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  • Crédit: Richard Ferron

Transalpine-Run : deux Québécois ont vaincu les Alpes

Les deux Québécois Richard Ferron et David MacDonald étaient partis fin août confronter leur rêve des Alpes à la (dure) réalité physique de la Gore-Tex Transalpine-Run 2013, une course en sentier de huit jours, par étapes, du 31 août au 7 septembre, sur une distance totale de 260 kilomètres, à travers les montagnes d’Allemagne, d’Autriche, de Suisse et d’Italie. Sans objectif de places ou de temps, il n’avait pas d’autres ambitions que de gravir des montagnes et rallier l’arrivée. Après huit jours de montées et de descentes vertigineuses, ils ont franchi la ligne, fatigué mais heureux et en seul morceau. Entrevue avec l’un de ces deux « supers coureurs », Richard Ferron.

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Le carnet de route
de l'équipe "Coureur Nordique"
 

publié sur leur page Facebook

Crédit: Sportograf, Facebook

- J-1 :
« La course commence demain matin 11h00 AM, l’excitation se fait sentir, nous avons bien hâte! Il reste le fameux "pasta-party" dans quelques minutes, puis le dodo ! »

- Étape 1 :
34,60 km en 6 h 30, 2 083 m de montée, 1 469 m de descente.
« Belle journée, belles conditions, pas trop maganés. »

- Étape 2 :
24,70 km en 6 h 40, 1 899 m de montée, 2 040 m de descente.
« Supposément une petite journée, mais la pluie intermittente, le froid, la bouette et le sentier technique ont créé des bouchons et des ralentissements. Par contre, le paysage est "débile mental" !!! On a peur pour demain, une grosse journée, qu'on espère finir en 10 h... »

- Étape 3 :
38,40 km en 8 h, 2 975 m de montée, 2 431 m de descente.
« Ça a bien été, mais méchante étape de malade, on n'a jamais fait quelque chose d'aussi gros! On commence à être maganés et a sentir les kilomètres s'accumuler dans les jambes. Super belle journée malgré tout, très beau et frais. »

- Étape 4 :
37,10 km en 7 h 05, 2 015 m de montée, 2 698 m de descente.
« Journée 4 difficile, 7 h 05. Nous sommes "mourus" ! Grosse et longue journée chaude sous le soleil. Parcours plus ordinaire que les derniers jours. Bonne descente a la fin qui nous a rentré dans les jambes. Finalement, c'est long 8 jours ! » 

- Étape 5 :
« Time trial, le kilomètre vertical (distance de 6,3 km). Classement individuel et en équipe (le plus lent des deux). On a pris ça molo : Richard 1 h 06 et David 1 h 14. Et la descente (en téléphérique) a été très appréciée ! » 

- Étape 6 :
37,80 km en 6 h 20, 1 633 m de montée, 1 369 m de descente.
« Il faisait beau, le parcours était courable, la journée a super bien été malgré le fait qu'on avait tous les deux le gout d'abandonner ce matin en se levant. On commence à avoir pleins de petits bobos (rien de grave). On s'est dit qu'on va commencer et on verra, on lâchera si ça on ne se sent pas bien. Finalement on l'a fait. Encore deux grosses journées avant la fin... »

- Étape 7 :
42,60 km en 8 h 45, 2 381 m de montée, 1 934 m de descente.
« On y a été molo : David a mal au genou. On s'est dit : une station à la fois et finalement, on a terminé. Il a fait beau et la première partie du parcours, c'était un chemin asphalté qui traversait de beaux petits villages italiens. »

- Étape 8 :
39,80 km en 8 h 20, 1 897 m de montée, 3 106 m de descente.
« On a réussi !!!! (…) Ça a bien été, mais on a trouvé ça long. Par contre le paysage était magnifique. »

Sportograf, Facebook

Quel est votre sentiment quelques jours après avoir terminé cette course ?

On est évidemment très heureux. C’est une grosse satisfaction d’avoir réussi, d’être allé au bout, mais aussi d’être encore en santé. David a eu quelques petits bobos musculaires, notamment au niveau du genou et du tendon d’Achille. Moi, mon corps a bien tenu à ce niveau. Aujourd’hui, quelques jours après la course, je me sens bien. J’ai même recouru ce matin. Avec l’automne qui s’en vient, j’ai hâte de pouvoir courir sur les sentiers colorés et pleins de feuilles.

Était-ce plus dur que vous ne l’imaginiez ?

J’ai été surpris et content que mon corps réagisse aussi bien. Surpris de notre capacité de récupération. Même après des nuits par forcément très reposante, on arrivait à repartir le matin. Je M’attendais à avoir du mal à descendre ne serait-ce qu’un simple escalier. Mais non ! Le corps répondait présent. Même si les problèmes musculaires de David nous ont obligé à ralentir, cela a été un mal pour un bien car notre état physique a été meilleur lors des derniers jours. On n’a pas poussé trop la machine. Sinon, je pense qu’on l’aurait payé très cher. C’est toujours difficile de fixer ses limites entre le « dur à cuire » et le fou » se démoraliser et abandonner ou continuer coûte que coûte mais risquer des dommages physiques graves.

Sur quoi se joue le fait ou non d’arriver au bout de l’épreuve ?

La gestion de l’effort, c’est primordial, même si c’est parfois compliqué de se refreiner quand on a l’esprit compétitif. Il faut aussi vivre le moment présent et éviter de penser trop à l’avenir. On peut vite se décourager si on se met à compter les jours avant la fin, à regarder ce qu’il reste à courir, les dénivelés… Cela freine votre envie de continuer. Participer à la Transalpine-Run m’a appris à voir un grand respect pour ceux qui font des courses à étapes, peu importe le sport. Je pense notamment à David Veilleux qui a couru le Tour de France, pendant trois semaines. Moi, j’ai juste couru huit jours. C’est quelque chose d’inimaginable.

Crédit: Richard Ferron

Quels ont été les moments difficiles ?

Pendant la course, je n’ai pas eu de problèmes musculaires, contrairement à David qui a souffert de son genou. Mais durant les premiers jours, j’ai attrapé un genre de virus. La journée, tout allait bien. La nuit, J’avais de la fièvre, je grelotais, je me réveillais tout en sueur, je crachais du sang. Au quatrième jour, j’ai fait le point. Si cela se détériorait, j’arrêtais » je ne voulais pas finir sur un lit d’hôpital. Heureusement, la nuit suivante a été calme et tout est rentré dans l’ordre.

J’imagine que vous avez aussi pris du plaisir dans cette course.

Oui, évidemment. Le paysage était grandiose. Trois étapes ont été particulièrement belles. On avait le sourire jusqu’aux oreilles. On a aussi rencontré des personnes formidables : des Espagnols, des Allemands, des Néerlandais… L’ambiance était chaleureuse, dans véritable esprit de compétition entre les équipes, du moins pas à notre niveau. Le soir, on se retrouvait tous, pendant les séances de débrief des organisateurs. On pouvait voir les photos et les vidéos prises le jour même. C’était des moments forts. On prenait conscience de ce que l’on avait parcouru pendant la journée. Cela donnait de l’entrain pour repartir le lendemain.

Avez-vous envie de revenir l’année prochaine ?

Non, pas forcément. Cela demande à se plier à beaucoup de contraintes, surtout quand on est père de famille. Quand je fais une course, j’aime donner mon maximum. Et je ne suis pas sûr d’être totalement capable de le faire sur huit jours consécutifs. Cela ne procure le même plaisir qu’une course d’une seule journée. David m’a parlé d’une épreuve du même genre, mais avec moins de jours : la Transrockies Run, au Colorado, 120 miles (ndr : environ 190 km) sur six jours. Pourquoi pas ?

Crédit photos : Richard Ferron

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