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  • Bière d'après-ski - Shutterstock

Bière + plein air : Un couple (presque) parfait

Il y en a pour qui le plaisir de la randonnée, de la course de vélo ou de l’escalade tient autant à la performance réalisée, aux paysages visités… qu’à la bière dégustée au sommet de la montagne ou au stationnement. Ne le nions pas : la pratique est répandue et que celui qui ne l’a jamais fait nous jette la première pierre. Nous avons décidé de plonger au cœur des recherches scientifiques dans ce domaine pour déterminer si le trio bière, sport et plein air faisait bon ménage.

L’habitude de lever le coude après le sport semble avoir tous les avantages : la bière accélérerait la récupération en permettant une réhydratation efficace et rapide, en plus de fournir quantité de sels minéraux et de vitamines dont le corps a bien besoin après un effort physique. On raconte qu’Emil Zatopek, le célèbre coureur de fond tchèque qui remporta trois médailles d’or aux Jeux olympiques de 1952 à Helsinki, avait coutume de boire de la bière pendant ses compétitions pour récupérer rapidement. Angelo Tremblay, spécialiste en nutrition et physiologie de l’activité physique et professeur à l’Université Laval, confirme : « Il y a plusieurs anecdotes autour de cette idée », remarque le spécialiste. « Il y a également le cas de John Walker, champion du 1 500 mètres en 1976 aux Jeux olympiques de Montréal et qui – apparemment - consommait un six pack chaque jour !». Alors, qu’en pensez-vous ? Est-ce un mythe populaire ?

Idée n°1 : La bière réhydrate

La première conséquence d’une longue course ou de l’ascension d’une paroi rocheuse, c’est de provoquer une perte d’eau corporelle dont l’importance dépend de l’intensité de l’effort, de sa durée et de la température extérieure. Un athlète peut perdre jusqu’à 10% de son poids lors d’un effort prolongé, soit jusqu’à trois litres d’eau par heure pour un marathonien lancé un jour où le thermomètre affiche 28°C. Pour récupérer, il faut se réhydrater rapidement pour permettre au corps de retrouver son équilibre hydrique interne. Or, l’alcool contenu dans la bière (et dans les boissons plus fortes) agit comme un puissant diurétique : c'est-à-dire qu’il augmente l’élimination de l’eau par l’organisme. Du coup, certains spécialistes considèrent que Zatopec se trompait sur les capacités régénératrices et réhydratantes de la bière, et qu’il ne devait y trouver qu’une satisfaction psychologique. D’autres, en revanche, modèrent ce point de vue théorique. Ainsi, Angelo Tremblay affirme que dans le cas précis de la bière qui contient relativement peu d’alcool, « il n’est pas certain que l’effet diurétique soit dominant dans un organisme déshydraté ». On reste donc partagé…

Idée n°2 : la bière contient des minéraux qui favorisent la récupération et l’élimination des toxines

Si la bière contient effectivement des antioxydants, de la vitamine B6 et A, et quelques minéraux comme le zinc ou le calcium, ce ne sont pas de ces oligoéléments dont le corps a besoin après un effort. C’est avant tout le sodium (qui permet de retenir l’eau) qui est indispensable. Or, la bière n’en contient pratiquement pas. Selon Angelo Tremblay, l’idéal, c’est de consommer des boissons qui ont fait l’objet de recherches et qui permettent de rétablir l’équilibre osmotique de l’organisme. De plus, sachez qu’une déshydratation, même faible, entraîne une mauvaise évacuation des toxines – de l’acide lactique en particulier, première cause des crampes et de tendinites. Ce n’est donc qu’après une vraie réhydratation que les effets diurétiques de la bière pourront être mis à profit pour évacuer les toxines restantes.

Idée n°3 : la bière permet de refaire le plein d’énergie

Après l’effort, l’organisme a besoin de reconstituer son stock d’énergie, notamment dans les muscles où l’énergie est stockée sous forme de glycogène. Il lui faut donc du carburant alimentaire, autrement dit des glucides et des protéines. On a coutume de dire que la bière contient des glucides et que l’alcool est une source d’énergie. On pourrait donc penser que la bière constitue la solution idéale pour refaire le plein. « C’est une affirmation douteuse », dit le professeur Tremblay. « L’énergie contenue dans l’alcool ne sert pas à la restauration du glycogène ». Cette énergie est plutôt transformée en chaleur, alors qu’après l’effort il faut au contraire faire baisser la température corporelle! De plus, la part de cette énergie qui n’est pas éliminée est stockée sous forme de graisses. Sachez à ce titre qu’une bière régulière apporte environ 150 calories, ce qui signifie que six bières (par grande soif, c’est un niveau plausible!) en apportent 900, soit près de la moitié d’une ration calorique journalière d’un homme en activité très modérée.

Idée n°4 : la bière favorise la digestion et un sommeil réparateur

C’est le dernier bastion des « prohoublons ». Question digestion, la chose est entendue : comme il s’agit d’une boisson remplie de gaz, la bière ralentit le processus de digestion, ce qui nuit fortement aux performances sportives si elle est ingérée avant. De plus, si elle est trop froide (pensez aux belles montagnes bleues de la Coors!), l’estomac ne va pas la laisser passer tout de suite, d’où le risque de troubles digestifs. L’idéal est une température de 13 à 15°C (non, pas tablette, légèrement fraîche). Question sommeil, certains sportifs pensent qu’avaler une bière la veille d’une compétition améliore la qualité de leur repos. Malheureusement, il est impossible de trouver une seule étude scientifique sérieuse qui le prouve pour l’instant. Il est plutôt reconnu de façon générale que l’alcool diminue l’efficacité du sommeil. Ce qui ne veut pas dire que la bière ne facilite pas l’endormissement. Le professeur Tremblay lui reconnaît d’ailleurs un pouvoir « relaxant et sédatif à court terme.»

Effet placébo

Selon le professeur Angelo Tremblay, il n’est pas sot de penser que « l’effet de la bière sur les capacités de récupération aurait un effet placébo ». Le coureur Emil Zatopec n’aurait donc trouvé dans la bière qu’un simple réconfort et non une potion magique. C’est assez logique quand on y pense : si la bière était une boisson véritablement calibrée pour le sport, il y en aurait des camions pleins au Tour de France!

Si vous souhaitez vous faire plaisir, voici les recommandations minimales :

• Réhydratez-vous significativement (trois litres d’eau en cas d’effort long et intensif) avant toute consommation d’alcool et gardez la bière pour après ;
• Limitez-vous à un verre ;
• N’oubliez pas que tous les grignotages qui accompagnent la boisson (biscuits apéritifs, cacahuètes) apportent aussi des quantités considérables de calories. Il serait bien dommage de perdre en quelques secondes tous les effets bénéfiques du sport sur votre ligne!

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