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Débat : l’industrie forestière menace-t-elle les réserves fauniques?

Créées entre 1940 et 1975, les réserves fauniques ont rendu accessible des territoires d’exception, dont une ancienne forêt d’épinettes rouges à Portneuf et des loups de l’Est à Papineau-Labelle. À l’époque, une exploitation industrielle des forêts qui semblaient inépuisables allait de soi. Aujourd’hui, l’industrie forestière met-elle en péril nos réserves fauniques?

Créées entre 1940 et 1975, les réserves fauniques ont rendu accessible des territoires d’exception, dont une ancienne forêt d’épinettes rouges à Portneuf et des loups de l’Est à Papineau-Labelle. À l’époque, une exploitation industrielle des forêts qui semblaient inépuisables allait de soi. Aujourd’hui, l’industrie forestière met-elle en péril nos réserves fauniques?

OUI

Lors d’un sondage réalisé en 2007 auprès de 500 personnes par Nature Québec, 63 % des gens interrogés étaient convaincus que les réserves fauniques constituaient des aires protégées. Pourtant, les réserves fauniques ne bénéficient d’aucune mesure de protection autre que celles consenties pour le reste de la forêt publique. Ces territoires de conservation ne sont pas reconnus dans la Loi sur les forêts.

Dans le cadre des consultations sur les plans d’aménagement forestier, la Sépaq a défini toute une liste de destructions d’habitats associés à des coupes forestières abusives dans l’ensemble du réseau. Mais comme la Sépaq est un organisme paragouvernemental, elle n’est pas en mesure de faire du lobbying ou d’amener le débat sur le terrain médiatique.

Nature Québec a décidé d’agir pour donner un statut légal d’aire protégée aux réserves fauniques qui associerait conservation de la biodiversité et utilisation durable des ressources. Les forestiers devraient faire approuver leurs plans de coupe par les responsables de la conservation de la faune et de la biodiversité, en démontrant qu’ils assurent le maintien de la qualité des habitats fauniques.

Notre objectif n’est pas de sortir la coupe forestière des réserves fauniques, mais de « civiliser » la foresterie dans ces bijoux de territoires.

Il est triste de constater que les consensus du Sommet sur les réserves et les autres territoires fauniques n’ont pas été retenus dans le projet de révision du régime forestier. Et aucun mot sur ce problème n’apparaît dans le récent Livre vert. À notre époque, c’est incompréhensible.

- Louis Bélanger,responsable de la Commission Forêt de Nature Québec et professeur en aménagement intégré des forêts de l’Université de Laval

NON

L’industrie forestière a prélevé cette année entre 17 et 18 millions de mètres cubes de bois sur le territoire québécois, dont moins de 30 % proviennent des réserves fauniques. Un peu partout au Québec, il existe des ententes entre l’industrie, les pourvoyeurs, les zones d'exploitation contrôlées (ZEC) ou la Sépaq pour protéger l’aspect visuel de la forêt, au bénéfice des villégiateurs, pour des questions de sécurité dans les transports du bois ou encore pour la protection d’un habitat faunique.

Au Québec, c’est grâce à l’industrie forestière que nous avons des chemins qui permettent aux touristes, aux pêcheurs et aux chasseurs d’avoir accès aux territoires reculés. La cohabitation entre divers utilisateurs suppose qu’il y a des avantages et des inconvénients. Chacun doit y mettre du sien.

Le Sommet sur l’avenir de la forêt québécoise (décembre 2007) aura permis de dégager plusieurs consensus, notamment sur la gestion intégrée des ressources. J’espère toujours que le gouvernement intégrera ces consensus à sa politique de gestion du territoire et cessera de gouverner par perception, pour le faire par conviction.

En général, les industriels de la forêt respectent les règles du jeu et plusieurs vont même au-delà de ces obligations. Des progrès concrets ont été réalisés, mais il reste du travail à faire. La conservation de la faune représente un souci constant, et je souhaite que le monde de la faune reconnaisse que le prélèvement de la ressource forestière n’est pas incompatible avec la protection faunique. De nombreux exemples pourraient être donnés démontrant que plusieurs coupes forestières représentent un bienfait pour la faune.

- Guy Chevrette, Président-directeur général du Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ)

Le chiffre du débat : 63

C’est le pourcentage de Québécois qui pensent que réserves fauniques et parcs bénéficient des mêmes mesures de protection. Les parcs du Québec sont gérés selon les critères de l’Union mondiale pour la conservation de la nature (UICN), qui y interdit notamment l’exploitation industrielle des ressources naturelles. Pour leur part, malgré leur vocation de « conservation et mise en valeur de la faune au bénéfice des Québécois », les réserves fauniques qui représentent 10 % des forêts publiques sont administrées comme de simples territoires forestiers.

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