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  • Crédit: Steve Deschênes, Sépaq

Débat : vers une motoneige… verte?

Selon les données de 2005 du ministère du Tourisme, les activités de motoneige (incluant le quad) génèrent trois fois plus d’argent (723 millions de dollars de recettes annuelles), que l’ensemble des événements et festivals majeurs du Québec. Son impact sur l’environnement est cependant moins réjouissant. Peut-on concilier motoneige et développement durable?

Sans compromis

« La motoneige est un loisir rassembleur qui se pratique entre amis et en famille. On fait de la motoneige de père en fils et aussi de mère en fille. Chaque année, 4500 bénévoles assurent la sécurité et l’entretien des sentiers. Cette activité assure l’emploi et les revenus de milliers de Québécois durant la saison hivernale. Pourtant, certains préjugés collent à la peau de ce loisir motorisé. On ne remarque pourtant que les exceptions : ces pratiquants qui recherchent des sensations extrêmes. Il est important de mieux comprendre le comportement de la majorité de nos membres et de favoriser le lien entre passionnés de motoneige et non-pratiquants.

 Aujourd’hui, les fabricants sont soumis à des normes environnementales strictes. Les avancées technologiques, comme les moteurs à quatre temps, ont permis de réduire les nuisances sonores et jusqu’à 50 % de la consommation d’essence. Notre fédération, qui compte 208 clubs, a décidé d’être proactive et de lancer un plan d’action quinquennal pour l’environnement, afin d’assurer la pérennité de cette activité dans le respect de la nature.

Par exemple, nous voulons rendre « carbone zéro » certains de nos rassemblements, et des pourparlers sont en cours dans le but de signer une entente sur le reboisement avec Arbres Canada. Lors de chaque événement, nous collecterons des informations sur les motoneiges présentes afin d’évaluer le volume de gaz à effet de serre émis. Nous le compenserons avec un reboisement réalisé à proximité du sentier, qui sera aussi une barrière végétale contre le bruit. Des indicateurs de performance nous permettront de mesurer l’efficacité de chaque projet et l’implication des clubs afin d’encourager cette pratique durable. »

- Audrey Brossard
Directrice des communications de la Fédération des clubs de motoneigistes du Québec (FCMQ)

À certaine conditions…

« La pratique de la motoneige est un facteur de développement économique important pour les régions du Québec. Mais elle peut aussi être en contradiction avec les aspects sociaux et environnementaux du développement durable. La motoneige est fréquemment pointée du doigt par les autres utilisateurs du territoire naturel qui la trouvent dérangeante, bruyante et nauséabonde. Les environnementalistes soulignent aussi les impacts négatifs de cette activité sur les écosystèmes, la fragmentation du territoire et la qualité de l’air.

Mais parler de développement durable implique de trouver des façons de préserver les bénéfices économiques de cette activité, tout en limitant ses impacts sociaux et environnementaux. Le récent retrait des motoneiges du parc national des Monts-Valin au Saguenay-Lac-Saint-Jean au profit d’autres sentiers est un bon exemple de conciliation d’intérêts divergents. La région dispose désormais d’un territoire unique pour la clientèle qui souhaite pratiquer des activités sur des territoires dépourvus d’engins motorisés. Et les motoneigistes ne sont pas en reste puisqu’ils peuvent pratiquer leur loisir sur des secteurs délimités tout aussi intéressants. 

Il faut redoubler d’ardeur pour rendre la motoneige plus propre – à commencer par les moteurs à quatre temps qui émettent moins de contaminants – et sensibiliser les motoneigistes sur l’importance de bien entretenir leur véhicule afin d’en limiter la pollution. La conception des sentiers doit aussi prendre en considération la faune et la préservation de l’environnement, et les limites de ces sentiers doivent naturellement être respectées par les motoneigistes.

La pratique de la motoneige ne sera jamais dépourvue d’impacts sociaux et environnementaux. Mais plus on mettra en place des solutions qui répondent aux attentes de chacun, plus on cheminera sur la voie du développement durable. »

- Philippe Bourke
Directeur général du Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ)

Le chiffre du débat : 73

C’est le nombre (maximum, en théorie…) de décibels émis par les motoneiges fabriquées et certifiées, depuis 1976, par le Snowmobile Safety and Certification Committee (ndr : émission sonore à une distance de cinquante pieds en roulant à 25 km/h, selon l’International Snowmobile Manufacturers Association). Contrairement aux nuisances sonores générées par les motoneiges, leurs émissions d’hydrocarbures et autres gaz toxiques (dont le monoxyde de carbone) n’ont presque jamais fait l’objet d’évaluations. L’absence d’études ne veut toutefois pas dire absence de risques. Seule certitude à ce jour : les plus exposés sont… les motoneigistes eux-mêmes.

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