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  • © Barclay Fortin

Une fin de semaine de ski à La Tuque en train

Vous rêvez de prendre un train comme le faisaient jadis les skieurs qui sillonnaient les Laurentides? On a testé un plan pour vous : voyager avec VIA Rail pour aller passer un week-end des neiges dans une ville dont le nom est fait pour l’hiver : La Tuque.


« Ça y est, on est partis pour vrai! »

Voilà ce que je me dis quand le train qui m’emmène à La Tuque s’arrache enfin à l’île de Montréal en survolant la rivière des Prairies. On est vendredi. Il est 10 h du matin. Et on est à bord depuis 8 h 15!

Parti en retard de la Gare Centrale, mon train des neiges a fait un long détour par le sud-ouest et beaucoup de surplace avant d’échapper à la métropole. Mais peu importe : maintenant qu’on file à travers les champs, la magie opère. Le train siffle. Les arpents de neige défilent. Je suis transporté dans l’inconnu.

Le train nous fait voyager en coulisses. Il court la campagne, perce la forêt, fend les villages qu’il nous fait voir de l’intérieur. Mettons que Saint-Tite a l’air encore plus western vu du chemin de fer!

Le prix à payer, c’est la lenteur. Quand ça roule, ça roule. Mais quand on s’arrête…


© Via Rail

C’est surtout vrai à Hervey-Jonction, l’escale où notre convoi doit se diviser en deux. Une moitié est en route vers le Saguenay; l’autre va m’emmener à La Tuque avant de rallier Senneterre, en Abitibi.

À bord, Lucie, notre hôtesse du rail, entretient la bonne humeur en animant son wagon comme Chantale Lamarre le fait avec une émission de télé. Les yeux dans ma fenêtre, je regarde passer les minutes.

Quand on repart, mon train des neiges est réduit au minimum : une locomotive, un fourgon à bagages et un wagon bien rempli. Dehors, on est dans les conifères et les collines enneigées jusqu’aux oreilles.

Profiter de La Tuque sans auto

Quand on arrive à La Tuque vers 14 h, je zyeute l’une des attractions qui m’a donné l’idée de ce voyage de plein air par le chemin de fer : les pentes de la station de ski locale qui surplombent la ville, à un jet de pierre de la gare. Parfait pour un voyageur en train sur le point de devenir un voyageur à pied.

Je remarque qu’il y a un poste de taxis juste à côté de la gare. Mais la Villa Du Charme, mon gîte pour le week-end, se trouve à portée d’un marcheur qui trimballe son sac de voyage et sa gaine à skis.

L’après-midi est avancé quand je finis de m’installer. Mais ici on peut encore profiter de l’hiver à cette heure-là. La preuve : j’ai un «r endez-vous randonnée » avec Claude Philibert, le dynamique président du tout aussi dynamique Club des Trois Raquettes.

Au fil des années, ce club a tricoté au bord de La Tuque un très vaste réseau de sentiers accessibles en ville, à partir de la station de ski alpin.

En raquettes, je suis mon guide sur un sentier qui gravit la montagne de ski. Très vite, on perd de vue la civilisation. « C’est la particularité ici : même proche de la ville, on est plongé en forêt », explique Claude Philibert alors qu’on atteint notre modeste objectif de fin d’après-midi : le Camp Bleu.

C’est une jolie cabane en bois rond, parfaite pour casser la croûte. Mais mon guide me sert une autre gâterie : un belvédère naturel qu’on rallie juste à temps pour voir le soleil se coucher sur la ville, qu’on peut voir au pied de la montagne. Belle façon de me rappeler pourquoi je suis venu à La Tuque en train plutôt qu’en auto!

Du ski pour tous les goûts

Samedi matin, mes skis et moi sommes invités à une avant-première. Ça se passe à cinq minutes en auto du centre-ville, dans un secteur où le Club des Trois Raquettes travaille à convertir d’anciens chemins forestiers en sentiers de ski de fond hors-piste.

© Barclay Fortin

Je suis avec un groupe de skieurs locaux mené par M. Philibert. On monte dans un large chemin puis dans un joli sentier étroit. « Cet été, on va construire un relais au bout de ce sentier », m’explique Claude Philibert quand on dépasse une pile de matériel qui dort sous la neige.

L’ouverture officielle de ces sentiers de ski nordique est prévue pour l’hiver 2022-23. Et ça promet, si je me fie à cette virée qui nous a aussi menés à un superbe lac entouré de collines. Sur l’une d’elles, le club compte bientôt bâtir un autre refuge où on pourra passer la nuit. À suivre, donc.

Grâce à la proximité de tout ici, mon samedi de glisse comporte une deuxième escale : Ski La Tuque, la station de ski alpin qui fait carrément partie de la ville.

C’est doublement vrai puisque la montagne est exploitée par la municipalité. Résultat : à La Tuque, la glisse est abordable. Même les touristes ont droit à un deal dont le nom est inspiré de la route qui dessert la région : la Passe 155. C’est une journée de ski pour toute la famille (maximum quatre personnes) offerte à 55 $ à tous ceux qui habitent à plus de 100 km!

Modeste avec ses 166 mètres de dénivelé, la montagne m’en a quand même mis plein la vue et les skis. Et comme elle reste ouverte jusqu’à 20 h le samedi, j’y ai croqué ma plus belle image mentale du week-end : la ville qui brille dans la nuit, alors que je descends vers elle en pilotant mes planches.

Direction La Tuque Rouge

Mon problème du dimanche matin : le club de ski de fond La Tuque Rouge est un peu trop loin pour que je m’y rende à pied. Ma solution : tenter d’y aller en ski via une piste cyclable qui commence pas loin et qui va jusqu’au club.

Coup de chance, il neige fort sur La Tuque quand je me mets en route. Une courte marche plus tard, je glisse dans la poudreuse qui recouvre le fond durci de la piste cyclable.

Quand j’arrive au club, son président, Yves Greffard, peste un brin contre cette bordée qui a enseveli ses pistes. « C’était tellement beau hier! » lance-t-il à un autre bénévole qui s’en va damer les sentiers de vélo-neige qui côtoient les pistes de ski.

Ces pistes se déploient au bord du Saint-Maurice. Entre le plateau où se trouve le chalet d’accueil et la rivière, il y a une quarantaine de mètres de dénivelé qui ajoutent quelques bonnes côtes au réseau.

Fendant la nouvelle neige, mon guide m’emmène au bord de la rivière, puis au relais du club par de larges corridors « classique et skate ». La majorité des pistes du club sont dans ce style hybride permettant de skier en ornières ou d’exercer son pas de patin, mais il y a aussi quelques sentiers plus étroits réservés au classique.

Près du relais, la grosse dameuse du club nous dépasse en moulant des sillons parfaits et un impeccable couloir de pas de patin. Monsieur le président est ravi que « la visite » voie ses sentiers à leur meilleur.

Mais la vraie bonne nouvelle de la journée, c’est que l’horaire du train laisse aux voyageurs le temps de profiter de leur dimanche à La Tuque. Mon départ de la gare est prévu pour 14 h 53. « Mais t’es mieux d’appeler, on sait jamais avec le train », me dit Line, ma logeuse, pendant que je plie bagage.

Finalement, mon voyage de retour dure plus longtemps que prévu. J’ai donc amplement le temps de constater que, plus au sud, la bordée qui a blanchi La Tuque ce matin est tombée en pluie et en verglas.

Juste pour ça, ça valait la peine d’essayer ce train des neiges.


Bon à savoir

  • Le train

Départ de la Gare Centrale de Montréal à 8 h 15 le vendredi. Pour le retour, on reprend le train à La Tuque à 14 h 53 le dimanche.

  • Hébergement à La Tuque

On vous conseille La Villa Du Charme, où on trouve six chambres, une grande cuisine à partager et de beaux espaces communs.

  • Activités hivernales

Ski de fond au club La Tuque Rouge, raquettes sur les sentiers du Club des Trois Raquettes, ski et planche à neige à la station Ski La Tuque et fatbike sur les sentiers du club Mauricycle. Possibilité de louer un vélo à la boutique L’Atelier Roule-Vélo.

  • Après-ski

On vous recommande deux microbrasseries, La Pécheresse et Le Mouton Noir, ainsi que le bistro de la station de ski.

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