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  • © Barclay Fortin

Ski nordique de refuge en refuge dans le parc national de la Gaspésie

Pour notre journaliste, l'idée de faire une randonnée de ski de refuge en refuge était à la fois attrayante et intimidante. Mais une virée au parc national de la Gaspésie lui a permis de tenter l’expérience une première fois... et de réaliser que ce ne serait sûrement pas la dernière.


« Un refuge, c’est un peu comme un camp militaire. Quand on arrive, il faut avoir de la discipline, faire les choses dans le bon ordre… pour ensuite savourer le repos du guerrier. »

Pour moi, toute cette expérience est tombée en place quand mon compagnon de randonnée m’a lancé cette comparaison comme il venait de jeter une bûche dans notre poêle à bois. C’est là que l’étincelle s’est produite et que j’ai commencé à m’enflammer pour le ski de refuge en refuge (hut to hut, en anglais).

Ces temps-ci, le parc national de la Gaspésie fait surtout parler de lui parce qu’il est devenu une mecque du ski hors-piste… mais ça ne l’empêche pas de demeurer une destination de choix pour faire de la randonnée à skis ou en raquettes. D’ailleurs, ces randonneurs forment toujours 85 % de sa clientèle d’hiver.

On va au parc pour la neige et les montagnes, bien sûr, mais aussi parce que son vaste réseau de sentiers est parsemé de nombreux refuges bien équipés. Bref, difficile de trouver meilleure endroit pour vivre une première expérience de ski de refuge en refuge.

J’avais mes réserves. D’ordinaire, pour moi, l’après-ski commence toujours par une douche chaude. Alors l’idée d’aller coucher dans le bois sur des planches m’a toujours parue suspecte.

© Barclay Fortin

Pour secouer mon scepticisme, on m’a proposé un itinéraire de calibre intermédiaire. Au menu : 35 kilomètres de ski répartis sur trois jours… et deux nuits dans deux refuges où la douche, la toilette qui flushe, l’électricité et même le signal cellulaire ne font pas partie de la vie.

Jour 1 : la nuit, le doute

Le premier jour, mon guide et moi avons chaussé nos skis vers 14 h. Mettons que c’est tard pour se lancer dans un 10 kilomètres où on doit grimper environ 600 mètres!

Partis près de la route 299 et de la rivière Sainte-Anne, nous avons passé cette première étape à gagner de l’altitude sur les flancs du mont du Midi. Heureusement, ça allait vite puisque nous skiions dans la trace de la motoneige partie porter nos bagages au refuge La Paruline. Ça fait partie de la réalité du ski nordique, dans le parc de la Gaspésie : sur certains trajets, on skie sur de larges chemins qui sont aussi empruntés par les motoneiges du parc.

Le soleil disparaît vite, dans les Chic-Chocs. Nous avons donc complété cette première étape à la lampe frontale. À mesure que nous montions, le mercure descendait. Frigorifié, je n’en menais pas large quand nous avons rallié notre refuge dans la grosse noirceur… vers 17 h 30!

J’ai alors découvert un bon côté du service de transport de bagages : en plus de livrer nos affaires, notre motoneigiste avait allumé le poêle à bois du refuge. Une bénédiction quand on arrive transi à destination.

N’empêche, je me demandais un peu ce que je faisais là, les deux pieds sous le poêle, quand mon compagnon m’a lancé l’analogie militaire que j’ai évoquée plus tôt. J’ai soudain compris que j’étais « en mission » et que c’était le principal attrait de cette aventure. Comme un soldat ou un athlète olympique, j’avais le luxe d’entrer dans une bulle, de me concentrer sur les gestes que je devais poser : faire fondre de la neige pour avoir de l’eau, sécher mes bottes, préparer mon lit, etc.

Nous avons bourré le poêle et passé une nuit confortable dans ce refuge bien isolé. Même que j’ai dormi en bobettes dans mon sac de couchage.

© Barclay Fortin

Jour 2 : le spectacle

Le lendemain matin, après une bonne dose de café et un bol de gruau, j’ai oublié l’absence de douche en me concentrant sur un objectif : reprendre le départ parfaitement au sec dans mes vêtements et mes bottes.

Mon zèle a été récompensé. J’ai fait une journée de ski mémorable sur le sentier Les Chablis, qui relie le refuge La Paruline au lac Cascapédia. Cette section de l’itinéraire est un vrai sentier sinueux où on monte et descend pendant 15 kilomètres. Les motoneiges ne circulent pas dans ce secteur, mais nous profitions du passage de raquetteurs qui avaient juste assez tapé la piste pour faciliter notre avancée.

En plein au bon moment, alors que nous étions au point le plus élevé de notre trajet, le soleil est sorti des nuages et nous avons eu droit à tout un spectacle hivernal.

À 900 mètres d’altitude, nos regards portaient loin. Les arbres momifiés par la neige brillaient dans la lumière et le froid. La magie des Chic-Chocs opérait à fond.

Cette fois, c’est la fatigue qui m’a frappé en fin de journée. Il nous a fallu cinq heures d’efforts pour franchir 15 kilomètres et rallier le refuge Le Pluvier, au bord du lac Cascapédia. J’étais fourbu quand nous sommes arrivés à destination… alors j'ai consacré toute ma soirée au repos et à la nourriture!

« En refuge, on mange beaucoup », m’a dit mon guide ce soir-là. Et la bonne nouvelle c’est qu’on peut se le permettre avec toute l’énergie qu’on dépense à skier!

Par la suite, j’ai bien dormi. Je savais que le pire était passé et qu’il ne me restait qu’à redescendre vers la civilisation.

©Barclay Fortin

Jour 3 : sortir du bois

Comme le premier, ce troisième jour s’est passée sur un « sentier » suivant une route carrossable. Le programme : un 10 km commençant par une longue montée en pente douce et se terminant avec plus de 500 mètres de dénivelé à dévaler.

Cette longue descente m’avait inspiré des attentes. J’espérais trouver des pentes assez fortes pour gagner de la vitesse et faire des virages télémark. Le terrain en a décidé autrement. Ça descendait graduellement et il n’y avait rien d’autre à faire que se laisser glisser vers la civilisation. Celle-ci a commencé à nous rattraper quand nous avons croisé un ilôt de couverture cellulaire quelque part en montagne.

Une petite heure plus tard, nous étions au gîte du Mont-Albert... où j’ai pu enfin prendre ma douche d’après-ski.


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Classe de neige


© Sépaq

L'école école de montagne du parc national de la Gaspésie n’est pas seulement un nouvel espace convivial aménagé dans l’ancien bistro du centre de découverte et de service du parc, où on peut côtoyer d’autres visiteurs et échanger de l’information. C’est aussi un« guichet unique » où on se pointe pour louer du matériel, réserver une excursion guidée et s’informer sur les risques d’avalanches.

L’école de montagne offre notamment trois forfaits s’adressant à ceux qui veulent découvrir les sommets du parc avec l’aide des guides de montagnes de Ski Chic-Chocs : une excursion guidée de raquette alpine (109 $) et une sortie d’initiation au ski de haute-route (149 $).


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