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Camille Leblanc-Bazinet : la star du Crossfit

La « femme la plus en forme de la planète » n'a aucune envie d'arrêter de faire du crossfit pour le moment, et songe à tenter sa chance en haltérophilie aux Olympiques de 2016. Et elle n’a pas l’intention de changer son mode de vie spartiate. Une chose est sûre : vous n'avez pas fini d'entendre parler de Camille Leblanc-Bazinet.

Le crossfit a une nouvelle reine : une Québécoise de 25 ans, qui étudie en génie chimique à l'Université de Sherbrooke. Le couronnement de Camille Leblanc-Bazinet s'est fait au terme des Reebok Crossfit Games cet été, où elle s'est hissée sur la première marche du podium pour devenir la « femme la plus en forme de la planète », selon le titre attribué par les organisateurs.

Le crossfit – pour ceux qui ne le savent pas encore – est une discipline qui combine plusieurs mouvements olympiques exécutés dans un certain laps de temps selon une séquence particulière. La discipline connaît un succès mondial depuis quelques années. Parmi les épreuves au programme : des overhead squats, 1 000 mètres de nage et grimper sur des cordes. « On dirait quasiment que ça ne s'est jamais passé », dit-elle en entrevue, près de deux mois après sa victoire. Clairement, Camille Leblanc-Bazinet puise dans une motivation sans fin. Au moment de terminer ses épreuves, la première chose qu'elle a dite à son entraineur de course, avec un mélange de protéines à la main, c'est qu'il fallait améliorer certains points.

Rien d'étonnant donc quand elle dit ne pas avoir eu le temps de savourer sa victoire, parce qu'il fallait terminer ses examens, mais surtout, qu’elle devait se remettre à l'entrainement. « Je suis déjà en train de me préparer pour l'an prochain. Je ne pense pas que tu peux rester sur ce nuage trop longtemps! », dit-elle, parce qu'elle sait que tous ses adversaires vont aussi redoubler d'ardeur.

Avant sa victoire, son nom était surtout connu par les adeptes du sport, davantage aux États-Unis qu'ici. Aux jeux mondiaux du crossfit, la Québécoise s'était classée en 9e position en 2010 à sa toute première participation, et en sixième position en 2012.

Crédit: CrossFit Games IncLa nouvelle championne du monde n'en fait d’ailleurs que depuis six ans : « J'avais pratiqué d'autres sports avant », explique la jeune femme. De la gymnastique dès son jeune âge, du soccer et du volleyball, notamment, mais le crossfit l'a tout de suite séduite. Après son premier entrainement, elle a vidé son compte en banque pour se payer un abonnement annuel au gymnase local. Et après seulement une année d'entrainement, elle participait aux championnats mondiaux.

Depuis, elle a incité plusieurs membres de sa famille – dont sa mère – à embarquer dans cette discipline. Camille Leblanc-Bazinet apprécie surtout le sens de communauté que crée son sport : « J'ai tellement de plaisir à m'entrainer avec les gens », affirme-t-elle, un sourire dans la voix. « Souffrir avec quelqu'un, je trouve ça le fun! »

Au moment de lui parler, elle était à San Diego, sa deuxième demeure. C'est là qu'elle s'entraine dès qu'elle le peut, quand ses semaines de congé d'école le lui permettent. De meilleures ressources s'y trouvent pour l'entrainement – sans compter la possibilité de nager dans l'océan ou de courir dehors l'hiver, pendant que le Québec est sous la neige. Elle reprendra ses cours universitaires en janvier. « L'école est quasiment un passe-temps. Je sais que c'est terrible à dire pour tous mes collègues de classe qui trouvent ça difficile. Ça l'est pour moi aussi! », laisse-t-elle échapper. En moyenne, la jeune femme fait deux entrainements quotidiennement, passe deux à quatre heures au gymnase, cinq jours par semaine, et jongle avec un horaire serré pour réussir à tout faire. Il n'y a aucune perte de temps dans son agenda : elle prépare la veille son menu de la journée à venir. Heureusement, elle apprécie cet horaire spartiate.

Elle serait la seule Canadienne à être une athlète crossfit à temps plein. Sa victoire de cet été lui a valu une bourse de 275 000 $ – une cagnotte dont elle se servira pour acheter une maison avec son mari – et s’assurer une stabilité financière. « Ce que les gens ne voient pas, c'est que nous voyageons beaucoup pour aller chercher de l'expertise avec des coachs qui sont souvent aux États-Unis », précise-t-elle.

À 135 livres, sur un cadre de 5'2’’, Camille compte parmi les compétitrices les plus légères, mais elle peut malgré tout soulever des poids impressionnants : jusqu’à 230 livres à l'épaulé-jeté et 310 livres au squat!

Pour s'améliorer en crossfit, elle a beaucoup travaillé sa technique et a bénéficié, entre autres, des conseils de l'entraineur olympien Mike Burgener. « Je me suis rendu compte que j'étais vraiment proche des résultats mondiaux en haltérophilie », dit-elle. Sans oublier qu'entre deux compétitions, elle est parvenue à se classer au sein de l'équipe canadienne d'haltérophilie. Une autre raison pour laquelle les Jeux olympiques de 2016 se sont ajoutés à ses objectifs. La jeune femme n'envisage cependant pas de continuer la compétition jusqu'à 40 ans : « Je vais faire du crossfit toute ma vie », mais la journée où elle cessera la compétition, famille et enfants passeront avant tout, dit-elle.

Crédit: Andrew NeugebauerLe nouveau visage du crossfit

Camille Leblanc-Bazinet est aussi devenue, par la force des choses, le nouveau visage de la discipline. Un statut dont elle se réjouit. Magazines, journaux et télévision se sont rués sur la nouvelle vedette. Elle a également été nommée parmi les cinq athlètes féminines les plus influentes du Canada.

« Je me souviens quand j'étais petite, il n'y avait pas vraiment de modèle féminin qui représentait quelque chose d'aussi fort, quelque chose qui représente des femmes indépendantes, qui sont capables d'être à un niveau d'égalité entre les sexes. Je trouve ça le fun de pouvoir représenter une nouvelle façon de voir les filles. J'espère pouvoir inspirer un maximum de gens en étant aussi authentique que je puisse. »

« Le but, ce n'est pas d'atteindre ses objectifs dans la vie en étant toute maigre », ajoute-t-elle. À force de côtoyer des athlètes aux physiques plus musclés, elle dit que sa vision de ce qu'est une belle femme a changé avec le temps. Elle partage désormais son quotidien sur les réseaux sociaux. D'un naturel réservé, l'athlète ne mettait pas beaucoup de contenu sur ses fils Twitter, Facebook et Instagram. Mais depuis peu – et surtout poussée par son agent –, elle y donne entre autres des trucs de nutrition ou d'entrainement, une autre façon pour elle d'inspirer les gens à se dépasser.

Toutefois, la discipline qu'elle représente est sous le feu de nombreuses critiques. Des entraineurs reprochent notamment au système de mal superviser les pratiquants, ce qui provoque des blessures, et des médecins ont soulevé les dangers de souffrir de rhabdomyolyse – connue sous le sobriquet de « rhabdo » chez les adeptes – une condition où les muscles squelettiques se dégradent et libèrent leur contenu dans le sang après un effort intense.

Camille Leblanc-Bazinet est bien au fait de ces critiques. « La seule chose que j'ai vue, avec ce sport-là, c'est que ç'a sauvé des millions de vies, en faisant bouger les gens. » Dans une société où l'obésité est devenue endémique, elle peine à comprendre ces accusations. « On éduque les gens sur quoi manger, comment faire les mouvements adéquatement, ce qu'on ne voit jamais dans les gyms habituels ». Quant aux problèmes de santé que peuvent provoquer les efforts intenses exigés au crossfit, elle estime que les cas de « rhabdo » les plus fréquents surviennent en course. Elle n'a eu connaissance que d'un seul cas dans toute sa carrière. Fidèle à elle-même, Camille Leblanc-Bazinet ne chôme toujours pas. Elle s'entraine en ce moment pour des épreuves en équipe, qui se tiendront sous peu. Et des vacances au Costa Rica sont prévues avec son mari, en novembre – période où elle voudrait ne plus être dérangée par les journalistes.

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@CamilleLbaz

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