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Triathlon hors des sentiers battus

Avec ses trois sports d’endurance enchainés, on ne peut pas dire que le triathlon manque d’action. Mais ceux qui en veulent encore et toujours plus seront heureux d’apprendre qu’un nouveau circuit de triathlon hors route fera partie du paysage de compétitions au Québec cet été.

La dernière fin de semaine d’août, des triathlètes se donneront rendez-vous au lac Delage à Québec. Après l’épreuve de natation, plutôt que de filer sur le bitume, ils s’enfonceront dans un nouveau parcours singletracks de vélo de montagne, développé sur mesure pour l’événement avant de continuer leur périple en montagne dans leurs souliers de course en sentier.

Un premier événement X-Terra au Québec

Alain Déraspe est l’instigateur de ce premier triathlon X-Terra au Québec, un dossier sur lequel il travaillait depuis près de deux ans. Bien connu du milieu du triathlon par sa carrière comme entraineur de l’équipe de triathlon du Rouge et Or de 1996 à 2004, Alain Déraspe souhaite par son implication apporter quelque chose de nouveau dans le milieu du triathlon : « Quand j’ai arrêté d’entrainer le Rouge et Or, je me suis mis à m’entrainer [rire]. J’ai découvert le vélo de montagne, puis la course en sentier. Là, je combine les deux : mon expérience de triathlon et mon amour du hors route », explique l’organisateur.

Il n’est pas le seul qui a senti que les athlètes d’endurance québécois sont prêts et enthousiastes devant ce sport. Triathlon Québec a confirmé et sanctionné deux autres événements pour cet été et quatre autres devraient l’être au printemps. Une grosse année de nouveautés pour le triathlon qui a aussi lancé un circuit de triathlon d’hiver! Voilà de quoi répondre à la demande de tous ces coureurs, triathlètes et adeptes de vélo de montagne à la recherche de nouveaux défis.

Triathlon X-Terra, hors route, hors piste ou cross-triathlon?

Crédit: Fuse3

X-Terra est une marque déposée, au même titre que le bien connu Ironman. Les triathlons X-Terra font partie d’un circuit international, et une excellente performance à l'une des épreuves de la bannière permet aux meilleurs athlètes de se qualifier pour participer au Championnat du monde X-Terra à Hawaï.

- L’appellation hors piste est populaire, mais Triathlon Québec s’est arrêté sur la dénomination « hors route », plus représentative de l’événement. Après tout, il ne s’agit pas d’un événement du genre raid où les participants improvisent avec boussole et compas : il y a un parcours à suivre.

- Cross-Triathlon : terminologie utilisée par nos cousins français

À quoi s’attendre hors route

« En sortant de la route, on sort aussi de sa zone de confort », résume Jean-Philippe Thibodeau, triathlète élite qui a découvert le triathlon hors route en 2012 et qui a depuis participé à deux championnats du monde de cross-triathlon.

« Quand on fait un Ironman ou un demi-Ironman, on trouve une zone dans laquelle on peut se laisser aller. En X-Terra, on est toujours dans la merde! » rigole l’athlète. « Ça brasse en natation, puis en vélo c’est très intense. Tu ne peux pas juste prendre un rythme et fixer l’asphalte en entrant dans ta bulle : tu dois être prêt à tout, tout le temps. Même dans les descentes, on ne peut pas se reposer! Ça brasse et il faut être alerte. Et pendant la course en sentier non plus, il n’y a pas de pause. Bref, le niveau d’excitation ne baisse jamais! », explique Jean-Philippe Thibodeau.

Si l'on aime les chiffres et les objectifs, on doit aussi s’attendre… à rien. « Tu ne peux pas vraiment avoir un objectif précis ou te comparer : les parcours et leurs conditions changent tout », précise l’athlète. Frédéric Wallman, triathlète et adepte de vélo de montagne qui se lancera dans le triathlon hors route cette année, est du même avis : « Il n’y a pas autant de pression en triathlon hors route. C’est moins une question de performance. C’est toi versus les obstacles et la nature. Tu ne regardes pas ta montre. » De toute façon, tu risquerais d’être déçu, puisque les temps en triathlon hors route sont plus lents pour des raisons évidentes.

Le triathlon hors route est une discipline plus technique que sa cousine asphaltée. La différence se passe surtout sur deux roues, le vélo de montagne exigeant certaines habiletés de base qu’un bon VO2max ne peut réchapper. Comme les organisateurs de triathlon hors route ne veulent néanmoins pas rebuter les nouveaux initiés, les parcours de vélo de montagne devraient avoir une cote de difficulté moindre. « Le parcours de vélo à Lac-Delage va être plutôt roulant. Que quelques courtes montées abruptes. Rien de trop technique », décrit Alain Déraspe, l’organisateur du premier X-Terra québécois.

Ceux qui n’ont pas expérimenté encore les « sports en série » comme le triathlon régulier auront à s’initier au départ de groupe chaotique dans l’eau, à la course folle qu’on souhaite efficace dans la zone de transition, aux premiers tours de pédale la tête parfois un peu étourdie puis aux suivants avec les jambes en feu et enfin aux sensations pesantes à la course à pied.

On peut aussi s’attendre à chuter. Mais pas nécessairement à se blesser! « En sentier, des fois on tombe, mais souvent sans conséquence. Et quand on se blesse, c’est des petites affaires comme une foulure au poignet ou à la cheville, alors que sur route, ce sont de plus gros accidents ou des blessures d’usure », affirme Jean-Philippe Thibodeau.

Calendrier : duathlon et triathlon hors route 2014

Envie de faire un triathlon ou un duathlon hors route? Voici le calendrier préliminaire. Attention : les dates et endroits sont sujets à changement! Consultez le site de Triathlon Québec et la page Facebook du X-Terra Québec pour plus de détails.

- Triathlon hors route aux 4 sommets – Lanaudière – juin
- Triathlon hors route du Challenge du lac Brompton – Estrie – 5 juillet
- Triathlon hors route Lac-Delage XT – Québec – 30-31 aout
- Triathlon hors piste Saint-Adolphe Top Chrono – Laurentides – 13 septembre
- Duathlon hors piste Lac-Delage – Québec – fin septembre ou octobre
- Duathlon hors piste Top Chrono – Laurentides – fin septembre ou octobre

Conseils pour un premier triathlon hors route >>>

 

Crédit: Maxim PetrichukConseils pour un premier triathlon hors route

Natation

Si l’on est déjà triathlète, « il n’y a rien là » : on connait les départs style machine à laver, l’eau parfois frisquette et le défi du repérage en lac. La seule différence entre un parcours de natation dans un triathlon sur route et celui dans un triathlon hors route c’est le côté plus « sauvage », c’est-à-dire que les critères d’organisation et les règlements sont moins stricts. On peut donc s’attendre par exemple à une descente plus brusque ou des algues plus présentes. D’un autre côté, les combinaisons sont acceptées en tout temps, même celles du genre speed suit. La sécurité est toujours une priorité, rassure Triathlon Québec.

En guise de préparation, Alain Déraspe suggère de nager une ou deux fois par semaine pendant six à huit semaines et de s’assurer d’être au moins capable en piscine de faire la distance de l’épreuve à laquelle on souhaite participer en continu. « Allez nager au minimum trois fois en lac avant l’épreuve dans un contexte sécuritaire. Et laissez aller le peloton si vous n’êtes pas à l’aise », conseille aussi l’ex-entraineur.


Vélo de montagne

Crédit: Darren StevensonLa bête noire des apprentis! Jean-Philippe Thibodeau suggère aux cyclistes et triathlètes de faire le plus de sorties en sentier possible pour développer leurs habiletés. « Il faut aussi aller vite en sentier et ne pas juste y faire de longues sorties en continu. C’est comme ça qu’on peut travailler ses habiletés techniques et ses réflexes », explique l’athlète. Alain Déraspe considère que de faire 10 à 20 % de son volume d’entrainement en sentier de type singletracks et le reste du kilométrage sur route devrait apporter de bons résultats.

« Il faut apprendre à être dans le rouge quand on passe de la route aux sentiers. En entrainement, on privilégie des efforts courts et intenses, comme des répétitions de côtes courtes et abruptes ou des fartleks avec des intervalles de 20 ou 30 secondes », donne en exemple Frédéric Wallman.

Côté pratico-pratique, il conseille un sac d’hydratation : « On ne peut pas boire avec une gourde sans s’arrêter, car il y a toujours des obstacles. Et il faut trouver un moyen de rester bien hydraté, parce que la course n’est pas finie après le vélo ».

C’est au budget aussi que le vélo fait peur. Or, Frédéric Wallman et Jean-Philippe Thibodeau considèrent tous deux qu’un vélo de montagne d’entrée de gamme avec une suspension avant devrait être adapté aux parcours peu techniques des triathlons hors route. Il faut toutefois faire ses devoirs pour s’assurer que ses vitesses soient bien ajustées, parce que ce qui pardonne sur la route ne pardonne pas en sentier.

Enfin, Frédéric Wallmand suggère d’avoir du guts : « La témérité va faire une bonne différence sur le temps final! » Témérité ne rime pas avec insouciance : il faut s’entrainer pour développer les bons réflexes… et la confiance qui va avec!

Un incontournable selon tous : aller rouler le sentier avant l’épreuve afin de connaitre ses particularités et de bien doser sa course. Il faut savoir où sur le parcours, par exemple, on trouve un virage serré après une descente. Autrement, ou bien on va faire toutes les descentes en étant trop conservateur pour rien, ou bien on va chuter dans ce fameux virage. 

Crédit: BlyakCourse à pied

Hop, la dernière épreuve! Et on y arrive les nerfs à vif et les jambes à bout. L’adaptation est d’autant ardue qu’on part généralement d’une zone de transition vers des sentiers… en montagne. Du coup, rares sont les parcours qui ne proposent pas une côte casse-jambe dès le premier kilomètre. Pas évident!

Naturellement, si l'on n’a jamais enchainé la course après le vélo, il faut s’y préparer en entrainement au moins quelques fois, sur route si l'on ne peut pas le faire en sentier.

Pour devenir efficace en sentier, Alain Déraspe suggère ici aussi de faire 10 à 20 % de son kilométrage en montagne, si possible. « Enchainez des intervalles dans des côtes en sentier : poussez pendant les montées et pratiquez votre technique pendant les descentes » conseille l’athlète.

Jean-Philippe Thibodeau se fait quant à lui rassurant : « Même au Championnat du monde, il y avait des athlètes qui marchaient certaines sections du parcours ».

 
Commentaires (1)
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jfpouliot@me.com - 16/04/2014 08:05
Bonjour,
Je suis bien content que le concept triathlon XTerra revienne au Québec. L'auteur de l'article indique qu'il s'agit du premier Triathlon Xterra alors qu'en réalité, il s'agit d'un retour au Québec de cette discipline puisqu'un groupe de Tremblant avait organisé un Xterra en 2011.
http://www.pointdevuemonttremblant.com/Sports/2011-08-30/article-2734321/75-participants-au-1er--XTERRA-a-Mont-Tremblant/1#
Bravo pour votre magazine