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  • Crédit: Roger Strong

De la grimpe traditionnelle au dry tooling: dix ans de révolution « mixte »

En associant la glace et la roche, les grimpeurs ont repoussé les limites techniques de leur discipline et ouvert la voie à l’escalade hivernale « mixte » et au dry tooling.

Au milieu des années 90, « la pratique en glace pure avait atteint un sommet de difficulté et il devenait difficile d'augmenter le niveau sans prendre de sérieux risques », se souvient Guy Lacelle, pionnier québécois de réputation internationale pour ses nombreuses ascensions en solo. À la recherche de lignes toujours plus raides et difficiles, certains grimpeurs s’attaquent alors à des parois que la glace et la neige ne recouvrent pas entièrement, grimpant ainsi en alternance sur la roche « nue », mais toujours avec leurs piolets… Cette évolution dans l’usage des outils est qualifiée de dry tooling, littéralement « outil sec »! Ainsi, « les jeunes mentalités ont transformé l’aspect un peu répétitif de la pratique en une approche beaucoup plus dynamique », souligne encore l’ancien glaciériste, aujourd’hui installé en Colombie-Britannique. Les crampons dans le vide, suspendu aux manches de ses piolets, l’Américain Jeff Lowe marque les esprits en 1996, quand il ouvre Octopussy (Vail, Colorado) et le premier grade M8[1] de l’histoire du « mixte »[2]!

Célébrer la glace

Les griffes des piolets et les crampons des bottes soutiennent les mouvements affûtés en escalade de rocher : pour le Québécois Jean-Philippe Villemaire, c’est le début de « la révolution mixte »! Issu de cette nouvelle vague de grimpeurs, il se souvient de l’émulation qui règne alors tous azimuts au sein de la petite communauté d’athlètes de l’extrême...

À l’époque, Pont-Rouge est le site naturel où « les défis techniques sont parmi les plus élevés au monde avec la possibilité d’ouvrir de nouvelles lignes aux deux mètres! » Le contexte est idéal et la volonté du milieu sans faille, pour créer le tout premier Festiglace du Québec. Passé de 300 à près de 5000 visiteurs en un week-end, ce rassemblement de grimpeurs de calibre international, apprécié et reconnu pour sa situation exceptionnelle, fêtera ses 10 ans d’existence en février. Pour Jean-Philippe Villemaire, longtemps responsable de la compétition lors de l’événement, « les témoins de cette révolution, comme le grimpeur Louis-Philippe Ménard, utilisent aujourd’hui les avantages techniques du mixte pour s’engager en altitude » sur des ascensions alpines. Car la juste maîtrise des piolets et des crampons en dry tooling est délicate et s’acquiert à force d’entraînement. Ainsi, un peu à l’image du bloc – bouldering – la pratique des outils « à sec » semble en passe de devenir une niche sportive à part entière depuis les débuts de l’année 2000. Le site de Saint-Alban (Portneuf) accueillera d’ailleurs pour la seconde année consécutive une compétition, le Challenge Millet, composée de voies mixtes, et d’autres exclusivement en roche…

 

Événements à ne pas manquer :

> Festiglace du Québec The North Face

Du vendredi 16 au dimanche 18 février à Pont-Rouge (Portneuf)

http://www.festiglace.com

> Challenge Millet 

Le samedi 27 janvier à Saint-Alban (Portneuf)

www.cmeq.net

L’escalade sur glace et mixte au Québec :

www.grimpesurglace.com

Informations techniques sur le dry tooling :

> www.ice-fall.com/rs/Les/educatifs/150.aspx

Pour se former :

> www.rocgyms.com/glace_alpinisme/mixte.php

> www.karavaniers.com



[1] M pour « mixte » et 8 pour niveau de difficulté, ce qui correspondait à l’époque à la cotation la plus élevée, qui est aujourd’hui de M12. Pour en savoir plus : www.grimporama.com/francais/technique/cotation.htm

[2] Qualificatif usuel pour les voies où se mêlent glace, neige et roche.

 

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