Cette randonneuse qui gravit des sommets de 4 000 m d’altitude… en talons hauts!
Coureuse de trail aguerrie, l’Américaine Erin Ton s’est fait remarquer pour une habitude improbable : gravir certains des sommets les plus exigeants du Colorado… en talons hauts et en robe.
Une démarche qui surprend, mais aussi une façon pour elle de conjuguer performance, féminité et liberté en montagne.
Une athlète redoutable avant d’être un phénomène
Avant les stilettos, il y a une athlète au CV solide. Originaire du Colorado, Erin Ton accumule les records de vitesse en montagne : plus de 90 records de vitesse d’ascension (Fastest Known Time) à son actif, plusieurs projets d’endurance extrême et une énergie quasi inépuisable.
En 2023, elle s’est lancée dans l’un des défis les plus exigeants de l’Ouest américain : parcourir, seule et en autonomie, l’ensemble des « fourteeners », ces sommets de plus de 4 000 m qui façonnent le paysage du Colorado.
Sur 58 sommets officiels, elle en a complété 57, après près de 600 km et plus de 48 000 m de dénivelé positif. La seule exception : Culebra Peak, sur un terrain privé.
Pourquoi des talons?
L’idée est d’abord née comme une blague avec ses amies, qui imaginaient qu’un talon pourrait même offrir un certain levier en terrain raide. Elle teste finalement la théorie en 2020 en remontant le mont Elbert en talons.
L’histoire attire alors les médias et déclenche une vague de réactions. Une photo d’elle en talons et minijupe publiée dans le média The Gazette provoque surtout des commentaires négatifs, souvent masculins, remettant en cause ses compétences et sa santé mentale.
Ce qui pourrait passer pour une provocation ou un coup de marketing relève plutôt, pour elle, d’un geste identitaire. Elle affirme ne pas vouloir renoncer à sa féminité pour s’intégrer dans un milieu qui valorise souvent les codes utilitaires du sport d’endurance.
« J'ai reçu de nombreux messages de femmes qui m'ont dit que cela les avait inspirées à porter ce qu'elles voulaient en plein air. Trop souvent, les femmes sont cantonnées à une seule catégorie, mais être à la fois sportive et féminine n'est pas incompatible. Je montre qu'une femme peut être les deux », expliqua-t-elle à Outside il y a quelques mois.
Elle n’est pas imprudente pour autant. Les descentes se font en chaussures de trail. Le plaisir, selon elle, est autant dans le décalage assumé que dans la maîtrise technique.