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En raquette sur le mont Hog’s Back

Situé aux portes du parc national de la Gaspésie, le mont Hog’s Back impressionne par sa taille, par ses panoramas à 360 degrés et par ses fantômes et ses momies, au sommet. Compte-rendu d’une demi-journée de raquette scénique.


Ce jour-là, face au massif écrasant de sa masse la possibilité d’être apprivoisé, mon guide et moi nous demandons si nous irons plutôt rendre visite à Olivine, dans le parc national de la Gaspésie, plutôt que de grimper sur le dos du Hog’s Back, dans la réserve faunique des Chic-Chocs attenante.


© Gary Lawrence

« On annonce -18 degrés dans le parc, sans compter que le facteur vent risque de se pointer en altitude, et qu’il neigeotte déjà un peu; on se la joue mollo ou on se paie les hauteurs dans un éventuel fatras de poudrerie enragée, sans rien goûter de la splendeur obnubilée des lieux? », me dis-je à moi-même.

Je connaissais déjà le mont Olivine, que j’avais gravi rien qu’en bottes en plein hiver sur un sentier bien tapé, et je savais que les points de vue sur le mont Albert y étaient splendides, une fois au faîte. Alors chevaucher le dos du cochon me tentait bien plus, curieux que j’étais par l’attrait de la nouveauté, et tant pis pour les possibles doigts gelés et l’éventuel vent cinglant.


© Gary Lawrence

La première partie de cette rando en raquette s’effectue dans une belle forêt de conifères enrobés de neige, grâce à un sentier peu pentu. Au détour d’une épinette dodue, deux jeunes retraités de Chelsea surgissent bientôt, les joues roses et le sourire accroché sous leurs pommettes. « C’est superbe là-haut, nous étions les premiers en raquettes ce matin, pas une once de vent! ».

Crinqués à fond par l’appât du sommet aisément accessible et par ce rapport météo privilégié, nous repartons de plus belle et nous atteignons bientôt la limite vert foncée de la forêt, là où le cochon blanc dévoile son dos dénudé. À partir de là, la neige s’étend à perte de vue vers le sommet. Trois skieurs de montagne – ils sont nombreux à fréquenter les lieux – apparaissent bientôt dans un fracas de crissement de neige, avant de remettre leurs peaux d’ascension, malgré les conditions moyennes de début de saison, en cette mi-décembre – ce qui n’est plus le cas maintenant. À leur gauche, c’est l’accès Nord (1,4 km); à leur droite, celui qui mène vers le sommet sud (1 km).

 © Gary Lawrence

À mesure que nous progressons se profilent les éblouissants monts Vallières-de-Saint-Réal, ancien secret bien gardé dont les crêtes sont désormais honorées par les randonneurs et les skieurs de montagne. « Au printemps, c’est bien simple : on voit les gens marcher à la queue leu leu au sommet », assure le garde-parc Marc L’Italien. En contrebas, de vastes coupes à blanc trouent le couvert forestier de l’habitat des caribous; heureusement, on a imposé un moratoire sur l’exploitation forestière dans ce secteur, devant la menace qui pèse sur la poignée de ces cervidés – il n’en reste même pas 40 – qui peuplent encore la péninsule gaspésienne. Du même souffle, on demande aux skieurs de montagne d’éviter le Champ-de-Mars et le mont Blanche-Lamontagne, jusqu’à nouvel ordre, pour donner un peu de répit aux braves ruminants fulminant devant la raréfaction de leur population.


© Gary Lawrence

Après une montée panoramique d’une trentaine de minutes, le sommet du Hog’s Back dévoile l’étonnant décor qui le coiffe, invisible depuis la base : une microforêt de momies et de fantômes, semblables à ceux des monts Valins, mais située au cœur d’un cadre naturel encore plus grandiose. Exposés aux vents mais lovés au fond d’une mini-cuvette, les conifères s’empanachent de neige et se transforment en créatures fantasmagoriques, tantôt en berne, tantôt encarcanées dans leur gangue de glace.


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Tout en haut, les panoramas à 360 degrés sont époustouflants : on aperçoit la « face cachée » du mont Albert, le mont Olivine en contrebas, le mont Ernest-Laforce plus à l’est, puis le pic de l’Aigle, le sacro-saint mont Lyall – haut-lieu du ski hors-piste – et la route 299 qui fend le parc de la Gaspésie en deux… Entre le duo de sommets du Hog’s Back, le versant est dégringole jusqu’au fond de la vallée : c’est là que les skieurs hors-piste les plus aguerris dévalent ce mur de poudre blanche, quand il en est couvert. À vue de nez, l’inclinaison de la pente doit bien faire 45 degrés…

Au retour, nous longeons l’épaule du Cochon, secteur de ski hors-piste plus accessible. Mais aujourd’hui – c’était avant la grosse bordée du 22 décembre –, le couvert est croûté et quatre skieurs hésitent à s’élancer. « Ils font bien : s’ils tombent, ils risquent de déraper jusqu’à la ligne d’arbres », indique Marc L’Italien.


© Gary Lawrence

En fait, même nos raquettes bien dentées peinent à rester accrochées au couvert neigeux, tant sa surface est lisse et dure. « Mais ne t’inquiète pas : il finit toujours par neiger à profusion, dans la région, assure Marc L’Italien. Aux mont McGerrigle, je me rappelle avoir déjà installé des balises l’une par-dessus l’autre, à trois reprises durant l’hiver. Chacune d’elle mesurait 8 pieds; fais le calcul, pour voir… »

  • Longueur : 6 km (boucle)
  • Élévation : 810 m
  • Dénivelé : 433 m
  • Niveau : intermédiaire
  • Durée : 4 h

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Pratico-pratique


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Le mont Hog’s Back est situé dans la réserve faunique des Chic-Chocs, à la limite du parc national de la Gaspésie. L’accès est situé à quelques kilomètres du centre de découverte et de service et du Gîte du mont Albert, qui offre également la location de chalets.

Bon à savoir : la réserve faunique des Chic-Chocs et le parc national de la Gaspésie appliquent une gestion dynamique de son territoire dans le but de respecter les mesures de protection du caribou montagnard prévues par le gouvernement du Québec. Ainsi, l'accès à certains secteurs pourrait être restreint au cours de l'hiver 2022-2023. Consultez l'état d'ouverture des sentiers.

Si l’hébergement est complet, on peut se rabattre sur Sainte-Anne-des-Monts, à 30 minutes de route, où Hôtel & Cie offre des chambres confortables dans un environnement de type motel, avec p’tit déj’ goûteux livré à la chambre le matin et service de restauration (en temps normal).

Pour s’enfiler une bonne bière de microbrasserie dans un cadre sympa, presqu’au bord du Saint-Laurent, cap sur Le Malbord (lemalbord.com).


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