dans les années 80, le ski de fond a de nouveau le vent dans les voiles au Québec. La demande explose dans les programmes jeunesse et les clubs sont plus nombreux que jamais. Pourtant, la vente d’équipements demeure stable depuis une dizaine d’années. Alors, où en est le ski de fond au Québec?

Après la baisse de popularité ressentie dans les années 80, le ski de fond a de nouveau le vent dans les voiles au Québec. La demande explose dans les programmes jeunesse et les clubs sont plus nombreux que jamais. Pourtant, la vente d’équipements demeure stable depuis une dizaine d’années. Alors, où en est le ski de fond au Québec?

Amatrice de plein air invétérée, Catherine Carle est devenue une mordue du ski de fond en 2003, alors qu’elle renouvelait son équipement : « C’est incroyable à quel point les bottes sont rendues chaudes et confortables. Et avec les skis à écailles, je n’ai même plus besoin de les farter avant de partir! Je fais beaucoup moins de ski alpin qu’avant. C’est moins cher, il y a moins de monde, c’est plus silencieux et c’est vraiment en plein cœur de la nature. »

Elle est loin d’être la seule à reprendre plaisir à ce sport. En 2006, 579 000 adeptes de ski de fond se partageaient les 225 centres répertoriés dans la province, soit une hausse de 23 000 skieurs depuis 2004. « Il y a un réel engouement pour le ski de fond depuis les trois dernières années, s’exclame la directrice clubs et membership de la Fédération de ski de fond Québec, Sylvie Halou. Et c’est généralisé à travers tout le Québec! Il y a beaucoup de développement en région par l’entremise des clubs, des municipalités et des écoles qui s’organisent pour permettre aux gens de skier dans de bonnes conditions ». Selon les statistiques de la fédération, 68 clubs et associations régionales ont accueilli les skieurs dans la province l’an dernier, une hausse de 158 % depuis 2000.

Pour elle, la promotion de la santé et de l’activité physique par les gouvernements fédéral et provincial a grandement influencé cet essor : « Plusieurs se sont mis à essayer le ski de fond et ont apprécié leur expérience. Les vêtements et l’équipement étant abordables, on voit beaucoup plus de familles qu’avant. En région, même les petits centres sont équipés de machinerie spécialisée. On y offre souvent des programmes jeunesse qui permettent aux parents de skier pendant que les enfants s’amusent avec des jeunes de leur âge. »

          

 

Le pas de patin (skating)

Contrairement au ski classique qui se fait sur une piste tracée et qui engage un mouvement rectiligne, le pas de patin s’effectue sur une piste damée et requiert une ouverture de la hanche. Aussi connu sous le nom de skating, il se rapproche davantage du patin à glace ou du patin à roues alignées. Le nez, les hanches et l’un des skis sont alignés dans la même direction pendant que l’autre ski pousse vers l’extérieur, nécessitant un jeu d’équilibre adroit.

Programmes jeunesse

Créés par Ski de fond Canada en 1981, les programmes jeunesse Jeannot Lapin et Jackrabbit sont offerts par l’intermédiaire des écoles, des clubs, et de certaines municipalités. Depuis les cinq dernières années, leur nombre au Québec a plus que doublé, passant de 842 en 2001 à 1784 en 2006. « Dans les écoles, les activités d’initiation au ski de fond sont vraiment demandées, poursuit Sylvie Halou. C’est génial pour les enfants, car ils peuvent pratiquer l’activité directement dans leur cour d’école. Il y a aussi une forte hausse d’adhésion dans les clubs à un point tel qu’il y en a qui refusent des jeunes par manque d’entraîneurs. »

C’est notamment le cas au centre de ski de fond du Mont-Sainte-Anne. Une quinzaine de jeunes ont été refusés l’an dernier faute d’entraîneurs certifiés : « C’est vraiment difficile de trouver des moniteurs compétents pour répondre à la demande », indique le  responsable des opérations du centre de ski de fond du Mont-Sainte-Anne, Pierre Vézina. Comme c’est seulement trois heures par semaine, les jeunes préfèrent travailler à temps plein et faire plus d’argent ailleurs ». Consciente de la problématique, la Fédération ski de fond Québec a lancé à l’automne un appel aux commissions scolaires et aux municipalités pour recruter de nouveaux candidats.

Vers Vancouver 2010Crédit: Jean-Pierre Huard

Le volet compétitif du ski de fond attire aussi bien des fondeurs. En 2007, plus de 650 coureurs étaient inscrits sur le circuit québécois – soit près du double d’il y a cinq ans.

Skibec Nordique, un regroupement de clubs de ski de fond de la région de Québec destiné à former une élite de fondeurs, a implanté en 2002 le premier programme Sport-Études ski de fond à la polyvalente de Lévy. Fort de son expérience, un second a vu le jour cette année à l’école Cardinal-Roy. Godefroy Bilodeau, entraîneur-chef de Skibec Nordique et ancien coureur, acquiesce dans le même sens : « Il y a vraiment un regain de vitalité chez les skieurs de fond. Cette année, 38 athlètes sont inscrits au programme régulier contre 15 en 2001. Il y a une croissance phénoménale du nombre de membres dans les clubs, ce qui crée plusieurs listes d’attente, même chez les adultes! »

Le Club nordique Mont-Saint-Anne entraîne également les jeunes de façon très rigoureuse : trois entraîneurs les encadrent pour les compétitions régionales et provinciales. « C’est nous qui avons formé Alex Harvey et Frédéric Touchette, des athlètes qui font partie de l’équipe canadienne junior maintenant candidats aux Jeux olympiques de 2010, indique Pierre Vézina. On a présentement une dizaine de jeunes âgés de 13 à 15 ans qui vont sûrement aller très loin!

 

Crédit: Fisher, ski.comDes initiatives privées

Voyant l’enthousiasme que soulève le sport, la compagnie Rossignol a créé un programme prototype pour permettre aux jeunes de s’initier au pas de patin. Depuis cinq ans, l’entreprise met à la disposition de quelques écoles primaires des Laurentides une flotte de ski de fond pour les élèves de 2e, 3e et 4e année.

« On se charge de fournir un protocole d’enseignement ainsi qu’une remorque avec une quarantaine d’ensembles, explique le directeur national de la division nordique chez Rossignol, Jacques Vincent. La remorque se déplace dans le réseau scolaire et les jeunes peuvent ainsi mettre leurs bottes dans le gymnase, sortir dans la cour et apprendre à faire du skating au même endroit où ils jouent au ballon chasseur ou au soccer l’été. Comme la cour est tapée de neige, c’est parfait pour le pas de patin. La plupart des jeunes maîtrisent le mouvement en moins de deux heures. C’est ludique, cardio, dynamique… ils adorent, car ils ne sont pas régis par des mouvements stricts. »

En cinq ans, près de 1400 enfants ont ainsi participé à l’initiative Rossignol, augmentant considérablement le nombre d’inscriptions aux programmes jeunesse dans la région. Avec un projet similaire dans la région de Lanaudière, la compagnie Fisher soutient quant à elle la commission scolaire en fournissant, en plus de l'équipement, un entraîneur spécialisé.

Tendance lourde

Mais alors que le sport en exalte plus d’un, la vente d’équipements reste encore au neutre. Selon Jacques Vincent, malgré l’engouement pour le sport, les ventes demeurent modestes, car l’équipement a généralement une longue durée de vie : « C’est comme une bonne bouteille de vin : dans de bonnes conditions, les skis deviennent meilleurs avec le temps. S’ils sont bien fartés et bien entretenus, ils deviennent plus rapides! ». Responsable du département de ski de fond à la boutique Le Yéti, Matthieu Barré abonde dans le même sens : « La durée de vie d’un ski de fond est de douze ans. Il n’est pas régi par la mode et les conditions de glace comme peut l’être le ski alpin qui a une durée d’environ trois ans. »

Selon les experts, deux tendances se dessinent chez les consommateurs. D’une part, les Québécois s’équipent de plus en plus d’ensembles performants : « On remarque une nouvelle clientèle très intéressée par des équipements performants ou des produits typés, comme les skis pour femmes, indique Jacques Vincent. Ce sont des équipements qui coûtent plus cher à la base, mais qui vont satisfaire le client plus longtemps ». Puis, il y a les passionnés qui achètent plusieurs types d’équipements pour jouer dehors et vivre l’aventure : « Ski de fond classique, ski de fond pas de patin, télémark, ski de haute route, raquettes… ce sont des gens qui veulent suivre leur groupe d’amis dans toutes les conditions. »

Attirée par la performance et pourvue de la motivation nécessaire, la relève indique que le sport n’est pas à la veille de disparaître au Québec. Et le souhait des jeunes fondeurs est simple : que l’hiver 2007-2008 soit meilleur que l’an dernier, car la discipline n’est pas à l’abri des changements climatiques…

 
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