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  • Crédit: Voilier Balthazar expédition Nord Ouest

Gaspé–Inuvik : l'Arctique canadien à la voile

Le 17 juin 2012, les navigateurs conférenciers Claire Roberge et Guy Lavoie ont mis les voiles, à bord du Balthazar, direction le Nord et l’Artique, pour un voyage de 4 000 miles nautiques (7 500 km) vers Inuvik. Guy Lavoie fait le bilan de ses trois mois de navigation, entre la froideur des icebergs et la chaleur des rencontres avec les populations Inuits.

Crédit: Google, Voilier Balthazar expédition Nord Ouest

Comment vous est venue l’envie de faire cette expédition ?

Naviguer en voilier, c’est avoir la liberté de choisir où bon aller, partout où il y a de l’eau. Quand nous avons fait le tour du monde à la voile en cinq ans avec nos deux enfants, nous avions gouté la chaleur des tropiques et des mers du Sud. Cette fois-ci, nous voulions découvrir le nord, rencontrer les gens qui y habitent, découvrir la culture des Inuits, comprendre comment ils continuent à vivre dans cet environnement extrême. Ici, au Québec, il y a beaucoup de préjugés. On voulait voir par nous-mêmes.

Crédit: Voilier Balthazar expédition Nord OuestQu’avez-vous appris sur ces peuples du Nord ?

D’abord qu’il y a une grande diversité de populations. Il est clair qu’il existe de nombreuses différences chez les Inuits. Au Groenland, le gouvernement danois a fait de bonnes choses car il leur a permis de garder leur culture. Ils parlent aussi bien la langue locale que le danois et l’anglais. Les jeunes ont facilement accès à l’éducation, avec l’envie de continuer jusqu’à l’université. Il existe ainsi un bon compromis entre le respect de la culture et la modernité, au sens occidental. Côté canadien, la situation est différente, on ne retrouve pas ces particularités. Les jeunes n’envisagent pas de poursuivre leurs études, car pour eux, cela serait se couper de leur culture. Je ne veux pas juger si c’est une bonne ou une mauvaise chose, mais j’ai le sentiment que les Groenlandais le vivent mieux. Il y a de l’espoir en eux.

Avant d’embarquer, vous disiez que l’un des défis de ce voyage serait de gérer promiscuité avec vos quatre compagnons.

Oui, cela s’est finalement bien passé au quotidien, même si j’avoue que c’est plus compliqué que de naviguer avec ses enfants. Nous étions une véritable équipe de travail, mais dans un bateau de 35 pieds, « Balthazar », on se marche vite les uns sur les autres. Le froid est aussi un facteur de stress. Il y a donc eu quelques petites frictions, des impatiences, mais rien de bien méchant.Crédit: Voilier Balthazar expédition Nord Ouest

Quels ont été les moments difficiles ?

Les problèmes ont surtout été d’ordre matériels. Après le départ, la radio amateur n’a plus fonctionné. Or, c’était capital pour se connecter et notamment s’informer sur la météo. Nous avions seulement les prévisions à 7 jours sur internet, à terre, mais dans le Nord, la météo est très changeante. Au bout de 3 jours, cela ne nous était plus d’aucune utilité. Nous avons eu aussi des soucis avec l’hélice du moteur et impossible de plonger dans l’eau pour éventuellement réparer.

À la lecture du carnet de route sur votre site internet, on voit que cela ne vous tout de même pas empêché de prendre du plaisir, notamment gastronomique!

Oui, ma conjointe s’est découvert une véritable passion pour la cuisine en mer. Du 5 étoiles à bord! Nous ne sommes pas des aventuriers, mais des plaisanciers. La notion de plaisir est importante. Et puis une bonne bouffe, c’est parfait pour évacuer le stress de la journée. Nous mangions l’équivalent de 4 000 calories par jour, mais nous n’avons pas grossi.

Crédit: Voilier Balthazar expédition Nord OuestL’un de vos équipiers, Yann Robiou du Pont, travaille comme doctorant sur la mer Arctique et le changement climatique. Avez-vous pu en observer les effets concrets ?

Les résidents ont pu nous montrer la fonte et le recul de leurs glaciers. Au Groenland, il y a davantage d’icebergs mais plus petits. Partout où nous sommes passés, nous avons recueilli des témoignages d’habitants qui nous expliquaient, par exemple, ne plus pouvoir pêcher ou chasser sur la banquise comme avant, ou s’alarmer de la diminution des ours blancs. Pour autant, les Inuits ne sont pas inquiets par l’ouverture de la voie maritime du Grand Nord. Le ravitaillement serait plus fréquent.

Quelle suite allez-vous donner à cette expédition ?

Avec Claire, nous sommes conférenciers dans le cadre des Grands Explorateurs. Ce nouveau voyage va nous servir à agrémenter nos conférences scolaires et corporatives, sur les notions de motivations, de dépassement de soi et de sortie de sa zone de confort. Nous avons aussi tourné un film sur la vie à bord du bateau et sur la vie des Inuits, particulièrement les jeunes. Enfin, Balthazar est présentement à Inuvik. Nous y retournerons à l’été prochain pour continuer le voyage, direction l’Alaska, toujours à la rencontre des Inuits et des populations locales.

Quelques images tournées pendant le voyage…

Encore plus sur voilierbalthazar.ca

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