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  • © Joel Lemay / Agence QMI

Joan Roch : de Key West à Forillon en courant sur le Sentier des Appalaches

Il n’y a jamais de défi trop grand pour l’ultramarathonien Joan Roch. Pas même une traversée continentale sur 8 000 km, de Key West à Forillon, à l’aube de ses 50 ans.

Le résident de Longueuil, qui s’est notamment fait connaître avec ses deux livres « Ultraordinaire » et sa traversée de Percé à Montréal, continue d’avoir fièrement la bougeotte.


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Ce serait beaucoup lui demander que de souligner la cinquantaine qui s’en vient en se berçant près du feu. Il amorcera plutôt un autre projet déjanté à compter du 26 février, de l’extrémité sud de la Floride jusqu’au bout de la Gaspésie. Une toute petite balade de cinq mois en rando-course rapide, mieux connue dans le milieu du plein air comme le fastpacking.

« C’est un âge charnière et où on peut être porté à commencer à se trouver vieux. Ça peut me tomber dessus à n’importe quel moment. Pour l’instant, j’ai la chance d’être en pleine forme, a affirmé le Français d’origine, en entrevue avec Le Journal de Montréal. Cinquante ans, c’est symbolique et ça fera peut-être réaliser à plusieurs personnes que si on se maintient bien en forme, il n’y a pas vraiment de limite. »

52 km par jour

Tout ce périple, qui passera majoritairement par le célèbre Sentier des Appalaches, ne sera pas géré dans un cadre rigide, mais Roch entend parcourir une moyenne de 52 km par jour, incluant quelques journées de pause nécessaires.

L’objectif est d’arriver à destination avant la fin juillet, pour souffler ses 50 bougies à la maison.


© Courtoisie Joan Roch

« Si j’arrive trop tôt en Gaspésie, certains sentiers seront encore bloqués par la neige. Si j’arrive trop tard, les sentiers seront fermés à partir du 21 septembre pour la chasse. J’ai une fenêtre de deux mois et demi où la Gaspésie est praticable. Je vais essayer de viser le milieu », a-t-il expliqué.

Rythme variable

S’il maintient bien le rythme moyen de 52 km par jour, l’aventurier estime qu’il pourrait arriver à bon port en cinq mois. Évidemment, des sections sur le plat viendront gonfler cette moyenne, tandis que les passages montagneux vont rééquilibrer vers le bas.

« Je n’ai rien prévu de précis parce que ce serait absurde. Je ne connais pas le terrain. Je n’ai fait que quelques dizaines de kilomètres sur l’ensemble du Sentier des Appalaches. Je ne sais pas dans quoi je m’embarque. Le plan est basé sur une poignée de randonneurs qui ont fait ce trajet dans les 25 dernières années », a-t-il réfléchi.

Des imprévus à prévoir!

Il faudra évidemment voyager léger. Dans son sac, Roch transportera le strict minimum. Une toile et une corde pour s’improviser un toit de fortune, un matelas de sol et un duvet, en plus du nécessaire pour se chausser.


© Joel Lemay / Agence QMI

Pour le reste, les ravitaillements seront trouvés au fil du parcours.

« Ce qui m’attire là-dedans, c’est l’énorme dose d’imprévu. Si je maîtrisais tout, ce serait drôle, mais ce serait triste en même temps. Là, je ne maîtrise rien, les chances de succès sont faibles et c’est ce qui rend la chose extrêmement intéressante. Attaquer un continent au complet, c’est un privilège. Je vais le vivre au maximum, même si à certains moments je vais en avoir marre. »

L’approbation de la famille... et de l’employeur

Si la course est la grande passion de Joan Roch, ce n’est pas toute sa vie. Entre une conjointe, des enfants et le travail, il y a toute une gymnastique à gérer dans le cadre de son grand projet.


Joan Roch et ses enfants, en 2020, après avoir parcouru 1100 km entre Percé et Montréal en 15 jours. © Joel Lemay / Agence QMI

Le chapeau d’ultramarathonien n’en est qu’un parmi d’autres. Marié depuis l’an dernier à la coureuse et autrice Anne Genest, avec quatre enfants entre 9 et 15 ans que le couple gère en garde partagée, le conseiller en informatique dans la vie de tous les jours ne part pas sur un coup de tête.

« Cette aventure est vraiment complexe à organiser avec la famille et le boulot. La tentation aurait été d’attendre une dizaine d’années, mais à la soixantaine, je ne suis pas certain que ce serait raisonnable de me lancer dans un truc de 8000 km », a-t-il lancé en rigolant.

Bénédiction salutaire

C’est avec la bénédiction de sa conjointe, ainsi que de la mère de ses enfants et de son employeur que la folie devient accessible.

« Quand Joan m’a partagé son idée, j’ai été extrêmement enthousiaste. Après, quand j’ai réalisé l’ampleur, je me suis dit : oh wow, c’est énorme, dans quoi on s’embarque ! En même temps, c’est à la base de notre couple d’avoir des projets », a réagi Anne Genest, qui l’accompagnera en Floride, où débutera le périple.


Joan Roch et sa conjointe, Anne Genest © Joel Lemay / Agence QMI

Pour sa part, son homme ne peut que se réjouir de pouvoir miser sur son appui inconditionnel.

« Sans elle, le projet n’avait aucune chance d’exister. Je me sors complètement de la vie quotidienne pendant cinq mois. D’une façon, c’est très égoïste parce que je dois m’arranger pour que les inquiétudes de cette vie quotidienne ne me dérangent pas. Si le quotidien m’inquiète, il y a de bonnes chances que ce soit ça qui me fasse abandonner », a-t-il fait valoir.
Un bon entraînement

Le volume d’entraînements pour se préparer à une telle expédition est bien sûr important. Joan Roch court tous les jours, entre 1 h et 1 h 30, en plus de réaliser des exercices de musculation.


© Page Facebook de Joan Roch

« Je m’entraîne beaucoup, mais je suis loin d’être un athlète olympique. Ce temps d’entraînement va me permettre de réaliser un projet d’ampleur. C’est un cadeau que je peux m’offrir en prenant soin de ma santé », a spécifié l’ultramarathonien.

Quant au parcours, malgré la douleur inévitable, le coureur s’attend à vivre de grandes émotions.

« J’ai hâte de voir le paysage se transformer. Ça va être une expérience très intime avec la faune et la flore. Je l’espère un peu plus avec la flore que la faune! » a conclu celui qui n’a rien d’ordinaire.


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