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Échappée belle au Mont Rainier

27 avril 2010, vers 9h du matin. Grelottants et souffrants d’hypothermie, Geneviève Morand et Simon Brunet entendent une voix qui les interpelle 30 mètres plus haut. Il lève les yeux : enfin les secours!

Moins de 48 heures auparavant, le jeune couple de Montréalais passionnés du plein air enregistrait leur parcours auprès des autorités du parc national du Mont Rainier, dans l’état de Washington. Leur but : gravir les 4 392 mètres de cet imposant pic volcanique. La météo annonçait un temps radieux.

En partant vers la fin de l’après-midi, ils désirent s’approcher tranquillement du camp Muir, où ils dormiront avant d’entreprendre la dure journée d’escalade qui les mènera au sommet. Vers 19h, ils aperçoivent un petit groupe de campeurs et décident de s’installer à proximité. Un ciel bleu s’affiche le lendemain. Un randonneur en sens inverse les prend en photo et Geneviève lui demande à tout hasard : « Vous n’auriez pas quelques allumettes? Nous sommes un peu justes... » L’étranger leur fournit deux boîtes d’allumettes résistantes à l’humidité. « Tenez, je n’en aurai plus besoin pour mon retour. »

Ils arrivent au Muir Snowfield vers 14h et un blizzard descend de la montagne. Sachant que le camp est tout près, le couple décide de poursuivre leur trajet : si la visibilité se réduit davantage, ils se fieront à leur boussole. Mais le blizzard est si dense que les marcheurs perdent de vue les fanions indiquant le sentier.

Vers 16h, le terrain enneigé se dérobe sous les pas de Geneviève. Elle glisse sur une pente abrupte d’une trentaine de mètres avant de s’immobiliser sur un contrefort. Alarmé, Simon se rapproche et perd pied : il dévale la pente à son tour. Le couple possède l’équipement nécessaire (crampons, cordes, mousquetons) pour remonter la falaise, mais la neige est trop molle et les nombreuses crevasses les emprisonnent.

Encore un peu sonnés des événements, ils enfilent leur harnais, s’encordent et s’ancrent pour éviter une nouvelle chute. Avec son téléphone portable, Geneviève appelle le 911. L’esprit embrouillé et la mauvaise réception rendent la conversation anglaise ardue, mais la téléphoniste promet de rappeler. Mais les précipitations coupent le signal. Le couple sait que la situation va se corser.

Ils montent leur tente pour s’abriter, mais la neige qui dévale la pente menace constamment de les ensevelir. Les deux aventuriers se relaient toute la nuit pour éviter d’être enneigés vivants en utilisant leurs gamelles (leur pelle s’est détachée du sac lors de sa chute).

Ce n’est que le lendemain matin, lorsque les piles du téléphone sont presque à plat, que les ondes se rétablissent. Pendant que Geneviève explique sa situation au téléphone, Simon, à demi inconscient, regroupe ses forces pour lui souffler : « Anvil Rock ».

Depuis l’appel de la veille, une trentaine de sauveteurs se battaient contre les éléments pour tenter de retrouver les deux Québécois. Mais leurs recherches s’étaient concentrées plus loin que le camp Muir. C’est entouré d’un menaçant mur de neige de deux mètres érigé au cours de la nuit qu’une petite équipe de secouristes découvrent les aventuriers au fond du ravin.

« Heureusement que nous nous étions enregistrés », se félicite Geneviève Morand. « Sans le savoir, le monsieur qui nous a généreusement donné ses allumettes nous a sauvé la vie. Nous n’aurions sans doute pas pu survivre à une deuxième nuit comme celle-là », dit-elle. Est-ce que cette expérience a refroidi leur passion pour le plein air? « Difficile à dire », avoue Simon. « Je ne sais pas encore comment nous réagirons à nos prochaines sorties, mais, pour l’instant, on apprécie beaucoup le confort domestique! »

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