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  • Crédit: Mélissa Vaillancourt

Entre « chums » de filles!

Un voyage de pêche de filles? Tant qu’à y être, pourquoi ne pas apprendre le tir à l’arc et la conduite d’une chaloupe! Au diable l’orgueil féminin : on est là pour s’amuser!

Au passage d’une falaise abrupte, le train vient longer la rivière Batiscan puis replonge dans la forêt de conifères sombre et dense. Au loin, un grand héron s’envole. Dans notre compartiment, l’ambiance est joviale. Les monitrices ont apporté des jeux de groupe cocasses qui détendent l’atmosphère et permettent d’oublier le long trajet. On s’enfonce tranquillement dans les profondeurs de la Mauricie.

Nous descendons à un arrêt qui se résume à un poteau près d’un petit pont. « Par ici les filles! », nous indique la chef monitrice en nous guidant vers le bord de la rivière où un bateau nous attend. Aucun véhicule n’est admis à notre destination : les visiteurs doivent laisser leur voiture dans un stationnement à une dizaine de kilomètres et aviser la réception à l’avance de l’heure de leur arrivée.

La Seigneurie du Triton ressemble encore aux « Clubs House » privés d’il y a cent ans. Surplombant la rivière Batiscan et entouré de sapins et autres conifères, le pavillon principal au toit vert a été fondé en 1893 par un chef ingénieur ferroviaire anglais. Alexander Luder’s Light avait réussi à obtenir un bail avec le gouvernement du Québec qui lui conférait un droit d’accès privilégié à cet immense territoire de plus de 800 kilomètres carrés et quelque 150 lacs. Au milieu du siècle dernier, Luder’s Light a partagé sa passion pour la chasse et la pêche avec des familles fortunées, des politiciens, des hommes d’affaires illustres et d’autres amis distingués. Theodore Roosevelt, Wilfrid Laurier et même Winston Churchill goûtèrent au plaisir d’une pêche mémorable sur le lac Moïse.

C’est dans la salle principale, décorée de panaches d’orignal et d’ameublements antiques que les jeunes propriétaires (Nicolas et Annie) accueillent le joyeux groupe de femmes que nous formons. Le domaine comprend trois bâtiments pouvant accueillir jusqu’à 150 personnes, douze lacs, deux rivières et 20 km de sentiers pédestres répartis sur 50 km2. Notre séjour sera découpé en ateliers, activités dirigées et repas de groupe. Aucun répit à l’horaire!

Crédit: Mark Atkins, ShutterstockLa glace est brisée avec un 5 à 7 de bienvenue pendant lequel le chef cuisinier nous apprend la préparation du ceviche fait à partir de truites fraîchement pêchées. Avec un couteau bien aiguisé, on coupe le poisson en deux, on enlève délicatement la peau et les arêtes, puis on coupe le reste en petits cubes avant d’ajouter sel, citron et sauce Worcestershire. Alors que certaines restent sceptiques, j’ose la première bouchée et goûte à cette chair crue et rosée. Wow! Ça fond littéralement dans la bouche. On passe ensuite à table où le premier festin sera servi. Même dans le fin fond des bois, les aliments sont frais et savoureux. Chansons, contes et rigolades clôturent la journée autour d’un gros feu pétillant.

Tôt le lendemain, les ateliers commencent. Mon premier atelier sera la pêche à la mouche sur le lac Moïse. Moi qui rêvais de démystifier ce gracieux lancer! Plusieurs instruments peuvent être utilisés, mais pour l’heure, une petite mouche noire en plastique avec un fil de soie fera l’affaire. La technique est plus simple que je l’imaginais : il suffit d’élever sa ligne vers ciel et de donner un petit coup sec vers l’avant. Puis, avant que l’appât n’atteigne l’eau, on ramène la ligne vers le ciel et on recommence le mouvement. La corde s’allonge toujours un peu plus. Puis, le dernier mouvement plonge la mouche dans l’eau, loin devant soi. Étonnée par mes propres prouesses, je me promets de mettre en pratique cette petite leçon dans mes futurs voyages au Québec.

L’atelier suivant me fera découvrir mes inaptitudes pour la chasse à l’arc. Pas facile au début : la flèche passe carrément deux mètres au-dessus de la cible. Graduellement, j’ajuste ma posture, mon arc, ma mire, puis enfin, j’atteins la cible en plein dans le centre! Je crie ma gloire, mais mon exaltation n’aurait pas été aussi grande si j’avais réellement tué un gibier…

Après le dîner, deux autres ateliers sont prévus. Avec la monitrice et les trois autres filles de mon groupe, j’entreprends la conduite d’une chaloupe sur ce somptueux lac aux courbes rondes. Tout va pour le mieux jusqu’à ce qu’on me demande d’accoster le bateau au quai. « Euh… ah… hi… », je m’esclaffe : pas facile de manœuvrer avec autant de précision! « Vas-y, t’es capable! » me dit la sympathique monitrice… après mon troisième essai. Un peu plus et je demandais aux autres filles de ramer les quelques mètres qui nous séparent du quai! Mais mon ego l’emporte et je réussis à nous ramener sur la terre ferme. L’atelier du tir au fusil sera celui qui me plaira le moins, sans doute à cause du bruit et de la violence qui en découle.

Le dernier jour, on se lève à l’aurore pour voir le lever du soleil oscillant entre le bleu nuit et le rubis. À bord du rabaska, nous perçons doucement la brume qui recouvre la surface paisible de l’eau. Le soleil se lève derrière les collines, dissipant la brume et apportant une vive énergie.

Après le déjeuner, le groupe se disperse sur les quelques lacs environnants pour une petite séance de pêche à la truite. Trois par chaloupe, nous choisissons notre zone selon les bons conseils des préposés du club. Confortablement assises dans le bateau, on lance notre ligne à l’eau. La discussion s’installe, tranquillement et paisiblement. Catherine me raconte ce qui l’a incitée à vivre cette expérience. « C’est en voyant mon petit-fils s’amuser avec une canne à pêche que j’ai eu envie d’essayer ce séjour. C’était tout naturel pour lui d’être debout en plein milieu de la crique et de vivre en harmonie avec la nature. J’ai voulu vivre ça pour me rapprocher de lui. Et ça me rappelle aussi beaucoup mon père qui m’emmenait pêcher dans des endroits sauvages quand j’étais enfant ». Entre temps, trois petites truites mouchetées sont venues mordre à mon hameçon.

Info

1 888 523-2863 • fqf.qc.ca/faune.html

• Départ de Montréal avec Via Rail qui offre des wagons à bagages spécialement aménagés pour l’équipement de plein air (tels les vélos ou les canots).

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