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Voici la meilleure façon de s’entrainer

Si vous aviez à déterminer la meilleure forme de conditionnement physique, quelle serait-elle? Voici quelques pistes de réflexion pour trancher cette question.

Disons-le d’emblée : aucun des intervenants que nous avons consultés pour ce dossier ne partage le même avis par sur cette question. Chacun y va de son point de vue fondé sur ses conceptions de l’entrainement. Mises bout à bout, les réponses recueillies s’entrechoquent, contrastent et, au final, forment une mosaïque colorée.

Pour Raphaël Gauthier, copropriétaire du centre de conditionnement physique Synergy Performance à Trois-Rivières, c’est le CrossFit qui décroche le titre : « C’est une forme d’entrainement qui permet de travailler l’ensemble des qualités physiques et d’ainsi acquérir une bonne forme physique générale. Celui qui s’y adonne devient bon dans tout, mais spécialiste dans rien », affirme-t-il Chose surprenante, il arrête son choix sur le parkour lorsque nous lui demandons quel serait son second meilleur choix.

Interrogé sur les capacités du CrossFit à solliciter toutes les qualités physiques possibles et inimaginables, Pierre-Mary Toussaint, kinésiologue et coauteur de la série de livres Mythes et réalités, exprime quelques doutes : « C’est une discipline qui est davantage axée sur la force que l’endurance, souligne-t-il. De plus, elle est très stéréotypée, ce qui fait qu’il est difficile de sortir de son cadre prédéfini. »

Tout en avouant que c’est une abstraction de l’esprit que de vouloir élire un grand gagnant en matière de conditionnement physique, Pierre-Mary Toussaint y va tout de même de quelques éléments de réponse : « Pour avoir travaillé avec plusieurs athlètes d’arts martiaux mixtes, dont George Saint-Pierre, je dois avouer que leur entrainement les amène à développer une belle polyvalence. En raison des exigences physiques de leur métier, les danseurs et danseuses se démarquent également à ce chapitre », admet-il.

Cette idée est partagée par Johanne Morin, coordonnatrice du conditionnement physique sur la base militaire de Valcartier. Celle qui met de l’avant une combinaison « cardio-muscu » incorporée dans un circuit d’entrainement varié soutient que « ce sont les gens qui travaillent sur les forces spéciales du Canada qui, règle générale, sont les plus en forme ».  

De son côté, François Lévesque, physiothérapeute et copropriétaire de la clinique Action Sport Physio de Sherbrooke, arrête son choix sur la course à pied. « C’est une activité facile à pratiquer, qui nécessite peu d’équipement et qui se case bien dans un horaire chargé, dit-il. Tant et aussi longtemps qu’elle est pratiquée progressivement, elle provoque peu de blessures et apporte beaucoup de bénéfices. »

Selon lui, la meilleure forme d’entrainement, c’est celle qui se transfère le mieux au quotidien, et ce, dans tous les sens du terme. « Si une activité nous permet d’être mieux armés pour la vie de tous les jours et qu’en plus, elle permet de nous sentir bien et pleins d’énergie, je pense que nous avons une formule gagnante », remarque-t-il.

Jean-François Brunelle, préparateur physique pour les Patriotes de l’UQTR, affirme quant à lui que l’entrainement par excellence, c’est celui qui satisfait véritablement les besoins de l’athlète. « Tu peux être en excellente condition physique, mais ne pas être plus performant parce que ton entrainement n’est pas assez spécifique à la tâche sportive que tu souhaites améliorer », note-t-il.

À ses yeux, c’est manquer de respect à l’athlète que de vouloir lui imposer un cadre contraignant en matière d’entrainement. « Je pourrais répondre à cette question en disant que le yoga est la solution, lance-t-il. Toutefois, je ne le fais pas, parce que je considère que l’athlète n’est pas une vulgaire machine. On ne peut le considérer comme une voiture à laquelle on change tout bonnement l’huile pour maximiser le rendement! »

De grands principes d’entrainement comme autant de balises

À défaut de pouvoir couronner un grand gagnant, il est possible de cerner certains éléments clés comme la nécessité d’être bien supervisé revient. « L’important, ce n’est pas tant l’activité, mais la manière dont elle est pratiquée, estime Pierre-Mary Toussaint. De là la nécessité d’avoir un entraineur qualifié et compétent qui nous supervise de près ».

« Il faut tenir compte des limitations et du niveau d’un pratiquant lorsqu’on lui prescrit une quelconque forme d’entrainement », poursuit Johanne Morin. Un avis qui est partagé par Raphaël Gauthier : « Si, par exemple, je sais qu’un individu a des problématiques d’épaules, il va falloir que j’en tienne compte dans les exercices que je lui suggère. »

Ce dernier va même jusqu’à proposer un ratio d’encadrement maximal d’un entraineur pour six participants. Au-delà de cette limite, juge-t-il, l’entraineur ne peut plus accomplir correctement sa tâche. « Dans un monde idéal, chaque participant aurait son propre entraineur », glisse-t-il au passage.

Pour François Lévesque, l’encadrement est indissociable du risque de blessures. « Règle générale, plus une activité est intense, plus les risques de se blesser sont élevés, analyse-t-il. C’est le rôle de l’entraineur de les éliminer, du moins en partie.

Jean-François Brunelle va même plus loin en affirmant que l’entraineur se doit d’agir comme un éducateur pour l’athlète dont il s’occupe. « C’est sa tâche d’amener son protégé à comprendre ce qui lui arrive lors de l’entrainement. Les entraineurs qui stimulent leurs athlètes sans les informer, je trouve que ça perd de son sens », considère-t-il

Le point sur lequel tous s’accordent, c’est l’importance de la motivation. C’est à cause d’elle qu’un individu poursuit ou abandonne un programme de conditionnement physique. Selon Pierre-Mary Toussaint, c’est par la variété que l’on maintient ses bonnes habitudes en matière d’activité physique : « Non seulement elle permet de travailler plusieurs aptitudes physiques à la fois, mais elle brise la monotonie et suscite l’engagement ». « Le côté social d’une activité n’est pas à négliger lorsque vient le temps de la sélectionner », résume sobrement Johanne Morin.

En ce qui le concerne, Jean-François Brunelle pense que ce sont les émotions induites par l’entrainement qui déterminent sa composante motivationnelle. « Si un athlète perçoit ce qu’il fait comme étant sur ou sous stimulant, il se sentira moins compétent et aura tout naturellement l’envie de se désengager, évalue-t-il. La clé du succès, c’est de le garder dans une zone où les défis stimulent son sentiment de compétence et son désir de dépassement ». C’est d’ailleurs ce qui le pousse à dire que, dans le fond, « la meilleure forme d’entrainement, c’est celle qui te convient! »

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