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  • Crédit: Bob Hilscher

Montréal + vélos = Un plan qui ne tient pas la route

Au Québec, plus du tiers de la population utilise le vélo à raison d’au moins une fois par semaine. À Montréal pourtant, les cyclistes naviguent encore au cœur d’une organisation urbaine qui laisse le plein pouvoir aux automobilistes. Dans la métropole, on compte près de 500 km de réseau cyclable. Mais si les vélos se multiplient, les infrastructures routières ne suivent pas la cadence.

 

Le chemin qui serpente le Mont-Royal est devenu, au fil des ans, un parcours culte pour les cyclistes montréalais. L’automne dernier, la direction des transports de Montréal a entamé des travaux de réaménagement sur ce chemin, dans le but d’y diminuer la circulation automobile et d’améliorer la cohabitation des divers usagers. Depuis ces travaux, le Chemin Remembrance est amputé de sa voie sud. Conséquence : pour circuler, les usagers doivent maintenant emprunter une voie unique bidirectionnelle. Pour les cyclistes amateurs de montées, c’est la catastrophe : ils sont désormais obligés de partager une chaussée trop étroite (pour ne pas dire dangereuse!) à double sens avec les autos et les autobus!

Diminuer la circulation automobile pour favoriser les modes de transports actif et collectif est louable, mais pas à n’importe quel prix. Actuellement, ni les transports actifs, ni les transports collectifs ne sont avantagés par ces changements et les cyclistes n’ont d’autre choix que de partager la chaussée resserrée.

Les responsables du projet disent pourtant qu’ils ont travaillé à harmoniser la cohabitation des divers usagers de la montagne. Pour y parvenir, ils ont ouvert la voie sud du Chemin Remembrance aux cyclistes : la zone leur est spécialement réservée en plus d’être destinée aux piétons et aux véhicules de services. Jusque-là, tout va bien, mais il s’agit de l’emprunter pour constater que celle-ci ne permet pas aux cyclistes de circuler librement d'est en ouest sur la montagne sans être obligés de descendre de leurs bécanes à mi-parcours! Aussi bien dire qu’ils sont forcés de partager la chaussée exiguë et dangereuse s’ils souhaitent s’y délier les jarrets.

Même incohérence du côté des transports en commun : les autobus se partagent aujourd’hui la voie rétrécie. Il y a bien entendu des arrêts du côté sud comme du côté nord, mais dans les deux cas, il n’y a aucune zone d’arrêt protégée. Les chauffeurs d’autobus doivent faire descendre leurs passagers en s’arrêtant en plein milieu de la chaussée, ce qui crée immédiatement une congestion puisque ni les autos, ni les vélos ne peuvent les dépasser. Ce n’est pas que la montagne soit une piste de course, mais ces nouvelles zones de congestion n’engendrent pas l’harmonie entre les différents moyens de transport. Le cycliste craint et l’automobiliste s’impatiente!

Dans ces circonstances, il est permis de mettre en doute les priorités des autorités. N’avait-on pas dit qu’un des enjeux de ce projet de réaménagement était de prioriser les piétons et les cyclistes et d’assurer leur sécurité? On cherche encore la logique du travail effectué! Il semblerait que ce ne soit qu’une étape d’un grand plan de réaménagement. Mais une chose est sûre : il n’y aura pas de nouveaux travaux dans les prochaines semaines. Ça, la Ville nous l’a confirmé. Alors, pour combien de temps les cyclistes seront-ils incommodés? L’an dernier, ce sont les chicanes du Circuit Gilles-Villeneuve qui créaient des émois dans la communauté cycliste montréalaise. Parions que cette année, c’est la montagne qui fera couler beaucoup d’encre.

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