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  • Crédit: Louis Rousseau

Ascension et sauvetage épique en Himalaya

Son voyage au Pakistan devait culminer par la conquête du Gasherbrum 1. À la place, Louis Rousseau s'est retrouvé au sommet du Gasherbrum 2, après deux sauvetages. Avec son coéquipier Justin Dubé-Fahmy, ils deviennent les premiers Québécois à conquérir le G2. Récit d'un sommet épique.

Pour la saison estivale de 2011, Louis Rousseau avait le Gasherbrum 1 dans sa mire. La montagne fait partie des 14 plus hauts sommets du monde (à 8 080 mètres). Elle fut entre autres témoin de la première réussite de Québécois au-dessus de 8 000 mètres : Pierre Bergeron et Christian Bernier foulèrent son sommet le 29 août 1990. Ce n’est pas non plus la première montagne du genre pour l’alpiniste québécois : il devient tranquillement un vétéran des pics himalayens. Son curriculum compte notamment l'ascension du Nanga Parbat et du Broad Peak, en plus de deux tentatives sur le K2!

Bref, après plusieurs jours de siège sur la montagne, sept personnes de son équipe parviennent à rallier le sommet. Louis Rousseau, épuisé, rebrousse chemin à 100 mètres de son objectif. Il n'en garde aucun regret. L'alpiniste préfère une approche plus intuitive et dit écouter son corps s'il ne se sent pas parfaitement à l'aise : « Il faut que tu sois conscient des réserves que tu as. Si tu pousses sans cesse, que tu arrives au sommet, le temps change, et que tu es épuisé… L'important, c'est de revenir en vie! », précise-t-il.

Sans se décourager, Louis Rousseau change d'objectif et se joint à l'équipe de son bon ami Justin Dubé-Fahmy pour tenter de grimper le Gasherbrum 2, un sommet qui s'élève à 8 035 mètres. Pour lui, les deux Gasherbrum se ressemblent beaucoup. Deux montagnes où la difficulté technique est peu élevée, mais qui exigent beaucoup physiquement et mentalement. Le chemin entre le camp de base et le Camp 1 donne un bon aperçu du défi : le duo traverse à de nombreuses reprises un glacier bigarré de grosses crevasses et de ponts de neige instables, parfois à une inclinaison de 45 degrés, sous un soleil de plomb. « Quand c'est toi qui bûches pour équiper la voie, qu'il n'y a pas de sherpas, de porteurs, que tu es là pour une montagne, et que chaque pouce, c'est toi qui l'as tracé, c'est beaucoup plus difficile. », explique-t-il.

De son côté, Justin Dubé-Fahmy venait se faire les dents comme alpiniste sur le G2. Il avait de l'expérience sur plusieurs montagnes de 6 000 mètres, mais rien de plus élevé. Cette montagne allait être une introduction intense et une extraordinaire possibilité d'apprentissage pour le nouveau venu.

Sans oxygène d'appoint, le 22 juillet, avec 14 autres personnes, ils parviennent en haut du G2, une des montagnes les plus grimpées du Karakoram. Le duo réalise ce qui est probablement le premier « sommet québécois » de cette montagne. Ce pourrait également être une première canadienne : un autre grimpeur, Cory Richards, de nationalité canadienne, mais qui a grandi aux États-Unis, a conquis le sommet l'année dernière. Toutefois, il est difficile de savoir si son ascension est comptabilisée comme canadienne ou non. Devant un tel débat, Louis Rousseau et Justin Dubé-Fahmy haussent les épaules et disent ne pas trop se soucier de ce genre de détails.

 

Accidents de parcours
Le temps passé dans le Karakoram a été pour le moins mouvementé pour les deux Québécois. « Tout ce qui pouvait arriver est arrivé », résume Louis Rousseau. D'abord, le 4 juillet, ce fameux sauvetage très médiatisé d'un porteur pakistanais, qui souffrait du mal aigu des montagnes : « Sur le moment, tu fais seulement ce que tu voudrais qu'on fasse pour toi », dit Louis Rousseau. L'alpiniste québécois aurait bien aimé ne pas ébruiter l'affaire. Selon lui, ce sauvetage était tout naturel, et la situation n'était pas aussi dramatique que les informations relayées par les médias le laissaient croire.

Se tenant généralement loin des projecteurs, Louis Rousseau a choisi de s'adresser aux journalistes à son retour pour rectifier certains faits, et rétablir l'image de l'alpinisme. Ce qui est moins connu, c'est le deuxième sauvetage qui est survenu durant cette expédition : un autre alpiniste québécois souffrait du mal aigu des montagnes au Camp 3 du G2. À l'aide d'autres grimpeurs, Justin Dubé-Fahmy et Louis Rousseau lui ont porté assistance dans un sauvetage qu'ils qualifient de « sérieux ». Ils demeurent cependant vagues sur les détails : le rescapé a demandé à ce qu'ils ne parlent pas de l'affaire. Autre rappel du danger de la montagne pour les Québécois : le décès d'une grimpeuse iranienne, au sommet du G2. « Ça fait partie de la game… », dit Louis Rousseau. Pour lui, tous ces événements l'ont rassuré dans sa démarche prudente lors de ses ascensions. Rousseau parle de ses expéditions pour conquérir des sommets lointains comme des « vacances ». Raison pour laquelle il ne songe pas à une carrière professionnelle d'alpiniste. Voilà aussi pourquoi il n'a pas d'autres projets en tête pour le moment. Reste à voir ce que lui réservent ses prochaines « vacances »…

 

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